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Président despote et anti constitutionnel

Force est de constater que la Vème République, a accouché d’un monstre : une « monarchie » présidentielle autiste. Arrivé à la tête de l’État par le suffrage universel, le président de la république s’assied sur la constitution (explications plus loin), nomme et conserve des collaborateurs -qui ont trahi les fondements de la république, de la constitution et la démocratie- aux postes clés de l’État, et garde un silence assourdissant sur les turpitudes de son équipe dirigeante.
Jamais, alors qu’il est arrivé à son poste par la voix du peuple, il ne rendrait des comptes ou ferait une auto-critique de tels errements, ou des dysfonctionnements répétés de ses collaborateurs. Il semble vouloir garder jusqu’au bout, au mépris de la transparence, les yeux fermés sur la réalité objective des faits.
La rhétorique de toute son intervention du dimanche 27 février est toute à l’image de sa politique : peur, division, verbiage, vision à court terme, promesses intenables. On constate ainsi la mise en place d’une campagne électorale, alors qu’on serait en droit d’attendre de lui encore un an de gouvernance … ça promet …

Soutiens hasardeux et choix électoraux :
Quoiqu’il en dise, les choix de sarkozy sur le personnel politique qui l’a secondé ne se fîrent pas en fonction des compétences, mais en fonction de la confiance qu’il peut lui accorder dans la tenue idéologique stricte de sa vision gouvernementale personnelle. Il cherche donc visiblement à s’entourer de fidèles en vue des élections, plutôt que de gens compétents pour gérer le pays.
Cela se déroule de surcroît au mépris du passé judiciaire ou des comportements illicites ou illégaux des collaborateurs. Voyons plutôt :
Gérard Longuet : Ministre en 1993 sous Edouard Balladur, il est touché par une sombre affaire de financement du PR (Parti Républicain, qui le renvoie à l’affaire de Karachi) en 1995 qui l’amène en garde à vue en mai 2001 pour recel de corruption dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France, et d’une accusation de recel d’abus de crédit pour sa villa de Saint-Tropez (sic !). Il sera blanchi de toutes les accusations en 2005 et bénéficiera d’un non-lieu le 8 mars 2010, grâce à la loi d’amnistie de 1990 sur les financements politiques. Durant l’été 2010 (source Mediapart), il touchait une rémunération de GDF-Suez, alors qu’un débat parlementaire sur la libéralisation du secteur énergétique était en cours. De septembre 2008 à décembre 2009, il a aussi touché un salaire à travers sa société de consulting Sokrates (créée en 2000), pour un travail de réflexion (conseil et gestion de projet), mais aussi d’influence vu sa position au Sénat d’ animateur de la majorité sénatoriale.
Alain Juppé : c’est en date du 30 janvier 2004, au tribunal de Nanterre, qu’il est reconnu coupable d’avoir employé avec l’argent public, pour l’usage unique de son parti, sept permanents censés travailler à la ville de Paris. En droit, cela se nomme « prise illégale d’intérêt ». Il est ainsi condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, et à une peine d’inéligibilité de cinq ans. Il part alors au Canada, où il enseigne à l’École nationale d’administration publique, ce qui créée de certains remous, vu son casier judiciaire … confier à un délinquant politique la formation de futurs hommes politiques a de quoi chatouiller même l’éthique la plus frivole.
MAM : On ne reviendra pas sur ses turpitudes, mensonges et manipulations, relations sulfureuses avec le dictateur Ben Ali et ses proches, trafic de société immobilière sous le nom de ses parents, propositions d’envoi de troupes françaises pour mater la rébellion tunisienne, le tout masqué derrière un discours de respectabilité, d’intransigeance et de dévouement total à la mission publique.
Brice Hortefeux : Condamné deux fois (pour « propos racistes » et atteinte à la « présomption d’innocence ») pour des faits gravissimes quand il s’agit du ministre de l’intérieur -qui est constitutionnellement garant de l’indépendance de la justice- ; c’est sur les épaules de ce serial-dérapeur auvergnat que sarkozy aura fait peser les plus lourdes responsabilités de son quinquennat.
POM : Patrick Ollier, compagnon de MAM, est le Monsieur Lybie du gouvernement. Il est président du groupe d’amitié France-Libye qu’il a fondé, il est aussi médiateur des rapport avec la Lybie depuis 2002, pour la négociation de contrats civils et militaires. Il est touché par une affaire de locations d’avions de Kadhafi à Aziz Milled (re-sic!!) pour le transporter lors de ses voyages en Lybie. (voir ici)
Karachi : On retrouve par ailleurs (entre autres acteurs) sarkozy, Juppé, Longuet et Nicolas Bazire (un proche de sarkozy) dans l’affaire de l’attentat de Karachi, qui n’a pas encore révélé tous ses secrets (voir ici).

Un président anti-constitutionnel :
Lors de son allocution du dimanche 27 février, sarkozy n’a pas eu un mot pour les errements de MAM, comme il n’a jamais reconnu les malversations de Woerth l’an passé dans le cadre du dossier Bettencourt qu’il a remis dans les mains d’un procureur nommé par lui et acquis à sa cause : Philippe Courroye.
Il a donc justifié ce remaniement uniquement par les peurs que pourraient provoquer les révolutions dans les pays arabes ; flux migratoires ingérables, montée de l’islamisme, mise en place de dictatures encore plus violentes, instabilité politique dans ces régions menaçant l’équilibre du bassin méditerranéen … fi de l’immense espoir qui pourrait découler de cette appel à la démocratie, à la liberté, dans ces pays depuis trop longtemps aux mains de familles mises en place ou maintenues par les gouvernements américains et/ou européens.
La moindre des choses eut été de reconnaître, au sujet de ces collaborateurs fautifs, des manquements graves à leurs missions de responsables d’État, postes qui réclamaient probité, responsabilité, honnêteté, et transparence complète comme promis lors de sa campagne. En lieu et place de cette prise de responsabilité attendue : autisme, mutisme, langue de bois et manipulation grossière.
Enfin, il ne faudrait pas oublier qu’il est lui même hors des limites de la loi ; la constitution de notre Vème république stipule en effet que :
- le président de la république nomme un premier ministre.
- le premier ministre nomme ensuite les membres de son gouvernement.
Ces garanties vitales permettent, par exemple, à un gouvernement de fonctionner normalement en période de cohabitation (exemple : Chirac et le gouvernement Jospin). Hors là, clairement dans son discours, nous entendîmes « J’ai » nommé Juppé, « J’ai » choisi Longuet. Voici donc que le président de la république nomme directement les ministres ? On croit rêver …

Une gouvernance despotique :
Nous avons là un président qui s’assied allègrement sur les termes de la Constitution, qui l’adapte à son goût personnel. Un récidiviste, car il se fit déjà taper sur les doigts unanimement lors de sa chasse ouverte aux Roms, en contradiction complète avec la « Déclaration universelle des droits de l’Homme ».
Ce comportement n’est pas digne d’un pays démocratique, mais plutôt d’une monarchie despotique dotée d’une vision éléctoraliste à court terme, dont tout le discours est basé sur la provocation de l’affect et l’absence d’analyse, avec un seul but : garder le pouvoir au prix des pires compromissions.