Crise: et si Roosevelt avait raison
Le collectif Roosevelt 2012 défend des réformes radicales pour sortir de la crise, en évitant les politiques d’austérité.
Alors que le G8 de Camp-David aux Etats-Unis s’ouvre, la crise de la zone euro menace toujours de déstabiliser les marchés financiers et l’économie mondiale. Si elle tombe, cette épée de Damoclès pourrait provoquer une crise bien plus importante que celle de 2008. Pour y faire face, « il faut passer à des médecines d’urgence », estime le collectif Roosevelt 2012.
Composé d’une soixantaine d’économistes, de personnalités politiques et du monde associatif, ce groupe créé au début de l’année 2012 défend une série de quinze réformes radicales à appliquer d’urgence pour sortir de la crise. Pierre Larrouturou, Stéphane Hessel, Michel Rocard ou encore Aurélie Trouvé… Tous refusent les politiques d’austérité imposées dans toute l’Europe. Plus encore, ils souhaitent que les citoyens s’approprient le débat pour faire pression sur les dirigeants. Plus de 47.000 citoyens ont déjà signé leur manifeste.
Pourquoi Roosevelt?
En référence au 32ème président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt. L’homme qui a convoqué en 1944 le sommet de Bretton Woods donnant naissance au Fonds monétaire internationale et à la Banque mondiale, tant critiqués aujourd’hui. Mais il est aussi l’homme qui a sorti les Etats-Unis de la Grande dépression grâce à sa politique du New Deal. A partir de 1933, il a appliqué cette politique de l’Etat-Providence à travers une relance de l’économie, une protection sociale, une réforme fiscale imposant davantage les riches, et plus de contrôle des banques.
Près de 80 ans après, le collectif Roosevelt 2012 veut “agir vite, et avec force” en mettant en place des réformes similaires à celles du président du New Deal:
-
Changer les règles de la finance: diminuer les taux d’intérêt de la dette, boycotter les paradis fiscaux, séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires
-
Taxer les plus riches pour participer à la relance: réformes fiscales nationales, impôt européen sur les bénéfices des entreprises, taxe sur les transactions financières
-
Protéger les plus précaires: une vraie politique du logement, un Traité de l’Europe sociale
-
Sauver l’économie: lutter contre les délocalisations, négocier un autre partage du temps de travail, développer l’économie sociale et solidaire
“Comme la crise de 1929, la crise vient d’un niveau inacceptable d’inégalités. Elle vient de la dérégulation et du libéralisme”, écrit Joseph Stiglitz. Validant les thèses de ce prix Nobel de l’économie, le collectif plutôt à gauche de l’échiquier politique tient pour responsables les gouvernements ultra-libéraux depuis Ronald Reagan aux Etats-Unis jusqu’aux politiques d’austérités imposées par le couple franco-allemand, aux avants-postes pour tenter de sauver la zone euro.
Hollande, Roosevelt européen?
Le nouveau président français, François Hollande, est donc attendu au tournant sur ces questions, et ce G8 est un premier test. Certaines des réformes prônées par Roosevelt 2012 faisaient partie de son programme électoral comme la taxe Tobin ou la séparation des activité des banques. Si bien que certains l’ont surnommé le Roosevelt de l’Europe, comme l’économiste Thomas Piketty. Une expression reprise par la presse grecque qui subit de plein fouet l’austérité.
Mais les militants de Roosevelt 2012 n’attendent pas l’homme providentiel qui viendra en grand héros sauver le monde de la crise. Ils veulent que la question des solutions se pose au sein du débat public même, et pas seulement dans les hautes sphères dirigeantes de l’Union européenne. Et malgré un pessimisme sur la gravité de la situation, ils refusent la fatalité: “Si ce sont des décisions politiques qui nous ont amenées à la crise, d’autres décisions politiques peuvent nous en sortir.”
Ecrit par Fanny Roux sur Youphil.com