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Regard sur les Philippines

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Les désastreux impacts du typhon Haiyan aux Philippines ont envoyé  un grand coup de projecteur sur ce pays discret logé au coeur du  sud-est de l’Asie. Discret, car bien que dynamique ce pays ne peut être comparé culturellement à ses plus proches voisins, Malaisie et Indonésie. Il est bien parsemé de plages  paradisiaques et la réputation des tensions ethniques, religieuses et  terroristes même au sud du pays sur l’ile de Mindanao, avec le groupe Abu sayef,  n’est plus à faire. Mais que dire encore ? Demandez a 10 personnes ce qu’ils connaissent de sa culture,  de ses richesses ? Et peu pourront vous en dire d’avantage.
Pourtant…..la culture Philippines, dont le pays se nomme au pluriel, est aussi complexe que les  7, 107 iles qui le composent. Ceci est dû en partie à son histoire douloureuse marquée par 377 années de colonisation espagnole (1521-1898)  qui ont converti de force ses habitants aux catholisme  alors que la plupart étaient animistes. Les seuls à  opposer une offensive résistance furent les musulmans vivant sur  l’ile de Mindanao située tout au sud du pays,  jamais conquise. En 1898, l’ Espagne vend les Philippines aux américains pour une somme de 20,000.000 de $ à travers le traité de Paris signé le 10 décembre.  Les philippins vont alors connaitre une période complexe de leur  histoire sous la domination des américains contre qui ils feront une guerre,  un protectorat, des rebellions permanentes et des appels à l’aide qui seront entendus lorsque les japonais, à leur tour,  viendront les envahir de 1941 a 1946 durant une guerre sanglante.  Finalement c’est en Avril 1946 seulement que Manuel Roxas deviendra le  premier président de la république indépendante des Philippines.
L’  histoire de ce pays a encore des impacts très forts dans leur culture  actuelle. En effet, si l’histoire de nombreux européens est marquée par  des mouvements de citoyens qui ont façonné profondément leur système  politique, les Philippines se sont construites sous la pression d’autres nations qui leur ont interdit le simple droit à  une identité propre décidée par des citoyens libres selon leur choix. Ceci  a encore de nombreuses conséquences dans la société Philippines, faite  de résistance passive, de silence, d’un manque de communication même au  sein de la famille malgré une apparence ouverte, gaie et très occidentalisée.
Dans ce pays où 35 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où  une poignée de familles milliardaires  a tout pouvoir car ce sont des  oligarques, les tensions sont nombreuses et la paix y est fragile  malgré une apparente sérénité.
Economiquement,  la richesse du pays qui venait de leur production de cophra et de  l’exportation de leur bois exotique a été remplacée depuis 15 ans par de  l’émigration massive (1 philippin sur 10 travaille principalement  comme marin, femme de ménage, nounou et aide-soignant à Hong-Kong, dans le Golfe Persique, au Canada et aux States). Si cela a créé des rentrées d’argent conséquentes dans le pays car la loi les oblige à envoyer une part de salaire à leur famille, ceci n’enrichit  hélas pas le pays en industries mais en immenses supermarchés que l’on nomme malls, où seuls les plus riches peuvent se détendre dans le temple de la consommation. Ce phénomène, hélas, renforce un sentiment d’injustice pour les plus pauvres qui ne peuvent y avoir accès : il est courant de rencontrer des ouvriers agricoles qui travaillent pour un salaire de 2000 à 3000 pesos par mois (32 a 47 euros /mois seulement) ce qui ne leur permet même pas de se nourrir décemment.
La  situation de Tacloban inflige un douloureux rappel de l’existence de  ces millions de gens trop souvent oubliés. En effet,  la plupart des  vidéos filmées soulignent bien que les débris de cette catastrophe sont  fait  en grande partie de bois, de bambous,  de plastiques et de toits en paille qui sont la demeure commune des  plus pauvres. Il est aussi intéressant d’observer les lieux où ils  trouvent refuge : sous les nombreux hangars qui couvrent des terrains de basket ball, dans les églises (qui sont extrêmement  riches). Seules quelques maisons individuelles en béton et qui  appartiennent aux plus riches de la population sont encore debout … tout un symbole.
Gaelle Truggelmann