Accueil DEMAGOCRATIE Le clan Sarkozy : Démolition programmée d’un système social

Le clan Sarkozy : Démolition programmée d’un système social

Au moment ou le gouvernement s’affole, faisant passer en force sa réforme, en restant sourd et aveugle aux mouvements de mécontentement, au moment où aussi le Parlement et le Sénat votent dans l’urgence l’adoption, il apparaît que rien ne fera reculer nos dirigeants, comme si les véritables enjeux de cette réforme nous échappaient…

Se référant aux avis des agences de notations, Dieux modernes de l’ultra-libéralisme, agences qu’il ne faut pas décevoir ou fâcher, cette réforme devrait nous rendre crédibles sur le marché international et donc éviter que la crise nous engloutisse un peu plus. C’est taire l’appartenance de ces agences à l’économie ultra-libérale, les rendant à la fois juge et partie, au service d’un pays qui a vu naître la crise, et qui ne sont soumises à aucune autorité indépendante, sauf celle du marché et des profits. Les décisions de ces agences, dont dépendent la santé économique de nombreux pays en crise, se font dans l’opacité la plus totale.

Mais personne n’est vraiment dupe : ni l’envie de sauver les protections sociales à la française, donc par solidarité, ni la pseudo soumission aux agences de notations américaines, ne semble expliquer cette obstination aveugle à faire passer vite et coûte que coûte cette réforme pourtant tant décriée.

Déjà a émergé la collusion entre la reforme des retraites et l’arrivée et le développement de la société Malakoff-Mederic, sur la prise en main des retraites par capitalisation par le frère Sarkozy.

Mais peu à peu se dessine la silhouette d’ensemble d’un projet bien programmé

Programmer la migration de la répartition vers la capitalisation :

Malakoff Mederic (MM), dont un des dirigeants est Guillaume Sarkozy, vient de créer « Sevriena », une nouvelle société d’assurance spécialisée dans la retraite par capitalisation, dont le dirigeant est justement Guillaume Sarkozy. Cette antenne de MM s’est créée en partenariat avec la Caisse nationale de prévoyance (CNP Assurances), premier assureur de personnes en France avec un chiffre d’affaires de 31,5 milliards d’euros en 2007. Pourquoi MM prendrait le risque d’ouvrir maintenant une branche supplémentaire multipliant ainsi les risques liés à la crise et au peu de moyens des consommateurs ? La proximité de cette création avec la ratification et le vote supersonique d’adoption de la réforme, est-elle une coïncidence  ?

N’oublions pas que le 25 janvier 2010, sur TF1, Nicolas Sarkozy déclarait : »« Je garantirai la pérennité du régime de retraite…Je ne changerai pas le régime par répartition (…) par un régime où chacun épargnerait de son côté…La seule piste que je ferme tout de suite, c’est celle de la diminution des pensions… Les pensions sont trop basses… ».

Alors pourquoi ce revirement de situation si ce n’est que de servir des intérêts autres, qui semblent eux avoir été minutieusement programmés :
Dans le projet de réforme des retraites adoptés par l’Assemblée et le Sénat, se trouve un « titre V » consacré à la retraite par capitalisation ( cf Politis du jeudi 23 septembre 2010).

Ces dispositions ne sont pas le fondement de la réforme, mais cette partie nommée «Mesures relatives à l’épargne retraite», propose dans l’article 32 une série de mesures sur cinq pages, qui vont profondément remodeler la réglementation de la retraite par capitalisation, au profit des banques et assurances qui vont se lancer dans ce juteux futur nouveau marché.

Noyée dans la complexité du texte, ces mesures sont passées inaperçues dans le brouillard du jargon administratif, et le côté « explications pédagogiques » tant mis en avant par le gouvernement, n’a pas été ici mis en œuvre pour mettre à plat les conséquences de leur application ! Mais cela expliquerai plutôt l’empressement et l’urgence de MM de placer cette filiale sur le marché des retraites complémentaires par capitalisation, afin d’y décrocher rapidement une place de choix.

Construire un Trust au service de la capitalisation :

Aux États-Unis, les fonds de pension sont gérés, entre autres, par le Carlyle Group, même si la crise a eu raison de sa filiale spécialisée dans les fonds de pension « Carlyle Capital Corporation (CCC)« , dont les pertes financières on été réparties par cloisonnement sur toutes les filiales du groupe, au détriment des cotisants qui eux ont vu leur épargne disparaître. (cf film de Michael Moore)

Ce groupe a pour projet de s’associer avec Sevriana de MM, la société Quatrem et CNP Assurance, afin de peser lourd sur le marché des retraites complémentaires français.

Nous aurons donc un trust mélangeant le public et le privé, avec La Caisse des dépôts et consignations qui est une institution publique présidée par un parlementaire. Autre partenaire, la Caisse nationale de prévoyance (CNP) qui est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque postale et du groupe Caisses d’Épargne (lui-même présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée).
La Caisse des dépôts gère les « Fonds de réserve des retraites », appartenant au domaine public, que va-t-elle donc faire dans un système qui gère un système par capitalisation ?

Le groupe Carlyle détiendrait 52 milliards d’euros d’actifs répartis dans 60 fonds, soit 774 transactions réalisées depuis 1987. Son portefeuille immobilier est estimé à 20,3 milliards d’euros, dont 8,6 milliards investis en Europe (France, Italie, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne, Danemark et Finlande).

Pour cerner l’esprit qui anime cette entreprise, il faut savoir qu’en 2003, le Groupe Carlyle achète à l’État français les locaux de l’Imprimerie nationale, qui est démantelée, pour 85 millions d’euros. L’État lui rachète en 2007 ces mêmes bâtiments pour en faire le nouveau ministère des Affaires étrangères, pour 376,5 millions d’euros, soit 4,5 fois le prix de départ après environ 120 millions d’euros de travaux. (source wikipedia)

Le groupe Carlyle n’est pas coté en bourse, et cela présente plusieurs avantages non négligeables pour lui… Hors du circuit boursier, Carlyle n’est pas obligé de divulguer à la Security Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières, équivalente à la COB en France) le nom des associés, des actionnaires, ni leurs parts respectives. Cela permet également de dissimuler les détails des opérations gênantes.

Où cela devient plutôt intéressant, c’est que le 3 mars 2008 Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy) est nommé codirecteur des services financiers du groupe, et il  copilote l’activité mondiale de services financiers de Carlyle Group.

Deux ans plus tard, la réforme des retraites passe en force en France, avec un clan Sarkozy qui va y trouver plus que des avantages. Conflit d’intérêts ?

Nous verrons un autre jour le conflit d’intérêt qui s’était installé entre le lancement du grand plan Alzheimer et la présence du quatrième frère François Sarkozy, qui a rejoint en 2001 l’industrie pharmaceutique chez BioAlliance Pharma qui gère la gériatrie, recherche et traitements des pathologies liées.  Le grand plan Alzheimer de Sarkozy arrive donc au moment opportun, qui amène des fonds publics pour les firmes privées. Franchises comprises…à suivre donc bientôt…

Sources :

Senat et Réforme des retraites
Afpen et le texte sur les retraites par capitalisation
Politis et Sevriana
Infos sur Carlyle
La dynastie Sarkozy et les retraites
Carlyle Group
Le frere pharmacien et le plan Alzheimer
Associés de MM et Sevriana : Quatrem
Michael Moore
Projet MM-CNP-Quatrum

N.B. : (selon ATTAC)

« Capitalisation et Fonds de pension :
Il ne faut pas confondre les retraites par capitalisation et les fonds de pension.
La capitalisation peut se justifier : elle comble certaines insuffisances des régimes par répartition. Par ailleurs, elle est constituée majoritairement en obligations, et n’est donc pas spéculative . Elle ne présente donc pas les dangers des FDP investis en actions, plus spéculatifs et non respectueux des entreprises et des personnes. »