Politiques : Mieux servis par soi-même
Sénateur, parlementaires ou ministres qui nous gouvernent et décident pour nous quelle sera notre participation financière à la bonne marche de l’État, logent-ils à la même enseigne que leurs administrés quand il s’agit de partager les efforts ou préparer sa retraite ? Ceux là mêmes qui votent des lois d’austérité appliquent-ils à leur encontre les sacrifies qu’ils exigent de leurs concitoyens ?
Penchons nous sur les trains de vie de ces hommes publics, et voyons comment ils déclinent la notion de solidarité et de partage équitable, écrite au fronton de nos mairies, « LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ » …Sans rire….
Le cumul de fonctions électives :
La pratique la plus répandue dans le monde des élus est le cumul des mandats. D’une part il permet de beurrer les épinards, et d’autre part de se faire connaître au niveau local et national, donc de se faire réélire pour ne pas tarir les sources. En 1936, seul un tiers des députés détenaient un mandant local, mais à partir de 1988, ils sont 96% à en bénéficier. Aujourd’hui, seul 72 députés sur 577 ne cumulent pas de mandats, et encore, hors intercommunalité. Chez les sénateurs 76% sont des élus locaux, et près de 350 ont un mandat intercommunal. Bernard Accoyer est à la fois maire, et premier vice-président d’une communauté de communes. Gérard Larcher est aussi maire, conseiller dans une communauté de commune.Pour tout ces gens, les revenus mensuels peuvent alors atteindre 15700€ nets malgré les soi-disant plafonds légaux imposés…
Les fonctions annexes rémunératrices :
Dans les faits, les députés se voient interdits de remplir certains emplois. On voit à travers différents scandales de conflits d’intérêts ce qu’il en est dans les faits, mais en tout cas dans les textes, il est tenté de mettre des freins aux dérives. Mais une loi de 1991 permet à une certaine catégorie de fonctionnaires et responsables publics, s’ils ont exercé pendant huit ans, de s’inscrire au barreau sans diplôme et sans formation, et ainsi de devenir avocats, après avoir prêté serment !! C’est pourquoi on voit bon nombre de parlementaires ou d’ex-parlementaires avec la robe d’avocat, en plus de leurs fonctions électives cumulées ou non. Tel Jean-François Coppé, qui est aussi maire, président de communauté d’agglomération, président de l’UMP , dont le salaire d’avocat atteint 200 000 € annuels. Tels aussi Rachida Dati, ou encore Noël Mammère et bien d’autres. Renaud Muselier est lui vice-président de la communauté de communes de Marseille, député et maire de secteur à Marseille, et aussi directeur de clinique. Jean-Sébastien Vialatte, est vice-président d’une communauté d’agglomérations, député-maire, et dirige un cabinet d’analyses médicales. Jérome Cahuzac est tout à la fois député-maire, vice-président d’une communauté d’agglomération, et chirurgien à Paris.
Un coût global en hausse des institutions :
L’assemblée nationale coûte cher, et son coût, à l’inverse des dépenses de santé, d’éducation ou de recherche, ne cesse de croître. De 491 millions € en 2005, il est monté à 508 millions € en 2008 (rapport de Gilles Carrez rapporteur général de l’assemblée nationale). L’Assemblé Nationale et le Sénat ont coûté en 2007 respectivement 309 et 575 millions€, alors qu’une politique d’austérité étrangle tous les secteurs des services publics Comme ce sont des questeurs issus de ces institutions qui décident des montants à allouer, il n’est pas envisageable de les voir se tirer une balle dans le pied en réduisant leur manne financière. Les magistrats de la cour des comptes, évaluent à 1 million€ les dépenses qui auraient pu être évitées. Outre les pertes brutes comme les gaspillages inutiles, la rémunération des fonctionnaires de l’Assemblée est jugée de 75% à 150% supérieure à celle de la fonction publique, et le budget alloué aux diverses indemnités des élus avoisine les 290 millions€ en 2009.
Des avantages, encore des avantages :
C’est aussi l’État qui leur paye le TGV en première classe, le téléphone, le taxi, voire l’hôtel quand ils siègent à Paris, leur fournit une voiture du parc automobile (une quarantaine au total). Mais les parlementaires moins nombreux qui occupent une fonction plus importante (présidents, vice-présidents, questeurs) bénéficient d’avantages plus conséquents : voiture de fonction, bureau, personnel de service, salaires majorés, et pourquoi pas hôtel particulier, ou logement de fonction, avec majordome, domestiques, femmes de ménages et cuisiniers (au pluriel pour plats et desserts). Un luxe royal en démocratie républicaine élective…où est passé le « égalité » au fronton de nos mairies ?
Les voyages formant la jeunesse, un hobby majeur est le « voyage d’étude », financé par le Sénat ou l’Assemblée. Ceux ci ont coûté rien que 7 millions € en 2006 (il est parfois difficile de trouver des informations précises plus récentes, la timidité sans doute ?). Députés et sénateurs se déplacent ainsi au Maroc, en Afrique ou Amérique du Sud, ou en Mongolie (le député François Trucy du Var les a tous faits de 2002 à 2005)
L’égalité devant les retraites :
Nous avons vu nos députés prompts à augmenter la durée de cotisations pour les retraites, et reculer l’âge légal de départ à la retraite, pour les citoyens que nous sommes. Qu’en est-il de la situation des députés et sénateurs par rapport à leur régime de retraite ? Déjà, ils touchent une retraite au bout des cinq ans de leur premier mandat, s’il n’en ont pas un second. Pour cela ils cotisent « double », et s’il effectuent trois mandats, ils obtiennent donc en quinze ans l’équivalent de trente ans de cotisations. Avec ces trois mandats, ils partent donc avec 4778 € mensuels de retraite. Pour ceux qui ont atteint les 22 ans de présence parlementaire, c’est le jackpot, soit 5978 € mensuels. Comme ces retraites ne sont pas issues de « salaires » mais « d’indemnités », elles peuvent être cumulées avec d’autres sources de revenus, privés ou politiques, ainsi qu’avec d’autres pensions. Devant le tollé provoqué par la mise en vitrine de ces avantages en temps de crise, force a été de légèrement réformer ce régime.
Déjà, la réformette de leur régime avantageux a été reportée à 2012, pour leurs successeurs sans doute ?. Le principe de la « double cotisation » n’a pas été remis en cause : députés et sénateurs partent au bout de cinq ans avec la même retraite, soit 1500€ pour les députés et 1869€ pour les sénateurs. Seule, l’adjonction d’une autre pension issue d’une autre activité salariée devrait être interdite. Ces dernières ont coûté en 2006 pas moins de 60 millions€ à l’Assemblée, quand les cotisations ne rapportaient que 22 millions. Qui met la différence ? L’État…
Et si je perds mon siège de député ou sénateur ? : Élu étant un métier précaire, en cas de non-réélection il existe des parades pour ne pas pointer au chômage. Grâce aux réseaux mis en place lors des différents mandats, et des appuis politiques, il est toujours aisé de se voir recasé dans des postes au moins aussi bien rémunérés qu’auparavant. Missions, commissions, comités au service de l’exécutif, sont de bonnes pistes pour réemployer des amis non réélus. Ce tour de passe-passe ne s’est jamais si bien porté que sous nicolas sarkozy.
Le conseil économique, social et environnemental, qui n’a qu’un rôle consultatif, est le bureau de placement prioritaire des battus aux élections. Il est constitué de 344 membres payés 2500€ par mois. Mais il existe aussi dans chaque région un conseil économique et social local donc, dont les membres sont payés par le conseil régional, quand le conseil national est saturé. Suite aux élections, on voit ainsi brusquement monter le nombre d’inspecteurs généraux de la fonction publique, de manière à recaser les battus. Ces fonctionnaires, nommés en surnombre en période de restrictions drastiques du fonctionnariat, viennent encombrer les effectifs des administrations, très grassement rétribués, sans en améliorer l’efficacité.
Mais on ferme des classes, on supprime des postes de chercheurs, on réduit les dépenses de santé, on ferme les hôpitaux, écoles, casernes en raison de la crise.
C’est aux priorités de la classe politique que l’on voit ses projets de société et l’importance qu’elle octroie aux citoyens de la démocratie qui les a élus sur leurs promesses, pour le bien du plus grand nombre.