Françafrique (1/2) – les racines
Sujet au contexte (historique, politique, stratégique, industriel …) complexe, la Françafrique perdure jusqu’à nos jours avec des méthodes et des figures certes différentes, mais toujours la même trame néo-coloniale et évidemment pour but primaire et final les intérêts de la métropole avant toute autre considération. Nous nous intéresserons dans ce premier volet aux fondements posés durant les années gaullistes, qui ont initié des rouages n’ayant cessé de tourner ensuite – quelquesoient les gouvernements et services successifs. Nous tenterons d’allier à chaque partie de cette analyse, forcément systémique et synthétique, une ou plusieurs personnalités (françaises et/ou africaines) notoires ainsi que leurs effets précis participants de l’histoire africaine moderne.
Bases historiques africaines
Pour commencer, il faut d’emblée mettre à bas certains clichés d’un continent qui serait depuis toujours sous-développé et sans culture, condamné à la sauvagerie naturelle sans l’apport d’un civilisateur extérieur ; qui serait source d’une main-d’œuvre à peine bonne à être exploitée jusqu’à la mort dès le 15ème siècle (à l’encontre du « Sublimis Deus » de Paul III) par les négriers du commerce triangulaire anglais, ibérique ou français via les grandes villes portuaires d’Europe et des Amériques ; qui serait peuplée de sous-hommes dont les manières ou encore la taille du crâne démontrerait l’infériorité par rapport à l’homme blanc présenté comme supérieur (selon divers théoriciens ouvertement racialistes, tel Gobineau vers 1835) ; bref, qui ne serait « pas assez entré dans l’Histoire » comme l’affirmait tout récemment encore la plume de Gaino par la bouche de Sarkozy lors du déplorable discours de Dakar en juillet 2007.
Or l’Afrique est (contrairement à l’image qu’on lui fait dans le monde occidental depuis plusieurs siècles) une région riche en ressources et fertile en agriculture comme en artisanat ; à l’origine de l’humanité et à la croisée des mondes, la variété de langues, d’ethnies, d’arts et de cultures qu’elle représente n’a pas d’équivalent. Autour de l’an 1000, elle présente même une société très développée sur les 3 échelons économiques (global, local et personnel) : elle échange avec l’Asie par la route de la soie, pratique un commerce local entre ses principales puissances locales (Egypte, Mali, Ghana, etc) et fournit à ses habitants tout le nécessaire pour vivre correctement.
Que s’est-il donc passé depuis cette période antique glorieuse ?
D’abord, les puissances maritimes occidentales (et notamment le Portugal) vont de concert lui confisquer petit à petit tout accès au commerce mondial ; puis l’esclavage et la colonisation (principalement des puissances d’Europe) vont détruire ses échanges locaux qui permettaient d’assurer une certaine souveraineté continentale ; il ne va donc rester aux africains qu’une subsistance de niveau individuel : les métiers de première nécessité (agriculture nourricière et artisanat simple).
Dans la période moderne, l’objectif permanent des colonisateurs (désormais dotés d’avance technologique et industrielle) et, par continuité, de la françafrique qu’on va étudier ici va donc être de s’arroger les niveaux supérieurs du commerce et de maintenir par conséquent les populations africaines dans une survie précaire, hors de tout développement émancipateur.
Le colonialisme français
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on ne peut que rappeller que la France a été -et demeure indirectement- un vaste empire colonial avec mainmise par des procédés variés (colonies, protectorats, mandats, invasions, industries, comptoirs, raids, etc) sur des territoires très divers : maghreb et Afrique noire, diverses îles (malgaches, pacifiques, antillaises), Asie (telle l’Indochine jusqu’à la récente guerre) et même Inde, Australie et Amérique (Guyane, Canada, Louisianne, etc) !
Il faudra d’abord la guerre de Sept Ans (opposant notamment la France et l’Angleterre) pour voir l’espace du premier empire considérablement réduit par le traité de Paris signé en 1763 à Fontainebleau par le duc de Praslin ainsi que par l’indépendance d’Haïti (1804). Les velléités d’expansion napoléoniennes n’y changeront pas grand-chose puisque, à l’exception des actuels DOM-TOM, il y aura une vague d’indépendances au milieu du 20ème siècle notamment stimulée par la défaite en 39 (qui a détruit l’image de puissance de la France) dont : Cambodge, Laos et Viêt Nam (1954 suite à la guerre d’Indochine), puis Maroc et Tunisie (1956) ou Guinée (1958) après des conflits sociaux importants – tels celui de Madagascar en 47/78 où la répression de l’armée française fait au moins 70 000 morts. Enfin, peu après la Loi-cadre Defferre, l’année 1960 va voir défiler une « décolonisation » éclair voulue et affichée par De Gaulle : Madagascar, Soudan, Congo, Gabon, Cameroun, Togo, Mali, Sénégal, Bénin, Niger, Burkina, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Tchad et Centrafrique sont successivement affranchis ou autodéterminés en seulement quelques mois !
Cependant il faut y ajouter que nulle part cette « séparation » (officielle) n’a été aussi douloureuse qu’en Algérie dont l’invasion démarrait dès 1830 sous la restauration bourbonne de Charles X qui vit Bugeaud affronter Abd el-Kader. C’est dès ce moment qu’une politique « civilisatrice » (école, administration, construction, etc) fut contradictoirement couplée à des violences militaires (comme à Constantine, Bône, Bougie, Arzew, Mostaganem ou Tlemcen) et ségrégationnistes (expropriations au bénéfice des colons, divers droits niés aux « indigènes » locaux, etc) accompagnées de leur lot de massacres jusqu’en 1875 puis avant-guerre ; cela va continuer jusqu’au paroxysme lors de la libération française en mai 45 (avec des génocides notamment perpétrés à Guelma, Kherrata et Sétif) et durant la triste bataille d’Alger début 57. L’horreur ne cessera vraiment qu’en 63 après une guerre floue et meutrière entrechoquant autochtones contre colons et harkis contre indépendantistes, gaullistes contre OAS et terrorisme du FLN contre torture « gégéne » (où s’illustrat l’extrême droite militariste de Bigeart, Massu, Schmitt ou Le Pen). Ce conflit très particulier, qui aura causé 25 000 morts dans l’armée française et au moins 300 000 (militaires, natifs et harkis cumulés) côté algérien, est assez bien résumé par la triste formule « la valise ou le cercueil » – à l’image des seulement 40 000 réfugiés en France contre le double abandonnés en Algérie et livrés à la vengeance des indépendantistes. Pour qui voudrait approfondir et détailler ce qui ne pourra l’être dans cet article synthétique, on pourra -entre autres- se référer à P. Vidal Naquet, H. Bousselham ou encore H. Alleg qui vient de nous quitter ce 17 juillet 2013.
Nonobstant ces monstrueux errements coloniaux aux frontières vaseuses des méthodes d’un nazisme alors vaincu à peine une génération plus tôt, la France va parrallèlement tenter de maintenir partout en Afrique la plus grande influence possible sur ses anciennes conquêtes et ses potentiels alliés géopolitiques locaux par le truchement d’un système aux multiples couches qui vont nous intéresser à présent.
Vision du général De Gaulle
Commençons par replacer ce personnage politique illustre autant qu’ambivalent dans le contexte tumultueux du 20ème siècle. Homme de lettres et de culture, il opte pourtant pour une carrière militaire qu’il débute dans les blindés auprès du maréchal Pétain lors de la 1ère guerre. Militaire émérite, donc, il prend de façon inattendue ses distances d’avec la frange majoritaire et la plus à droite de l’armée française qui choisit la collaboration vichyste (sauf quelques éléments de la Cagoule dont il était proche et dont Mitterand était membre) tandis qu’il préfèrat l’exil londonien jusqu’en 1944. Vainqueur et donc homme fort du régime dès 45, il va à nouveau prendre la plus grande partie de sa classe politique et militaire à contrepied en prônant les indépendances autodéterminées dans quasiment toutes les anciennes colonies françaises dont l’Algérie, au grand dam de l’OAS qui tentera même de l’assassiner. Anglophobe et allié objectif d’une résistance majoritairement communiste (il sera d’ailleurs l’un des premiers dirigeants à reconnaître la Chine maoïste en 64), il va prêcher l’indépendance pour la France (et pour le Québec … libre !) vis-à-vis des cousins américains et de l’OTAN, tout en dirigeant -comme on va le voir- les modalités plus ou moins secrètes d’une lutte visant à empêcher l’expansion marxiste en Afrique non sans l’accord des USA alors en guerre froide avec l’URSS. Se présentant comme un grand démocrate qui n’endosserait sa légitimité que du vote populaire direct (qu’il sollicitera souvent, jusqu’au référendum qui lui fut fatal en 69), il sera pourtant l’initiateur d’une Europe centraliste aux nations dont il avait une conception quelque peu grandiloquente, ainsi que d’un modèle de 5ème république centrée sur la personnalité d’un Président tout (trop ?) puissant, taillé à sa propre (dé)mesure – et dont abuseront ses successeurs pas toujours à la hauteur.
Bref, comme on le voit par ces quelques exemples chronologiques, De Gaulle a toujours su présenter une façade pêtrie de convictions à l’humanisme visionnaire en utilisant habilement les médias et les discours … allié à des capacités plus inavouées d’un stratège militaire au langage cru tout prêt à avaliser secrètement les politiques les plus immorales pour maintenir la France en état de grande puissance mondiale, renforcée par un cortège valorisant de suivistes francophones sur ses votes et motions à l’ONU.
La meilleure illustration de cette ambiguité constante qui le caractérisait se retrouve dans le fameux « feu orange » ; toujours mis au courant des moindres faits et gestes des services français et de leurs agents (d’ailleurs souvent gaullistes de la première heure), dès qu’il ne s’oppose pas explicitement ni n’avalise clairement leurs initiatives, ceux-ci savent devoir agir en sous-main pour la France mais sans aucune couverture officielle en cas d’échec. Voilà donc une des clefs du système de la françafrique : la nécessité d’un vivier d’éléments barbouzards, plus ou moins visiblement contrôlés par Paris et/ou ses alliés africains, laissés libres d’agir à leur guise tout en créant l’air de rien un faisceau d’évènements favorables à la domination française en Afrique.
Deux autres axes vont sous-tendre cette politique d’abord discrète : l’installation et/ou la stabilité des régimes africains complices de la France (qu’on va détailler plus loin), et la « balkanisation » de l’espace sub-saharien telle que voulue par le président ivoirien Houphouët-Boigny (notamment pourvoyeur d’armes du régime d’apartheid sud-africain) contrairement à nombre de ses homologues réunis au sein du RDA (tels le sénégalais Senghor, le guinéen Touré ou le malien Keïta) qui souhaitaient faire front commun pour contrebalancer l’influence française locale.
Celle-ci va d’ailleurs s’exprimer non pas via le général lui-même, mais par quelques personnalités françaises reliées à des collaborateurs (et autres bénéficiaires) africains qu’on va maintenant passer en revue.
Coopération sauce Foccart
Comptant avec Debizet parmis les fondateurs du très controversé SAC (lié à divers meurtres coloniaux et raciaux en France), introduit dans les milieux par le gaulliste Soustelle, cumulant dès 1954 un nombre record de postes très spéciaux du RPF à la cellule africaine de l’Élysée (seul bureau court-circuitant la quasi-totalité des instances administratives classiques), Foccart est en relation directe avec tous les services français (officiels et officieux) ainsi que la plupart des dirigeants africains « amis de la France » – parfois devenus des amis personnels. On a dit de lui qu’il fut l’une des seules personnes, en dehors de Mme De Gaulle, à voir le chef chaque soir et à pouvoir se faire la pythie de ses volontés et renoncements. Mais en contrepartie, Foccart est l’ombre exécutante du général et (mal)traité comme tel par lui.
Ceci dit, dans le contexte évoqué plus haut d’une Afrique sans fédéralisme local et où chaque pays est donc politiquement « isolé » des autres, le pouvoir relationnel entre le continent et la métropole se concentra donc essentiellement à Paris et notamment autour de Foccart lui-même : dans son bureau à l’Élysée (d’où exsudera en 69 l’affaire d’une fameuse commode écoutant les conversations présidentielles), dans son appartement du 17ème rue de Prony ou dans les combles de sa villa Charlotte à Luzarches, lieux où il conversa avec (voire reçut) pratiquement tous les chefs africains pro-français entre 1958 et 1974 – quand il ne les visitait pas directement dans leurs pays respectifs.
Considéré comme un homme de bon conseil, sinon de haute confiance, capable de déléguer ou révoquer ses émissaires auprès des chefs africains selon les cas de figures, il va créer et piloter durant deux décennies (et un peu plus, même) un système étroit de « coopération » devant remplacer l’ancien lien colonial devenu trop visible et surtout trop salissant pour l’image française dans le monde.
Parrallèlement, il aura en tête ce souhait constant de personnaliser ses relations avec chaque protagoniste du système africain par des visites, des conseils, des faveurs diverses, à l’opposé du protocole diplomatique automatisé d’un Quai d’Orsay alors dirigé par Couve de Murville qui ne l’appréciait que très modérément – quand il ne tentait pas carrément de lui mettre des bâtons dans les roues.
Parmis les nombreux soutiens stratégiques de Foccart (qu’on va continuer à évoquer dans les paragraphes suivants) : la sécession du congo belge au Katanga où la France favorise l’anticommuniste Tschombé avec les USA contre le leader populaire Lumumba qui sera par suite exécuté en 61 ; ceci ouvre la voie royale à l’installation du dictateur millardaire Mobutu qui va règner cruellement (exécutions, emprisonnement, répression, etc) sur un Zaïre corrompu durant 30 années tout en étant reçu dans la plupart des pays occidentaux – et même communistes (Chine, Corée) dont il reprit le principe de culte du chef malgré son aversion idéologique pour le marxisme, illustrée dans son combat perdu contre l’infiltration cubaine de l’Angola en 75.
Contrôle africain via le CFA
Pour affermir cette domination française à double-fond sur son « pré carré » africain, il fallut par ailleurs à la métropole une arme monétaire servant d’interface à ses barbouzeries tout en contrôlant autant que faire se peut les économies autochtones.
Préparé de longue date pour les 2 principales zones de l’Afrique (centrale et de l’ouest), le franc CFA (signifiant initialement « Colonie Française d’Afrique ») est ainsi lancé dès les accords de Bretton Woods en 45. Le CFA est centralisé via 2 organes émetteurs : le BCEAO (Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et le BEAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Équatoriale et Tchad). Alors présenté comme stabilisateur et garantie des échanges dans une région où la monnaie n’est pas toujours très fiable, il se révèlera par revers un instrument de confiscation de la souveraineté monétaire des pays (tel l’euro pour la Grèce ou l’Espagne en ce moment même), de surcroît facilement convertible jusque 1993 pour des transactions occultes (notamment en Suisse) sous l’égide de la Banque de France – mais passablement inéchangeable localement entre citoyens africains de pays différents !
Cette monnaie, taillée sur mesure pour les élites corrompues ou corruptrices de la françafrique, va donc résulter en un système de triple confiscation : par le taux de change (dévaluations arbitraires pour maintenir l’Afrique exploitable à souhait et incapable d’importer), par les pouvoirs annexes qu’il accorde à la France (droit de véto, ingérence économique et politique, obligation de réserve en faveur de Paris, priorité sur les matières premières, etc) et par la spéculation prédatrice qui va aller avec (paradis fiscaux, exonérations d’impôts et commissions occultes, investissements publics manipulés, etc) qu’on détaillera plus loin dans cet article (et le prochain) concernant le pétrole (et la dette).
Pour résumer grosso modo, malgré la difficulté d’une quelconque traçabilité comptable de ces trafics, on peut estimer que moins de 10% des échanges en zone CFA servent à l’économie africaine réelle, c’est-à-dire à ses habitants ; plus de la moitié du reste étant détournée pour les intérêts direct de la métropole (l’état, sa ou ses banques, ses services et ses géants d’industrie française) ; le gros tiers qui reste arrosant des élites africaines (gouvernements, administrations, armées, etc) plus ou moins volontairement complices dans la plupart des pays …
Entrevoyant d’emblée le piège de ce système captif, le président guinéen Touré (d’obédience autoritariste ouvertement léninienne) se rapproche à l’époque de Cuba et de l’Allemagne de l’est (encore soviétique) tout en refusant clairement d’entrer dans la zone CFA ; il va même jusqu’à créer le franc guinéen pour conserver toute son indépendance monétaire. Les services français le lui rendront bien en créant de la fausse monnaie (opération « Persil » datant de 59) pour inonder le pays et ruiner son économie. Mais cela ne suffit pas à faire tomber l’inflexible leader qui résista tout en étouffant chez lui toute opposition notoire par la terreur ; d’autres moyens plus « politiques » vont donc être déployés contre lui par les services français, avec l’aval de Foccart et le soutien de Senghor et Houphouët-Boigny.
Renseignement selon Robert
C’est donc via plusieurs opérations (« Mar Verde » et « Green Sea ») que l’un des autres grands piliers du système françafricain, le SDECE (ancêtre de la DGSE), va tenter de former des opposants locaux au président Touré qui tiendra bon malgré cela ! Mais cet échec en Guinée ne décourage nullement les acteurs du principal service secret français en Afrique, au devant desquels on trouve Boursicot (préfet et futur président des aéroports de Paris), Grossin (socialiste, franc-maçon et général) et surtout le colonel Robert ; cet officier des forces françaises libres, passé par le RPF gaulliste et qui sortira de l’ombre pour une place d’ambassadeur au Gabon, va notamment mettre en place l’interface absolue entre le terrain et Foccart durant 20 ans.
Depuis Dakar, Robert installa dans une quinzaine de pays favorables à la France ses PLR (Postes de Liaison et de Renseignement) rassemblant toutes sortes d’informations utiles aux divers services français (diplomatie comprise ou exclue selon le cas) ainsi qu’aux chefs africains dont il contribua personnellement à former deux futures « figures » : le nigérien Kountché (soutenu en 74 contre Diori, serviteur de la France mais qui montrait des signés d’émancipation dans la vente d’uranium) et le béninois Kérékou (bénéficiaire d’un putsch en 72, que la France tentera de contrer après ses déclarations marxistes par l’opération « Crevette » en 77).
Au-delà des évidences militaires comme en Indochine, difficile de lister la totalité des actions plus ou moins secrètes (ou le laisser-faire volontaire) du SDECE et de son « Service Action » qui seront rapidement rattachés au ministère des armées sous Messmer tout en restant en contact avec Debré et ses divers ministères ; mais on peut donner plusieurs exemples pour en voir la teneur générale.
Il est désormais avéré que le service n’est à minima pas intervenu en 65 pour empêcher l’enlèvement prévisible du marocain socialiste Ben Barka à Paris par la pègre locale sur commande du roi Hassan II, même s’il reste difficile de prouver sa complicité directe dans l’exfiltration du corps (vivant ou mort) de l’opposant.
Toujours dans le même ordre d’idée, le SDECE est mêlé à l’affaire Delouette dans laquelle un de ses agents français se fait pincer aux USA avec des dizaines de kilos d’héroïne dans sa camionnette Volkswagen, en pleine période de purge pompidolienne des services secrets en 72 (on y revient plus bas).
En 73, cette fois, il ne fait que peu de doute (malgré un aveuglement judiciaire complice) que le service français soit derrière la mort de l’opposant tchadien Bono qui est tué par balle en plein Paris par Bocquel (un agent français qui avait notamment travaillé pour Bokassa) tandis que sa femme est réduite au silence par la famille de Bayonne, également du service …
Sans aucun doute, le SDECE aura aussi tenté plusieurs fois de faire chuter (ou mourir) le colonel lybien Kadhafi en raison de son soutien aux régimes et sécessions hostiles à la France, tel le Front Polisario au Sahara du sud qui affronta (avec son soutien et celui de l’algérien Boumédiène) les forces marocaines et franco-espagnoles entre 77 et 80.
Par ailleurs, on peut être sûr que certaines émanations de ces services, telle la « Main rouge », ont attenté à des infrastructures (bateaux, locaux, avions, etc) et à la vie de centaines d’activistes en AFN (Algérie, Tunisie, Maroc) avant et après les indépendances.
Dernier exemple notoire en date (puisque le service deviendra ensuite la DGSE avec de nouvelles têtes et un gros ménage) : son soutien direct à l’UNITA aux côtés des USA et de l’Afrique du sud durant la guerre angolaise de 1980 contre un MPLA communiste aidé par l’URSS et Cuba.
Mais impossible d’être totalement exhaustif, autant pour des raisons de longueur que par le secret qui entoure encore ces services et leur histoire. En revanche, concernant la mise en place et la défense ou la chute des chefs africains, on va ci-dessous pouvoir détailler des exemples précis et instructifs.
Stabilité gouvernementale – Delaunay
Car voici un autre élément central (et plus visible) permettant le maintien d’une force néo-coloniale de la France : son influence constante sur la promotion (ou la déchéance !) des principales figures de la pyramide décisionnelle africaine. Sur ce sujet, on peut subsidiairement invoquer un rapport culturel d’exception (tel que véhiculé par la francophonie ou par les cercles maçonniques dont raffolent les chefs africains) et des liaisons très étroites, quasi familiales, entre les présidents africains et certaines éminentes personnalités française – tel que décrit sur Foccart plus haut. Dans des cas plus tardifs que nous évoquerons dans le prochain article, il y aura sans nul doute des trucages plus ou moins massifs dans certaines élections et dans l’annonce de leur « résultats ». Mais plus prosaïquement, cela passe principalement par la désignation et le maintien des gouvernants dans les pays « amis », ou par la déstabilisation (voire l’assassinat) de leaders peu enclins ou hostiles ; par conséquent sont mis en place des accords militaires (avec chèques en blanc pour intervention non datés mais signés d’avance !) et des services de proximité contre les aggressions (internes ou externes) afin de sécuriser les chefs africains, leur entourage et parfois même leur capitale.
Et on doit ici évoquer un autre ambassadeur au Gabon (mais aussi au Cameroun, Bénin ex-Dahomey ou à Madagascar), ex-officier de la Coloniale, ancien maire de Cannes et futur PDG de la compagnie des mines d’uranium de Franceville : Delaunay, qui va devenir un formateur de troupes et un coordinateur d’équipes spécialisées dans la sécurisation des chefs d’états – à ce point apprécié que le gabonais Bongo (également employeur du colonel Conan, chef de police locale) va exiger de Paris son retour à ses côtés en 75 alors qu’il vaquait pour la France à de troubles affaires malgaches. La carrière de Delaunay en dit long sur la conception française de la manipulabilité africaine, là où le silence et l’inaction coupables en disent aussi long qu’un discours de façade ou même qu’une intervention par des mercenaires armés en sous-main via un pays voisin. Voyons quelques exemples pour illustrer cet éventail stratégique ?
Centrafrique, 1959 : père fondateur de l’indépendance de son pays, coopérateur capable de distanciation anticoloniale, promoteur de l’AEF (union locale africaine), Boganda meurt dans un accident d’avion plus que suspect (traces d’explosifs, aucun survivant).
Cameroun, 58 et 60 : la France assure la mise en place d’Ahidjo par l’assassinat des opposants Nyobé et Moumié (marxistes de l’UPC), ce qui va provoquer un génocide côté bamiléké qui est estimé à près de 400 000 morts.
Tunisie, 1962 : signataire d’accords avec De Gaulle, Bourguiba échappe de très peu à un attentat fomenté par ses opposants tunisiens (à Bizerte, Gafsa et Tunis) ; les arrestations et le procès qui s’ensuivent marquent le durcissement du régime dans un silence diplomatique complice.
Sénégal, 1962 : le francophile Senghor craint la popularité de son ministre Dia ; profitant d’un voyage de ce dernier, il fait voter un budget qui met Dia à mal et une motion pour l’empêcher de contre-attaquer dès son retour ; poussé à la faute, Dia est « jugé » et emprisonné 11 ans dans un lourd silence français.
Togo, 1963 : le président Olympio est tué par 4 militaires revenant de la guerre Algérie au bénéfice du népotique Eyadema (ancien de la coloniale) arrivé définitivement au pouvoir dès 67 en renversant Grunitzky (qui meurt 2 ans plus tard en voiture à Paris).
Congo, 1963 : pourtant acquis à la françafrique, l’abbé autoritariste Youlou rencontre une opposition sociale d’envergure (malgré sa répression permanente) qui l’embastille dans son palais brazzavillois ; lâché à tous niveaux par Paris, invité par Tshombé, il démissione et trouve asile en Espagne franquiste.
Gabon, 1964 : après un putsch sanglant, Mba est remit en selle par Paris dans son pays riche en bois (et idéal pour planquer la barbouzerie !) ; il sera ensuite limogé pour l’avènement du népotique Bongo à sa place dès 66.
Ghana, 1966 : l’indépendantiste socialisant mais autoritaire Nkrumah, qui a échappé à deux tentatives d’assassinat, est renversé dans l’indifférence française par l’armée locale ; il se refugie chez son ami Touré et meurt d’un cancer en 72.
Mali, 1968 : le maoïste Keïta est renversé dans le mépris français par l’armée locale dirigée par Traoré qui fonde son parti unique ; il va règner durant 23 ans jusqu’à un autre coup militaire cette fois dirigé contre lui.
Madagascar, 1972 : la France lâche le socialiste Tsiranana débordé par ses mouvements sociaux ; ce sont d’abord des militaires (Ramanantsoa, puis Andriamahazo après l’assassinat de Ratsimandrava) qui vont le remplacer avant la nouvelle république centrée sur le charismatique Ratsiraka dès fin 75.
Tchad, 1975 : après la guerre civile (65-68) Tombalbaye conforte son « éléphant blanc », l’agent Gourvenec qui s’émancipe de Foccart via les affaires intriquées de Selingar (68), Bono (évoquée plus haut) et Galopin (74) ; la France laisse donc l’armée tchadienne puis le Frolinat remplacer Tombalbaye ; Gourvenec est pour sa part empoisonné à Paris en 78.
Djibouti, 1978 : dans un contexte de tension ethnique, s’instaure un régime à parti unique mené par Aptidon qui va rester 20 années au pouvoir dans le silence diplomatique de la France qui obtient en échange des bases militaires locales.
Voici seulement quelques exemples des ficelles que les services français ont pu tirer (ou laisser choir) pour s’assurer de la compréhension des principales puissances et de leurs élites du continent noir – alors en proie à la fameuse « guerre fraîche ».
Guerre antisubversive sous Mauricheau
En effet, à ce stade des rouages de la françafrique, on va devoir détailler quelques éléments des plus tendancieux parmi un terrain militaire allant des troupes sous uniforme français (ou ONUsien) jusqu’aux mercenaires occidentaux ou africains (de carrière ou formés sur place par la France). Leur but politique, entremêlé avec ceux déjà évoqués quant aux intérêts d’une vision gaulliste, est comme on l’a déjà expliqué de lutter contre les velléités indépendantistes ou marxistes des peuples africains et de leurs soutiens notoirement communistes (Chine, Cuba, Allemagne de l’est, Tchèquie, URSS) ou à tendance proto-islamiste (Algérie du FIS et du GIA, Lybie khadafiste, Egypte post-nassérienne, Hezbollah libanais, groupes indo-pakistanais, Arabie Saoudite, etc) ; subsidiairement il s’agit quand c’est possible (et souhaitable) d’installer préférentiellement la France lorsqu’elle est en compétition avec d’autres puissances, USA en tête.
Les méthodes contre-insurrectionnelles pour ce faire naissent dans l’armée française afin de s’opposer aux techniques révolutionnaires maoïstes, via des initiateurs comme Trinquier, Lacheroy, Hogard et quelques d’autres ; elles consistent à « Gagner les cœurs et les esprits » d’une population en l’isolant de la guérilla qu’elle pourrait soutenir (et inversement) ; elles s’appliquent par couvre-feu et en quadrillant tous les secteurs par des « escadrons de la mort » qui arrêtent (voire torturent sinon éliminent) toute personne suspectée de faire partie de la rébellion, et parfois ses proches ; elles se renforcent d’un recours à la désinformation et à la propagande sur une large échelle (infiltrations, rumeurs, tracts/affiches, médias, etc) ; elles seront transmises notamment par Aussaresses (ancien gégéne de l’Algérie française) via le camp Manaus du Brésil vers les dictatures d’Argentine, du Chili ou d’Uruguay.
Quant à l’Afrique, ces tactiques anti-subversives sont mises en oeuvre par des unités officielles ou plus officieuses (2e REP, 1e Choc, 6e BCE, etc), sous la coordination de personnages comme Mauricheau-Beaupré. Cet ancien journaliste et sergent des paras en Algérie (et proche des Debré, Demarquet et Le Pen alors aux débuts du FN), va devenir le « missus dominicus » type envoyé en Afrique par Foccart et pouvant agir avec une (trop ?) large liberté d’action, tout comme les « Affreux » corsaires : Tavernier, Hoare, Schramme, etc, sont autant de soldats et légionnaires aguerris, liés aux services français ou belges et oeuvrant le plus souvent sous couverture entrepreneuriale (import, mécanique, aérien, agricole, gardiennage, etc). Leurs frasques africaines sont innombrables, parfois victorieuses et méconnues, parfois catastrophiques et plus exposées car en général sous « feu orange » du commandement que ce soit au Katanga évoqué plus haut, au Biafra et en Centrafrique auquels on va venir plus bas ou dans quelques autres cas peu glorieux comme au Yémen dès 63 pour contrecarrer (avec l’aide de l’Arabie Saoudite) des républicains soutenus par Nasser ; ou même lors de la deuxième révolte zaïroise (de Stanleyville/Kisangani) en 67 qui résulte en une occupation de Bukavu avant la fuite vers le Rwanda et la Rhodésie ; ou aussi vers 70 en Côte d’Ivoire et au Gabon pour implanter des fermes anticommunistes contre les infiltrations du Congo Brazzavile ; ou encore au Bénin ex-Dahomey en 77 où l’envoi de lansquenets pour y faire tomber le communiste Kérékou et y promouvoir Soglo se solde par un échec cuisant et des dizaines de morts ; ou enfin plus discrètement dans l’instruction de troupes étrangères pour le compte de diverses puissances locales ou coloniales dans plusieurs régions (Gabon et Niger, Angola cabindais, Iran du Shah, etc) tout au long des années 70.
A cet égard, d’autres figures des plus notoires sont celles du colonel Faulques (para saint-cyrien de la légion) et surtout de Denard (aussi connu sous le nom de Mahdjoub) dont la carrière ubuesque est emblématique de cette génération de semeurs de chaos, souvent lâchés par leur pays car servant de fusible à la croisée illégale des services gouvernementaux et des intérêts privés fructueux dont on va de suite aborder un cas plus que précis.
Business décomplexé façon Elf
S’il fallait se convaincre que l’entreprise est depuis le départ un faux-nez des services secrets et des intérêts occultes de la France, commençons par dire que c’est De Gaulle qui la crée par fusion de 3 organismes (RAP, SNPA et BRP formant l’Erap, qui devient Elf) et en nomme le 1er PDG : Guillaumat, ingénieur des mines, ancien d’indochine et proche du général et de Foccart.
Suivant la formule qui prétend qu’en France « on a pas de pétrole mais on a des idées », le groupe va d’emblée organiser via divers artifices (surfacturation, montage financier, dissimulation, etc) tout un financement occulte et une sous-traitance plus ou moins bidon (exemple : compagnies de sécurité servant de couverture aux mercenaires) pour assurer la plupart des actions tactiques de la françafrique, notamment via l’Angola et surtout le Gabon ; on y retrouve par exemple le « forestier » Maloubier, ancien du SOE ayant œuvré au Laos et en Algérie, qui mettra sur pied la garde personnelle du président avant de finir en toute logique sa carrière chez Elf.
Meilleur et triste exemple de ces pratiques : au Biafra, en 1968. Rébellion et famine frappent le sud Niger dans une région riche en pétrole sur lequel Elf lorgne ; fleurant bon l’aubaine économique, la France fait en sorte que l’insurrection biafraise soit ravitaillée, armée et formée. Les services français vont pousser la propagande jusqu’à diffuser des images d’enfants mourrant de faim afin d’émouvoir l’opinion française alors en lutte sociale, et justifier l’interventionnisme militaire métropolitain. Mais ce soutien français reste dérisoire même avec l’entière complicité du gabonais Bongo (pour qui la France éliminera Mba, devenu un opposant gênant, 2 ans plus tard) ; cela ne suffira pas à faire basculer les forces en jeu et va juste prolonger le conflit nigérian : 1 millions de morts pour un fiasco total.
Le général De Gaulle une fois mort en 70, mais surtout suite à l’affaire Markovic qui salit directement un Pompidou déjà physiquement amoindri, ce dernier va bien tenter de freiner un peu l’ardeur des services et des divers barbouzes en mettant doucement sur le départ Guibaud (ex de la marine et de la coloniale) et Robert (qui rejoint ensuite Elf) pour placer Marenches à la tête du SDECE ; ce saint-cyrien de carrière militaire, résistant émérite, est chargé d’y effectuer une purge avec Roussin.
Malheureusement la spéculation immodérée sur la nationalisation du pétrole algérien entre 71 et 73 renforce l’impunité et l’immoralité du big business d’Elf, qui va prendre un nouvel essor via les prospections fructueuses en mer du nord, et encore davantage par la diversification des marchés de la pétrochimie (médical, alimentaire, etc). Préfigurant les scandales à venir (et dont nous reparlerons dans le prochain article), la démesure des bénéfices engrangés et la garantie militaire de la France ont donc fait perdre de vue les réalités à Guillaumat jusqu’au scandale des « avions renifleurs » qui vont bientôt couvrir le 1er ministre Barre de ridicule, à tel point que c’est Chalandon (ministre et gaulliste, lui aussi) qui est placé à la tête d’Elf dès 77.
Sur ce, après l’assassinat trouble de Ngouabi éclatent des affrontements entre factions communistes au Congo brazzaville, où des gisements prometteurs viennent d’être découverts ; soutenu par la France et le Gabon, Nguesso prend finalement le pouvoir en 79 et saura se montrer longtemps reconnaissant envers Elf une fois en place.
Dérives de Denard et Giscard
De justesse vainqueur des présidentielle de 74, on s’attend à ce que Giscard continue l’élan de rupture tenté par feu Pompidou ; mais, de fait, il ne fait que remplacer Foccart par son fidèle adjoint Journiac qui assure la continuité du sytème avant de mourir dans accident d’avion plutôt étrange au Cameroun en 1980. Kirsch lui succède alors sur le conseil de Foccart, et les affaires voudraient reprendre comme auparavant. Mais quelquechose a tout de même changé depuis les années 50 : il y a eu 68, plusieurs crises, de nombreux scandales et le ras-le-bol des excès du gaullisme (non sans lien avec l’accés à la présidence de Giscard) qui a été déçu par ce dernier désormais sur un sellette qu’il ignore encore. Parmi les dérives explosives qui vont contriber à conclure sa période sur le plus célèbre « au revoir » télévisuel, deux vont être particulièrement décisives.
La première concerne le mercenaire Denard qu’on a déjà évoqué précedemment : ses nouvelles interventions déraisonnables aux Comores en 75 (où il fait arrêter Abdallah pour mettre Soilih en place …) puis à nouveau en 78 (où il replace Abdallah au pouvoir et fait tuer Soilih !) vont avoir un retentissement catastrophique pour l’image de la France et de sa politique étrangère, jusque dans son opinion intérieure qui s’est relativement « gauchisée ».
La seconde concerne Giscard en personne : après un coup d’état centrafricain en 65 ouvrant une fructueuse coopération militaire avec la France, Bokassa devient un intime du président français qu’il reçoit fréquemment pour des safaris, disons, assez peu protocolaires. Dans ce contexte, la France consent par suite à participer aux frais somptuaires pour le faire sacrer « empereur » en 77, ce qui défrise autant les français que les africains, élites comprises ! Mais alors que Bokassa, devenu indésirable par ses errements, rend visite à Khadafi dans un contexte de tension au Tchad (notamment l’Aouzou où s’opposent indirectement la France et la Lybie), Paris monte des opérations centrafricaines (« Caban » et « Barracuda ») pour le faire chuter et remplacer par Dacko, déjà bien connu et contrôlé par la France. Trois semaines plus tard éclate en représaille le scandale des diamants, à priori balancé au canard enchaîné par Chirac qui veut supplanter Giscard à droite en vue de la présidentielle de 81, toute proche. Ce dernier, profondément vexé face aux questions pourtant très lissées des journalistes vedettes de l’époque, indiquera souhaiter « laisser les choses basses mourir de leur propre poison » – qui lui sera ironiquement fatal !
Car ces affaires fort nauséabondes vont encore ajouter à l’écoeurement de l’opinion vis-à-vis d’une françafrique néo-coloniale qui semble perdurer malgré les changements de gouvernement et de président, et donner une tonalité toute particulière au programme d’un certain Mitterand qui se présente sous étiquette socialiste. Nous verrons dans le prochain article si ses pieuses promesses seront tenues, et ce qu’il adviendra du sytème Foccart des années 80 à nos jours.
Sources :
Le racialisme
Empire colonial français
Vautier raconte le colonialisme français
Colonisation algérienne
FLN et OAS
Génocides en Algérie
Torture en Algérie
Hommage à Henri Alleg
De gaulle, l’ambivalent
Le langage cru du général
L’Afrique d’Houphouët-Boigny
Le syndrome Foccart
La raison d’état
Le franc CFA
Le colonel Robert
Des militaires français à Niamey
L’affaire Delouette
Le front Polisario
La main rouge
Les coups d’états réussis
Massacres au Cameroun
Senghor et Dia
2ème république togolaise
Décès du 1er ministre centrafricain
Le nœud de vipères du Gabon
Renversement au Ghana
Histoire malgache moderne
Le Tchad sous Tombalbaye
La contre-insurrection
Mauricheau-Beaupré
Le mercenariat en Afrique
Les coups d’état foireux
Biographie de Bob Denard
Elf, outil d’État
Affaire Markovic
Avions renifleurs
Nguesso et Elf
Denard aux Comores
Les diamants de Bokassa