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Un nouvel amendement en faveur des OGM aux Etats-Unis place Monsanto au dessus de la loi (OFFERT !)

 Les OGM qui n’ont pas été homologués par un tribunal pourront quand même être mis en culture. Le coup de maitre de Monsanto pour ne « pas perdre un dollar de bénéfice ».
Un amendement contre la loi
Les sénateurs ont voté fin mars aux Etats-Unis une loi budgétaire pour l’agriculture, contenant un amendement (l’article 735)(1) qui a beaucoup fait parler de lui. En voici un extrait traduit en français « dans le cas où une décision [d'autorisation de culture] est ou a été invalidée ou annulée, le ministère de l’agriculture doit (…), sur simple demande d’un cultivateur, d’un exploitant agricole ou d’un producteur, accorder immédiatement une autorisation ou une dérogation temporaire. (…) Les autorités doivent s’assurer que les cultivateurs ou d’autres acteurs sont en mesure de déplacer, planter, cultiver, introduire dans le commerce »
Rendons-nous compte que ce texte de loi permet aux entreprises possédant les OGM d’aller à l’encontre de la loi, en désobéissant à la décision d’un tribunal.
Le Cadeau du Sénateur infiltré de Monsanto ?
Mais comment et pourquoi le sénat ferait-il un cadeau d’une telle ampleur à la société la plus controversée de tous les temps ? Le journal Politico(2) confie que le sénateur du Missouri, Roy Blunt serait à l’origine de cet amendement. Monsanto est en 8ème position de ses meilleurs donateurs entre 2007 et 2012 avec 88 000 $(3). De plus, le siège de Monsanto se trouve à Saint Louis, dans le Missouri. Certains y voient un concours de circonstances, d’autres pensent qu’il y a conflit d’intérêt.
Place de Monsanto dans le marché OGM
D’après les statistiques de « Center for Food Safety », au pays de l’oncle Sam, 85% du maïs, 91% du soja et 88% du coton sont génétiquement modifiés(4).
Le leader quasi solitaire du marché OGM aux Etats-Unis et dans le reste du monde est Monsanto (la firme possède 90% des OGM cultivés sur Terre).
L’arrivée des OGM de Monsanto dans la politique américaine
Tout commence le 15 mai 1987. George Bush (père) vice président de Ronald Reagan, visite les laboratoires de recherche de Monsanto(5). Le travail en cours porte sur le développement d’une plante, le soja, que l’on a modifié génétiquement dans le but de la rendre résistante à l’utilisation d’un herbicide. Il ne s’agit pas de n’importe quel herbicide. C’est le Round Up, produit phare de la firme.
Le mot d’ordre du gouvernement Reagan, est le même que celui de Thatcher de l’autre côté de l’Atlantique : dérégulation. Le but étant de faire fleurir de telles industries en réduisant un maximum les entraves bureaucratiques. Moins de tests sanitaires ou environnementaux sur les nouveaux produits par exemple. On peut même voir dans certaines images d’archives, Georges Bush rire avec les dirigeants de Monsanto : « appelez moi, mon job c’est la dérégulation, je peux vous aider ».
Le 20 janvier 1989, M. Bush devient président des Etats-Unis. Il fait donc appliquer son programme qui simplifie de nouveau le travail de Monsanto, avec une déréglementation encore accrue.
Le rôle déterminant des portes tournantes (« revolving doors »)
Michael Taylor a été avocat pour Monsanto pendant sept ans dans la compagnie King&Spalding. En Juillet 1991, il devient Commissaire adjoint chargé de la réglementation à la FDA (Food and Drugs Administration). Ce poste a été créé spécialement pour lui, et dans le but de répondre à des besoins bien précis. Un nouveau rapport sur la réglementation des OGM est établi, favorable aux souhaits de Monsanto. Par la suite, beaucoup d’anciens employés de Monsanto se sont retrouvés à travailler à des postes clés de l’administration publique, mais aussi à des postes clés du gouvernement. Ce phénomène, appelé portes tournantes, est bien connu aux Etats-Unis, et pas seulement dans le milieu de l’agroalimentaire. L’ancien ministre de l’agriculture de 1995 à 2001, Dan Glickman le reconnaît lui même « Il n’y a pas que dans l’agriculture qu’il y a des portes tournantes, c’est dans beaucoup de secteurs ».
Quelques exemples pour comprendre l’ampleur de la situation ? L’ancien ambassadeur chargé du commerce extérieur, Mickey Cantor, a fini dans le conseil d’administration de Monsanto. Linda Fisher passe de l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement) à Monsanto. Michaël Friedman passe de la FDA à Monsanto. Josh King, quant à lui est allé de la Maison Blanche à Monsanto, Margaret Miller de Monsanto à la FDA… N’oublions pas de le rédacteur de la (dé)réglementation des OGM, Michael Taylor qui a fait l’aller-retour plusieurs fois.
Après un bref historique de l’implication de Monsanto dans la politique depuis la création des OGM, on se rend bien compte que cette entreprise a réussi à prendre un pouvoir de grande ampleur. Aujourd’hui, par quelques moyens plus ou moins légaux, la plus grande firme multinationale agroalimentaire de tous les temps est parvenue à se trouver au dessus des lois. Le « Monsanto Protection Act » est une tragédie pour tous les Américains. Espérons que la pression faite sur l’Europe pour simplifier notre réglementation en matière d’OGM ne fera pas céder les gouvernements.
N’oublions pas, malgré tout, que le pouvoir réside toujours là où les gens croient qu’il se trouve.
(5) Le Monde selon Monsanto de Marie Monique Robin
[alert type="blue"]Article paru dans Actualutte n°36 – Mai 2013[/alert]