Accueil DEMAGOCRATIE Guerre des classes : le libéralisme vainqueur par KO

Guerre des classes : le libéralisme vainqueur par KO

La lutte des classes existe bien, et pour l’instant, l’oligarchie industrielle et financière  mondiale en sort grande gagnante. Que ce soit au niveau d’un État, d’une communauté d’États ou au niveau mondial, force est de constater la grande victoire (momentanée) de l’ultra-libéralisme. Les techniques et méthodes utilisées, fourbies de longue date, mélangent étrangement finance, politique, droit, légalité et illégalité couvertes par la loi.

Faisons le tour du propriétaire …

Politique, droit et finance :

Nous vivons au siècle des réseaux. Pour dominer les masses populaires regroupant les laissés pour compte du capitalisme, les travailleurs pauvres et les classes dites « moyennes », les oligarchies ont mis en place des réseaux.
Ceux ci sont composés des familles détentrices d’actions des grands groupes industriels, des grands patrons de groupes financiers et assuranciels, et d’une cohorte d’experts en droit (avocats d’affaires, conseillers divers) issus des grandes familles, et sortis tout droit de HEC, l’ENA, l’X et autres écoles prestigieuses.
Les bourgeons visibles de cette puissance, sont les hommes politiques, qui, de façon plus ou moins explicite, mettent en place les outils pour préserver ou améliorer la marge de richesse de la caste qu’ils défendent.
La mise en évidence de cet état de fait a émergé de façon extra-explicite sous la dernière présidence, et c’est en cela que nous devons remercier nicolas sarkozy ; il a, en effet, fait preuve d’un tel cynisme et mépris pour ceux qui sont hors de cette oligarchie, d’un tel étalage de pratiques populistes, qu’il a perdu toute retenue et a pratiqué au grand jour ce qui se faisait en catimini jusqu’alors.
Il suffit de voir quels étaient les invités du Fouquet’s au soir de son élection, pour déterminer si le « Président de ceux qui se lèvent tôt » est bien leur représentant.
Se trouvaient là, hors monde politique :
- Dominique Dessaigne, Président du conseil de surveillance du groupe Barrière (hôtels de luxe et casinos), qui préta un hotel particulier à n. sarkosy dans la villa Montmorency (Paris) pendant la campagne.
- Vincent Bolloré, président de Havas et du groupe Bolloré, qui est aussi présent dans les conseils d’administration d’autres groupes important (presse, télévision, transports, logistique)
- Martin Bouygues, PDG du groupe du même nom, présent dans le BTP, l’immobilier, les télécommunications et divers médias (presse et télévision), parrain du fils de n. sarkozy.
- Bernard Arnaud, PDG de LVMH, dont la principale actionnaire est Mme Bettancourt, qui lui est la première fortune de France, avec un patrimoine de 23 milliards d’euros.
- Serge Dassault, PDG du groupe industriel Marcel Dassault, célèbre avionneur, qui se diversifie en créant des logiciel pour l’industrie via Dassault Système. Il a aussi diversifié ses activités comme les autres dans les médias, en détenant 100% du groupe Figaro
- Jean-Claude Decaux, numéro un mondial du mobilier urbain
- Paul Desmarais,  Canadien milliardaire, président, administrateur de très nombreux groupes industriels et financiers.
- Albert Frère, milliardaire Belge, homme d’affaire très diversifié.
- Agnes Cromback dirigeante de la branche française de Tiffany (groupe international de joaillerie).
- Mathilde Agostinelli directrice de la communication chez Prada.
- Antoine Bernheim, du monde de la banque et des assurances.
- Alain Minc, administrateur de sociétés diverses, patron d’une entreprise de conseil au carnet d’adresses bien rempli.
- et pour amuser la galerie, on y trouvait aussi, Johnny Hallyday, Christian Clavier, Jean Reno, et … Bernard Laporte !

Placer des fidèles aux postes clés :

n. sarkozy, pour le compte des ces réseaux, place des hommes de confiance à la tête d’organismes importants. Sans se soucier du mélange des genres, des conflits d’intérêts, il confie des missions publiques, ouvertement hors de l’éthique démocratique ou constitutionnelle, à des hommes et femmes issus du mondes des affaires privées.

François Pérol, par exemple, a été nommé en 2009 à la tête de BPCE (fusion de Banque Populaire et Caisse d’Epargne), alors qu’il avait, pour le compte du président, organisé cette fusion. Il est aussi spécialiste de montages industrialo-financiers. Il a travaillé à la banque Rothschild, ce qui explique sans doute qu’en tant que président de la BPCE, il cède son secteur immobilier (Nexity et Foncia) à cette banque (Canard Enchaîné du 3 mars 2010). Poursuivi pour « prise illégale d’intérêts » en juin 2010, il reçoit toutefois la légions d’honneur en juillet 2010.

Stéphane Richard, inspecteur des finances, ancien de l’ENA et HEC, s’active hors de toute conviction politique (il a travaillé avec DSK). Il a été directeur de cabinet de Boorlo, puis de Christine Lagarde. C’est un ancien de Vivendi, patron de la branche immobilière de Nexity (tiens, tiens !). Il remplace Didier Lombard à la tête de France Télécom le 1er février 2010. Placé en garde à vue en qualité d’ancien de Vivendi (dépassement de permis de construire de 45 000 mètres carrés), il a reçu la légion d’honneur quelques mois après.

Henri Proglio, l’homme qui incarne le mélange privé/public, a bénéficié de deux emplois et deux salaires (Véolia et EDF). Ce qui a soulevé un tolé général est le fait qu’on nomme à la direction d’une entreprise d’Etat, un PDG d’une entreprise privée concurrente par ses activités même.

M. Dehecq qui pilotait le comité d’orientation de la caisse des dépots et consignations, est aussi président du conseil d’administration du groupe Sanofi-Adventis.

Patricia Barbizet chargée d’animer le comité des investissements de la Caisse des dépots et consignations est administrateur-directeur général d’Artémis et de la Financière Pinault.

La liste est bien plus longue, mais on comprend comment le pouvoir place à des postes clés du public, des hauts responsables de sociétés privées dont l’activité est nettement concurrente de ces services publics. C’est notoirement un comportement de cette oligarchie que de casser le service public au profit des entreprises privées concurrentes.

Le pire, c’est que le successeur de sarkozy, de gauche comme de droite, laissera en poste ces personnes qui ont partagé les bancs des hautes écoles avec nos hommes politiques.

Mondialisation et concentration du super-pouvoir :

La force de cette oligarchie politico-industrialo-financière est qu’elle s’est mondialisée, grâce à la dérégulation et aux facilités conférées par l’application de l’ultra-libéralisme.
Ce qui permet de justifier une pseudo-vérité économique : « nous ne pouvons échapper à la mondialisation de l’économie ».
La participation d’un groupe restreint à une grande majorité des conseils d’administration des très grands groupes, permet à chacun de conserver ses prérogatives au sein des ses conseils, à charge de revanche pour les autres.

Prenons par exemple le conseil d’administration de Total :
-PDG depuis 2000, Thierry Desmaret est aussi Administrateur d’Air liquide, de Sanofi-Aventis et de Renault.
- Christophe de Margerie est en plus Membre du conseil de surveillance de Vivendi.
- Patricia Barbizet est directeur financier du groupe Pinault, vice-président du groupe Pinault-Printemps-Redoute, administratrice de Gucci, Yves Saint Laurent, le Point, la Fnac …
- Daniel Bouton, qui est également administrateur chez Véolia, et il crée en septembre 2009 sa propre société du conseil, dont le principal client est la banque Rothschild & Cie.
- Bertrand Collomb, préside le groupe Croissance et il dirige la Commission de régulation de l’Institut de la finance internationale (IIF) depuis 2002. Président de l’IFRI, il est en outre membre du Comité Directeur de l’Institut Européen de Technologie (EIT) ainsi que du Forum Européen de Gouvernance d’Entreprises (ECG). Il est également Président du Conseil d’Orientation Stratégique de ParisTech regroupant 12 grandes écoles d’ingénieurs et de gestion parisiennes. Retraité de la présidence Lafarge pour 1 million d’€uros par an.
- Paul Desmaraix fils, quand à lui, est actionnaire principal du groupe Total (nous avons parlé de lui plus haut).
- Anne Lauvergeon est en plus administratrice du groupe Suez et de Vodafone, PDG de la compagnie générale des matières nucléaires (devenue Areva en 2001), membre du CE du Medef.
- Michel Pebereau est aussi président de BNP-Paribas, au comité de surveillance d’Axa, administrateur des Galeries Lafayette, de Lafarge, de Saint-Gobain. Président depuis 1988 du conseil de direction de l’Institut d’études politiques.

Ce qu’on constate chez Total se pratique ailleurs, dans un grand nombre de Conseils d’administrations. En plus de se soutenir réciproquement, la seule présence au sein des conseils d’administration est porteuse de revenus supplémentaires par le biais des jetons de présence, et la somme des parts de chaque « allié » permet de concentrer et assurer le pouvoir décisionnaire final dans les mains en fait d’un petit nombre d’actionnaires majoritaires.

La concentration de tant de pouvoir décisionnaire, aux mains d’un nombre restreint de gestionnaires appartenant à cette même caste, pose un problème d’ethique fondamental -quand à la présence des ces personnes dans l’appareil politique ou à la tête de services publics.

Sans parler d’un complot international ourdi par on ne sait quelle société secrète, on peut juste parler d’une mise en place d’une stratégie bien rodée, visant à installer de façon durable l’ultra-libéralisme comme unique réponse possible au fonctionnement du capitalisme, tout en utilisant les États comme outils pour maintenir de façon « légale » les prérogatives installées de haute lutte et en se servant des grandes masses populaires comme fond monétaire de sécurité en cas de crash -notamment par le biais des États salvateurs qui récupèrent les errements en sauvant la situation.
On peut d’ailleurs vérifier cet état de fait via le renflouement récurrent par tous les Etats du secteur financier et des grandes banques qui s’auto-plombent de leurs dérives spéculatives, par exemple dès 1929 (journées dites « noires ») ou, plus récemment, les actifs pourris de 2007 (crise dite des « subprimes »).

Tant que le « profit avant tout et à tout prix » sera le moteur des industries et des organismes financiers, cette oligarchie restera installée à la tête des Etats, comme autant de sentinelles surveillant les décisions des politiques qu’ils ont installés et soutenues, interchangeables, entristes opportunistes et sans aucun état d’âme envers les travaillleurs qui les enrichissent pourtant par leur production et/ou leur consommation .

Sources : le Président des riches de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Enquête sur l’oligarchie dans la France de nicolas sarkozy. aux éditions ZONESà découvrir ici