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Géorgie : ‘Révolution des balais’ à l’approche des élections

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Des milliers de personnes ont manifesté à Tbilissi, la capitale de la Géorgie après la diffusion par certaines chaînes de télévision et sur YouTube de vidéos montrant les sévices dans le système pénitentiaire du pays. Bien que largement détaillées dans divers rapports sur les droits humains, les images qui ont fait surface le 18 septembre 2012 ont été les premières réellement vues par de nombreux Géorgiens.

Cette vidéo montrant les sévices infligés à un détenu a été mise sur YouTube par  le 18 septembre [AVERTISSEMENT : contenu explicite] :

Réactions sur les médias sociaux

Les médias rapportent que la Géorgie est au sixième rang mondial pour la population carcérale par tête, et le taux de mortalité y est élevé. Les commentaires sur Facebook ont reflété la colère générale devant les vidéos, tandis que d’autres internautes, tels Eka Rostomashvili ‏ont tenu informés leurs abonnés de Twitter du déroulement du premier soir de manifestations.

@ERostomashvili: Des faits terrifiants, inhumains se déroulent dans le système pénitentiaire géorgien. On se rassemble devant la Philharmonie pour manifester contre les violences en prison #Tbilisi

@ERostomashvili: Les manifestants ont coupé Melikishvili. Les automobilistes ne semblent pas trop s’en formaliser et font demi-tour. #Tbilisi #gldaniprison

@ERostomashvili: Les journalistes estiment que 500 personnes manifestent contre les violences en prison devant la Philharmonie. #Tbilisi #gldaniprison

@ERostomashvili: Les manifestants exigent la démission des ministres de l’intérieur #Akhalaia + de l’administration pénitentiaire #Kalmakhelidze. #Tbilisi #gldaniprison

@ERostomashvili: Les manifestants demandent aux automobilistes de se joindre à eux. Participation estimée en ce moment : 1000 personnes. #Tbilisi #gldaniprison

@ERostomashvili: Les manifestants prennent la parole tour à tour. Discours émotionnel d’une mère de deux détenus. #Tbilisi #gldaniprison

@lingelien: Le célèbre metteur en scène de théâtre Sturua commente les sévices en prison : “Nous, peuple géorgien, sommes profondément scandalisés par les événements. ” (1) #gldaniprison

‘Révolution des balais’

Le lendemain, les appels à la démission de ministres de premier plan prenant de l’ampleur, les manifestations ont augmenté en taille et ont aussi été rapportées dans d’autres agglomérations de Géorgie. Se référant aux scènes d’un prisonnier violé avec un manche à balai, les Photographes Géorgiens, comme d’autres, ont baptisé les manifestations ”Révolution des balais.”

C’était la vidéo diffusé à la télé sur la torture en prison en Géorgie.

Les images montrent des détenus battus, recevant des coups de pied et molestés par des gardiens.

D’autres images montreraient des prisonniers subissant des sévices sexuels.

Des centaines de personnes se sont rassemblées au centre de Tbilissi aujourd’hui après que deux chaînes proches de l’opposition ont diffusé la vidéo.

Au cas où vous vous demandez pourquoi la révolution des BALAIS. Une des vidéos montre un homme à demi-nu qui pleure et implore la pitié pendant qu’il est battu puis violé avec un balai.

 

Protesters burn brooms in Tbilisi, Georgia © Georgian Photographers

Les manifestants brûlent des balais à Tbilissi, en Géorgie © Georgian Photographers

Protesters burn brooms in Tbilisi, Georgia © Georgian Photographers

 

Quand le Ministre des Peines, de la Probation, et de l’Assistance juridique a démissionné au lendemain de la diffusion des vidéos, le blog Les Jeunes Géorgiens a informé ses lecteurs des nouvelles revendications des manifestants :

Des milliers d’étudiants ont défilé dans les rues de Tbilissi mercredi pour protester contre les sévices et viols dans les prisons géorgiennes. Des vidéos perturbantes de prisonniers torturés par des gardiens ont fuité à la télévision et ont aussitôt fait sortir les Géorgiens de chez eux se dresser contre les violences. Une manifestation a été organisée par les étudiants de l’Université d’Etat de Tbilissi, qui ont été rejoints par toutes les principales universités. A 15h30 les étudiants se sont dirigés vers la Radio-diffusion publique géorgienne (GPB) où ils ont demandé que celle-ci diffuse les vidéos. Après avoir négocié avec le directeur général de la GPB les étudiants ont marché vers le Ministère des Affaires Intérieures où se sont joints à eux des automobilistes et des habitants du quartier. Les étudiants ont exigé la démission du Ministre des Affaires Intérieures Bacho Akhalia et plusieurs autres responsables. Des manifestations se sont tenues dans toutes les grandes villes de Géorgie et à travers l’Europe.

Gldani Prison Abuse Protest, Tbilisi, Georgia © Onnik Krikorian

Gldani Prison Abuse Protest, Tbilisi, Georgia © Onnik Krikorian

Tamada Tales rapporte que leurs revendications ont été satisfaites :

Par une décision confirmant la gravité de la crise politique à laquelle est confronté le gouvernement géorgien sur les vidéos documentant les sévices physiques et sexuels contre les prisonniers géorgiens, le Ministre de l’Intérieur Bacho Akhalaia a présenté le 20 septembre tard sa démission au Président géorgien Mikheil Saakashvili, a rapporté la télévision Rustavi2.

[…]

L’annonce de sa démission a été saluée par des cris de joie et un concert de klaxons devant la Philharmonie de Tbilissi, où une manifestation nocturne était en cours.

Et sur Twitter :

@ZoeReyners: Démission du ministre de l’intérieur Akhalaia

@SabineICG: Significatif : Le Ministre des Affaires Intérieures Akhalaia qui démissionne était le directeur des prisons lors du dernier scandale des prisons en 2006 avec 7 morts. Fin de l’impunité ? #Georgia

L’auteur, et ex-éditeur de Global Voices pour le Caucase, Onnik Krikorian, a lui aussi documenté les manifestations, en particulier celles des étudiants. A l’heure où était écrit ce billet, les manifestations se poursuivaient, quoique plus réduites en soirée.

Gldani Prison Abuse Protest, Tbilisi, Georgia © Onnik Krikorian 2012

Gldani Prison Abuse Protest, Tbilisi, Georgia © Onnik Krikorian

 

 

 

Creative Commons License

Ecrit par Onnik Krikorian · Traduit par Suzanne Lehn