Cauchemars du réel et rêves à haute voix.
C’est un mois cauchemardesque qui se déroule : menaces terroristes, grèves et blocages, affrontements de rue, dénégations aveuglées du gouvernement, pénurie de carburant, passage en force de la réforme, (…). Bref, la tension monte et l’on ne voit pas d’issue pacifiée à la situation socio-politique qui a fermenté tout au long de ces 3 années en Sarkozie …
La situation est explosive, réelle, concrète. On est bien loin des hypothétiques menaces d’attentats agitées comme pour apeurer le quidam aux veilles des manifestations, risquant au passage d’entretenir (consciemment ou pas ?) la méfiance envers une certaine France d’origine étrangère. Même les médias habituellement les plus en accord vis à vis du pouvoir commencent à douter du fond comme de la forme, du but comme de la méthode, redoutant peut être une insurrection dont les signes annonciateurs s’amoncellent. L’UMP, pompier pyromane ?
Car il faut dire que la Sarkozie aura été le révélateur de bien des états de fait, confortant une classe dirigeante internationalisée dans ses vues souvent cyniques, parfois rétrogrades et même racistes (Dassault, Hortefeux, Guerlain, Besson, …), déliant les langues tant à l’intérieur qu’autour du pouvoir (avantages indûs des membres du gouvernement, ressorties sur Karachi, écoutes du Monde, …), montrant au grand jour des méthodes assumées d’exploitation et/ou de manipulation.
Aujourd’hui, après un été gavé à l’écoeurement d’une savante recette à base de fuites sur les affaires Woerth-Bettencourt (dont on a encore pas fini d’entendre parler) et de tentative d’enfumage par la stigmatisation de la communauté rom (qui a failli mal finir à l’assemblée Européenne), nous voilà au pied du mur de la réforme des retraites : chute des gouvernants dans les sondages sur fond de remanienement, peu ou pas de concertation et marges d’aménagement négligées, absence de participation du grand capital pourtant fraîchement renfloué par les États, pas de référendum ni de négociation et dénigrement de l’opinion populaire, passage « en force » à l’Assemblée et « en douceur » (tout relativement) au Sénat tandis que la rue grogne.
La bataille des chiffres eux-mêmes en dit long : alors que les syndicats donnent des résultats de comptages stables, les autorités annoncent sans cesse un essouflement du mouvement et des écarts toujours plus insensés à la baisse, à tel point que des syndicats de police (dont Unité SGP) commencent à dénoncer les pressions hierarchiques subies en faveur d’un amoindrissement du nombre de manifestants. Par ailleurs, feignant d’ignorer les difficultés financières en ces temps de post-crise, le gouvernement crie à l’envi que le nombre de grévistes baisse inexorablement, et communique ostentatoirement sur le « déblocage » par les C.R.S des raffineries et dépôts pétroliers.
Bref, le gouvernement joue la montre en attendant les vacances et le froid, instille une communication autour de la « bienveillante fermeté », déplore les violences urbaines (comme hier à Nanterre, Lyon, Lille, …) pourtant grandement provoquées par son inflexibilité. Il s’agit là, effectivement, d’un jeu dangereux. Pourquoi dangereux ? Parce que, malheureusement pour la classe dirigeante, la tension sociale est plus grande, le citoyen moins dupe et les canaux d’information plus incontrôlables que jamais. Un tour du web, une ballade dans la « gauchosphère » (dixit Benjamin Lancar) fournit un point de vue bien différent des déclarations officielles.
Partout sur l’internet francophone, sur les blogs, dans les commentaires, sur les forums, l’on voit bien quelques encouragements pro-gouvernementaux -parfois doublés d’injures politisées (au mieux …)-, mais le tout est largement noyé dans une déferlante d’indignation et de frustration parfois aggressive, avec des appels à la démission (voire pire …) de telle ou telle personnalité ou du gouvernement tout entier, et même à l’insurrection citoyenne et/ou à des voeux de 6e république causés par la dégradation d’une présidentialisation excessive de l’actuelle 5e. Si besoin de s’en convaincre, quelques heures de navigation attentive sur des médias hétéroclites suffiront à l’internaute sceptique.
Pour les irréductibles il restera la consultation des sacro-saints sondages : 50 à 60% des français seraient contre la réforme telle que proposée (et imposée) par le gouvernement, tandis que 70% environ trouveraient justifiée une grève reconductible sur le sujet. Alors demeure une question : ces dérapages et cet apparent suicide politique seraient-ils savamment calculés ? A en croire les propos de notre très (trop ?) rigoureux ancien 1er ministre Alain Juppé, il semblerait que non.
Sources :
http://lci.tf1.fr/france/societe/2010-10/manifs-casseurs-penurie-quelle-sortie-de-crise-6107519.html
Guerlain Propos Racistes en Direct JT 13h – épinglé pour emploi d’ouvriers clandestins à Mayotte
http://www.lavieimmo.com/immobilier-international/roms-bruxelles-abandonne-les-poursuites-contre-la-france-8950.html
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/10/12/un-syndicat-de-police-denonce-un-maquillage-des-chiffres_1424704_823448.html
http://www.2424actu.fr/actualite-sociale/nouveaux-affrontements-entre-jeunes-et-crs-a-nanterre-1578051/#read-1581361
http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/retraites-le-nombre-de-grevistes-en-baisse-sauf-dans-les-transports-19-10-2010-1087944.php
Benjamin Lancar contre le reste du web
http://www.leparisien.fr/politique/sondage-60-des-francais-contre-la-retraite-a-62-ans-16-06-2010-966975.php
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101010.OBS1079/sondage-71-des-francais-soutiennent-la-greve-du-12-octobre.html
http://www.lepost.fr/article/2010/10/15/2265770_les-crs-cassent-ils-le-mouvement-de-greve.html
http://www.sudouest.fr/2010/09/30/alain-juppe-ai-je-interet-a-monter-sur-le-titanic-199454-625.php