Accueil DEMAGOCRATIE Réforme, grève, terrorisme, finance et politique …

Réforme, grève, terrorisme, finance et politique …

C’est le cocktail détonnant du moment, alors que le texte est passé « en force » à l’Assemblée sous la pression de son président Bernard Accoyer, qu’il file à présent bon train vers le Sénat, et qu’une nouvelle journée de grève et de manifestation s’y opposant est annoncée dans un contexte de plan vigipirate.

Forte d’une mobilisation importante le 7 septembre dernier, l’intersyndicale (CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FSU, UNSA) appelle à de nouvelles grèves et manifestations toute la journée du jeudi 23 septembre 2010, le gouvernement ayant fait la sourde oreille aux revendications présentées jusqu’à présent, considérant les réunions avec les partenaires sociaux comme de simples sessions d’explication et de communication autour de la réforme.

Chacun relèvera par ailleurs le caractère à la fois inquiétant et opportun d’un passage tout récent du dispositif de sécurité français à son avant-dernier niveau (rouge) la semaine même où cette grande journée d’action va avoir lieu. Les grévistes sont-ils donc invités à se manifester depuis leur domicile ? Si oui, le Ministre de l’Intérieur est-il seulement encore crédible à leurs yeux ? Après des débordements estivaux inappropriés au haut-fonctionnariat, notamment autour de l’affaire Woerth et/ou des roms, la question a toute sa raison d’être.

Mais que les turpitudes d’Areva au Niger puissent ou non entraîner une action terroriste d’Aqmi ce jeudi en France, la journée d’action aura lieu car le mécontentement à l’encontre de cette réforme est réel, et le gouvernement n’est à l’écoute que sur le papier. La tentative socialiste ratée d’infléchir le vote ne trompera donc personne : même le président du Sénat, Gérard Larcher, pourtant UMP, souhaite revenir sur plusieurs manquements comme par exemple la pénibilité, en faveur des femmes.

Celles-ci sont en effet doublement touchées par la réforme en raison de salaires inférieurs à compétence égale avec les hommes, et des périodes de maternité qui repoussent d’autant plus tard leur accès au taux plein. Gageons que la dernière étape de la validation de cette réforme, le mois prochain au Sénat, laisse encore une petite chance de corriger le tir.

Dans cet esprit, un certain nombre d’autres déséquilibres de la dite « réforme juste » sont ainsi pointés du doigt jusque dans le camp de la majorité. L’un des plus centraux restant le financement du régime par répartition dont est totalement exemptée la sphère financière qui le concurrence pourtant durement par le biais des fonds de pension privés, créant un accès inégalitaire et instable en matière de retraites à l’heure même où Nicolas Sarkozy fait de grandes déclarations onusiennes pour taxer les transactions mondiales.

Parler ainsi d’une hypothétique solidarité de la finance visant à soutenir les objectifs du millénaire pour le développement, aider l’Afrique, participer à la lutte contre le Sida est une chose entièrement louable … mais mener une action concrète en montrant, par exemple, la voie solidaire dans le pays que l’on préside en est apparemment une autre.

Ceci dit, notre ancien Ministre de l’Intérieur nous a habitué à ces écarts déconcertants : on a vu par exemple comme il traitait peu diplomatiquement certains pays voisins (Luxembourg, Suisse) tout en déclarant devant l’ONU vouloir aller vers une clarification progressive des paradis fiscaux. Ce gouvernement est-il encore à une contradiction près ?

Sources :
http://www.lepoint.fr/economie/reforme-des-retraites-le-senat-pourrait-agir-sur-la-penibilite-ou-les-femmes-16-09-2010-1237098_28.php
http://www.leparisien.fr/international/onu-sarkozy-veut-taxer-les-transactions-financieres-20-09-2010-1076147.php
http://www.ladepeche.fr/article/2010/09/21/910797-Attentats-la-France-est-menacee.html