La valse des convaincu(e)s
Quelle chance avons-nous, pour le peu que nous en soyons conscient(e)s, de vivre dans une des régions du monde (L’Europe !) les plus influentes et solidaires à la fois, ouverte à l’immigration qui vient renforcer à peu de frais la main d’oeuvre dont nous manquons, toujours prête à faire entrer dans son cercle les cousin(e)s éloigné(e)s traité(e)s d’égal(e) à égaux, enfin, jamais désireuse de repousser aux calendes grecques le pansage de ses propres plaies. Et, à cette image globale, quelle fierté de vivre en France où notre élite politique, inspirée par tant de grandeur, ne rate pas une occasion de rappeller à tout(e) à chacun(e) l’éthique, la sincérité et le désintéressement qui l’anime. Allons, si vous le voulez bien, nous accorder quelques pas badins sur les sentiers de la politique française, de droite à gauche.
Le Trou Abyssal
C’est officiel, commençons donc par là : Marine Lepen serait notre prochain Président de la République ! Et ce ne sont pas les conditions de sondages (avec une loterie de 7000 euros de gain potentiel pour les 1500 sondé(e)s …) qui seraient à remettre en cause comme le prétendent les mauvaises langues et les défenseurs d’un projet de loi reporté -visant pourtant à encadrer judicieusement les méthodes des sondeurs.
Au delà de cette polémique, il faudra quand même reconnaître les qualités indéniables de la candidate : élue à la tête du parti de la façon la plus légitime qui soit, défendeuse d’un argumentaire aussi moderniste (retour au franc, aux douanes, au septennat et à la peine de mort) qu’ambitieux (davantage de prisons, présomption automatique de non-bavure policière, majorité pénale abaissée) et républicain (fermeture des mosquées, privatisation de la retraite et de l’éducation), elle reste la seule capable de nous éclairer sur les différences subtiles entre une religion minoritaire et une occupation militaire.
Bref, à un an de son intronisation à l’Élysée, elle peut encore sortir bien d’autres tours de force similaires du caveau familial, tradition oblige !
Ode à l’UMPR
A l’heure où le Tribunal correctionnel agrée de transmettre à la Cour de cassation les dossiers liés à Jacques Chirac, reportant ainsi l’affaire et créant des motifs d’annulation pour le moins obscurs, on ne se lassera pas de l’ovation faite par le parti majoritaire de la droite à Eric Zemmour, fraîchement condamné pour « incitation à la haine raciale ».
Impossible de ne pas y reconnaître les deux généreuses mamelles de la nymphe Continuité, alimentant sans doute les déroutes indûes de plusieurs personnalités irréprochables comme l’ex-Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux (réputé grand chasseur de Roms et condamné pour des propos du même ordre), l’ancien Ministre des Finances (également directeur de campagne de Nicolas Sarkosy et comptable de l’UMP) persécuté sans relâche par un Procureur sarkosyste, j’ai nommés Eric Woerth et Philippe Courroye, ou encore le trio folklorique formé par François Fillon (1er Ministre Ad vitam æternam) – Michèle Alliot-Marie (ex-Ministre régalienne) – Henri Guaino (conseiller Élyséen) dont les récents voyages aux confins de l’éthique auront sû brillamment éclipser les négligeables abus de cigare, logement de fonction, primes et cumuls, frais de bouche et d’avion (j’en passe, n’en jetez plus).
Voilà donc, pour vite tracer ce tableau de la Rupture et de la République Irréprochable réunies sur fond de printemps parfumé « jasmin » !
Connection bas débit
Du Modem, légérement amoindri à l’image de son leader, au Parti Socialiste, comme à son habitude aussi tendu que peu radical, la joyeuse troupe des partis du centre, auquel on pourrait ajouter Europe Écologie étant donné les vues de son chef de file, danse la gigue du « désordre organisé » :
* le premier s’est vu épuisé par la droite dès 2007 et à force d’agitation tectonique pour exister sur la scène médiatique, son représentant principal, François Bayrou, semble à présent affaibli tant physiquement que politiquement : positionnement flou, peu ou pas de fidélisation des élécteurs, fuites des députes, absence de candidatures stratégiques aux cantonnales (…).
* le second se porte à peine mieux : écartelé par les primaires et ses candidat(e)s aux idées inconciliables, bloqué par l’inter-minable attente autour de son chorégraphe favori, Dominique Strauss-Kahn, il se prend les pieds dans ses propres turpitudes (Frêchiennes ou Guérinites) au moment même où la piste serait toute libre pour donner le tempo au parti gouvernemental.
* le dernier semble stagner -malgrès un Grenelle non suivi des faits et des courants citoyens et/ou idéologiques largement en progression (altermondialisme, décroissance, notamment)- dans une carmagnole toute libérale : il irait même jusqu’à hésiter (!) entre la froideur éthique d’Eva Joly et le télégénisme creux de Nicolas Hulot.
On est donc loin du potentiel attendu pour créer une opposition réelle en 2012, mais cela promet des acrobaties mémorables pour l’année à venir !
Le désamour, toujours
Voici qui pourrait être le slogan d’une gauche minoritaire dite « extrême », pourtant conséquente quand il s’agit de descendre dans les rues défendre des acquis sacrifiés à l’autel de la mondialisation, ou organiser des luttes locales jusque dans les entreprises par le biais des syndicats, pourtant exsangues en cette ère individualiste.
On reste donc dans les tons d’une tragédie, bien qu’essentiellement sociale, d’abord toute « classique » : au déclin de son empire, le roi Communisme mourrant ne pourra rien empêcher de la dispute de ses enfants, LCR/NPA et Front-de-Gauche. Trahissant les apparences d’une paix possible, les cadres (dont Mélenchon et Besancenot) entretiennent de chaque côté les motifs (plus ou moins fallacieux) de la discorde leur assurant leurs leaderships respectifs -au prix de la force d’une unité à coup sûr perdue. Le machiavélique Jean Luc attendra donc que l’ombre de sa médiatisation étouffe son jeune frère Olivier.
Si la guerre d’octroi (de quelques tristes pourcents des voix pour chacun) aura bien lieu, le grand soir quand à lui est différé en raison d’un incident technique.
Sources :
Jusqu’à la dernière ligne …
Projet d’encadrement hors-cadre
Le « programme » du F.N.
Frère Jacques, dormez-vous ?
Le pro-courreur de la République
Ineffables promesses de campagne 2007
Grosse fatigue au Modem
Martine et les grandes Bouches
Le poids et les alters
La grande vadrouille