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Le P.S. a le respect des morts

Il peut nous arriver de dire du mal du Parti Socialiste et du gouvernement. Il peut même nous arriver d’en penser. À force de mesures antisociales, on en arrive presque à croire que ces gens-là n’ont pas de cœur, que ce sont des monstres froids. On a tort, on exagère : au PS et au gouvernement on a un cœur, et on sait le montrer. On ne rigole pas avec le respect des morts et on ne tolère pas qu’on puisse en dire du mal. Il y a même une Haute Autorité chargée de sanctionner voire d’exclure les amnésiques qui auraient oublié ce principe universel, c’est dire.

Bon, c’est vrai, tous les morts ne se valent pas. Rémi Fraisse, par exemple, ça ne doit pas être un mort très cher : il a été tué par la gendarmerie « pour des idées ». Du coup on peut dire que c’est stupide et bête, comme le président socialiste du Conseil Général du Tarn, Thierry Carcenac, sans être inquiété par la commission qui-a-le-respect-des-morts. Il faut dire que c’est à peine un mort, Rémi Fraisse : même pas une bavure, d’après le ministre tout aussi socialiste de l’intérieur Bernard Cazeneuve. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas se tromper dans le calcul de la valeur des morts : les condamnations -à de la prison ferme- pour fait de manifestation commencent à tomber sur ceux qui ont cru qu’il était vraiment mort, que les violences policière, ça existe et que la liberté de réunion est encore d’actualité dans la France socialiste. Ça aussi ça doit être  » stupide et bête »….

Non, la Haute Autorité socialiste, elle s’occupe des morts à haute valeur ajoutée, elle veille au respect de la plus-value post-mortem. Par exemple Christophe de Margerie, le PDG de Total, mort dans sont jet privé chez Poutine le 20 octobre, quelques jours avant Rémi Fraisse. La Haute Autorité était là pour veiller à ce que les militants socialistes aient bien la larme à l’œil. Maximum respect pour Total ! C’est terrible à dire, mais il faut croire qu’il y a des brebis galeuses vraiment partout : Gérard Filoche, qui est pourtant socialiste, a dit de lui que c’était un suceur de sang. Un suceur de sang ! Et pourquoi pas un capitaliste, tant qu’il y était ? Il est resté un peu  » stupide et bête », Gérard : il a gardé des idées de gauche au PS, il a dû rater un épisode. Du coup, le gouvernement, le parti et des dizaines de ses « camarades » demandent son exclusion. On ne badine pas avec le respect des morts. Margerie et Total, c’est quand même le rayonnement de la France, au Congo ou au Gabon, c’est la touche humaniste des généraux birmans, et c’est un modèle d’évasion fiscale transnationale made in France. La french touch, la vraie : on ne va quand même pas faire payer une entreprise qui marche. Les impôts, c’est pour les pue-la-sueur, pas pour les amis des amis du premier ministre.

NDLR : dans la lignée d’une telle empathie sélective et alors que l’hécatombe des migrants ou celle des SDF (entre autres exemples) se déroule dans une relative indifférence, on pourrait d’ailleurs faire le parallèle avec d’autres morts à supplément de respectabilité suite aux terribles évènements de janvier. En effet, ils ont déclenché, outre une surmédiatisation hystérique, des questionnements jugés inacceptables par la ministre de l’éducation en personne ; comme si le dialogue et l’explication n’étaient plus la mission première d’une école désormais cantonnée à inculquer des « valeurs » de gré ou de force – et produire de la main d’oeuvre apathique au service des intérêts capitalistes …

Dans la France de Valls, de Macron et de Hollande, c’est le travail qui paye pour le capital. Oublier ce point de détail et insulter les braves qui sont tombés pour « nos » grandes multinationales, c’est risquer de les voir revenir du royaume des morts pour leur reprocher leur ingratitude. En zombies ou en suceurs de sang. Un cauchemar.

Source : quartierslibres.wordpress.com