Accueil DEMAGOCRATIE Terrorisme religieux : les raisons de la colère

Terrorisme religieux : les raisons de la colère

Depuis un bon nombre d’années, le terrorisme a fait de nombreuses victimes dans la population (surtout civile), frappant de  façon symbolique des lieux fréquentés, populaires, touristiques ou religieux. Le terrorisme moderne comme on se le représente, est plutôt vu comme un fou de dieu, portant une ceinture d’explosif, et se faisant exploser là où il risque de faire de nombreuses victimes, comme des marchés, des trains à un horaire de pointe, le métro, ou encore des hôtels et des sites religieux. Il semble frapper d’une part pour des convictions religieuses, et d’autre part il frappe les représentations du « Diable » Occidental, soient les États Unis d’Amérique, et les pays d’Europe comme la France, Le Royaume Unis ou l’Espagne.

Bolloré et Gbagbo, de vieux amis

Il est facile de parler d’un terreau du terrorisme religieux, dans des pays pauvres, ou les gouvernements abandonnent les peuples dans la pauvreté, l’inculture. Des pays sans protection sociale, système de santé, sans infrastructures, et où s’implante alors aisément l’intégrisme religieux par des actions simili sociales ou éducatives. Mais c’est faire un raccourci trompeur et oublier les raisons d’une colère et révolte légitimes et justifiées qui mènent à des actes qui peuvent sembler injustifiables. Et c’est aussi oublier qu’un nombre non négligeable de ces terroristes ne sont pas d’incultes analphabètes, mais au contraire des personnes qui ont un niveau universitaire, ou des professions qui demandent des études spécialisées.

En analysant le comportement politico-économique des pays riches du Nord, et les rapports qu’ils développements avec les pays pauvres du Sud, et les nouveaux pays émergents, on comprend mieux les sources, la colère et les ressorts et aboutissements du terrorisme religieux moderne.

Françafrique – Un pillage colonialiste après l’indépendance :
Voyons comment les entreprises françaises se comportent dans les pays d’Afrique, ex colonies ou non, et comment les gouvernements mènent leur politique de « coopération » avec ces mêmes pays ;

Le continent africain dispose de richesses naturelles qui provoquent bien des convoitises.Il représente 8% des réserves mondiales de pétrole, 40% du potentiel hydroélectrique, 90% des ressources de diamant et de chrome, la moitié des réserves d’or, 90% du cobalt, 50% des phosphates, 40% du platine, de l’uranium, du coltan. Une immense réserve de bois, et une source d’énergie solaire sur toute l’année, à un moment où cette ressource est en plein développement.
Et c’est là que l’on retrouve les grandes entreprises françaises, qui vont exploiter ces ressources :
- Bouygues est actionnaire de la Compagnie ivoirienne d’électricité et la Société des eaux de Côte d’Ivoire.
- Les banques françaises (Société générale, Crédit lyonnais, BNP Paribas) sont les plus représentées sur le marché africain, par l’intermédiaire de leurs filiales.
- Total possède 25 % de la Société ivoirienne de raffinage.
- France Télécom est devenue via le rachat de Citelcom et la création de la Société ivoirienne de mobiles, l’opérateur principal de Côte d’Ivoire.
- la Lyonnaise des eaux ( plus une société canadienne) contrôle la Compagnie d’eau et d’électricité togolaise
- BNP Paribas possède 53 % de la Banque Togolaise pour le Commerce International.
- Bolloré a pris possession du trafic portuaire de Douala et l’exploitation du chemin de fer au Cameroun, tout ceci dans des conditions opaques.

De nombreuses entreprises du CAC 40 ou des plus grandes fortunes de France ont des activités monopolistiques en Afrique : B. Arnault (LVMH), Bouygues, Bolloré, Pinault (CFAO), Seillière (Bureau Véritas), J. Saadé (CMA-CGM), R. Zaleski (Eramet), Lafarge, Total, Technip, Vinci, Véolia, BNP Paribas, Natixis, Crédit Agricole, Alcatel, Accor, Gaz de France, Michelin, Alsthom, Air-France-KLM. L’OCDE reconnaît que 60% des échanges commerciaux dans le monde sont réalisés par les transferts entre groupes et filiales, ce qui facilite les manipulations des prix de transfert intragroupe et les fausses facturations entre entreprises. Mais ces techniques privent les États dit « du Sud » de 125 milliards d’euros de recettes fiscales par an.

Par ailleurs, envisagé comme un gage de stabilité économique, le Franc CFA oblige les pays à commercer en priorité avec la France pour leurs importations et leurs exportations. Car les achats de devises doivent être supervisées par des Banques Centrales sous contrôle français.
D’autres part, les entreprises françaises ont des techniques de partenariat particulières quand elles s’installent dans les pays africains : contrats léonins, achat de matières premières à des prix trop bas, opacité sur les quantités produites, sur les sommes payées, évaporation fiscale.

Nicolas Sarkozy, en dépit des ses promesses de moraliser la Françafrique, n’a fait qu’accélérer le processus : ventes d’armes, prolifération du nucléaire, conquête de nouveaux marchés par Total, Bolloré, Areva, Bouygues en Angola, au Soudan, au Congo, et cette liste est loin d’être exhaustive…

Alors, d’où vient la colère des peuples d’Afrique vis à vis des pays « riches et industrialisés » ? :
- Il n’y a aucune transparence sur les bénéfices enregistrés par les entreprises françaises, donc rien ne profite aux populations.
- Les flux financiers entre filiales d’un même groupe sont opaques, et l’on utilise l’Afrique comme paradis fiscal, et aucune taxe n’y est versée.
- Les sommes versées aux États sous forme de pots de vin, ou pour la corruption ne sont pas connues et ne profitent pas au développement du pays.
- On cache les conséquences sociales et environnementales de leurs activités (pollutions diverses).
- Les peuples sont dépossédés de leurs ressources, qu’ils pourraient exploiter à leur profit.

Pour cela il serait souhaitable de développer d’autres comportement politiques et économiques respectueux :
- Cesser d’installer et de soutenir les dictateurs en tolérant les détournement des fonds.
- Que les activités des entreprises françaises sur le continent africain soient rendues transparentes.
- Lutter contre la corruption.
- Que les entreprises françaises et de leurs filiales respectent sous peine de poursuites le principe de responsabilité sociale et environnementale (RSE).
- Mettre en place une vrai coopération qui permette  le développement, la mise en place d’une démocratie  et des droits humains.

Mais on est tellement loin de ces aspirations quasi-utopiques, car chaque point cité ci-dessus en est pour l’instant à son parfait contraire.

La religion – refuge et arme :
Cessons de parler d’intégrisme musulman, d’islamisme, mais parlons plutôt d’intégrisme religieux. Qu’il soit juif, catholique, chrétien, musulman ou autre, l’intégrisme religieux s’appuie sur l’inculture, la pauvreté, la détresse et le désespoir de peuples exploités par des régimes autocratiques, politiques ou religieux.
Quand les réalités de la vie sont telles qu’aucun espoir n’est permis pour évoluer vers une vie plus facile où l’on mange à sa faim, où on accède à la culture et la santé, alors il est souvent facile de se tourner de façon abusive vers un espoir religieux.
Alors, quand en plus une population voit s’installer dans son pays des entreprises étrangères qui viennent piller leurs ressources, en installant au pouvoir un dictateur corrompu qui s’enrichit en les soumettant par la force à l’obéissance, on comprend mieux que la religion, qui met en place de l’aide sociale, des écoles (même religieuse), qui subvient à la nourriture, s’occupe de la santé, apporte un sens à la vie, soit accueillie à bras ouverts.

Ceci explique, en tout cas pour la population d’origine Européenne ou française, qu’il est dangereux de voyager dans certains pays d’ Afrique où chaque français est considéré comme un « soldat de Sarkozy ». Cela explique aussi que les pays du Maghreb et d’Afrique orientent leur actes terroristes vers les pays d’Europe, tous anciens colonisateurs de l’Afrique, qui continuent, comme on l’a vu plus haut à exploiter et spolier leurs anciennes colonies.

Quand on voit le comportement des États-Unis, gendarme du monde pour son propre compte, qu’il s’agisse de pétrole, ou tout autre ressource naturelle, on comprend mieux la colère de ces populations, et la facilité d’implantation des extrémismes religieux. Les mensonges d’États proférés contre Saddam Hussein et les armes de destruction massive, alors qu’il avait bien servi les intérêts américains contre l’Iran, mais qu’il devenait inutile à cause de la crise du pétrole, en sont un exemple criant. Le même scénario se reproduit en Afghanistan, avec les talibans armés au départ contre la Russie, et devenus par la grâce de quelques pipe-line, de gaz et de pétrole, de sombres obscurantistes dangereux. Partout où ils peuvent exploiter les ressources qui vont leur manquer pour presque rien, tous les mensonges sont bons pour déclarer des guerres idéologiques ou sécuritaires.

Bilan – le pourquoi des responsables :

Alors arrêtons de pointer du doigt les dictatures que nous avons installées, le paupérisme intellectuel de peuples que nous avons privé d’accès à l’école par la corruption que nos entreprises ou nos politiques pratiquent sur place, la pauvreté de ces populations que nous accentuons en pillant leurs ressources sans vergogne et sans contrepartie. Comprenons leur colère quand les richesses dont ils disposent ne servent pas à les nourrir, à tirer du profit pour construire des hôpitaux, des écoles, des théâtres ou cinémas, quand les dictateurs que nous installons les empêchent même de s’exprimer, de leur fournir un minimum de sécurité sociale et d’infrastructures. Nous avons laissé creuser le lit des intégrismes divers, et il nous est alors facile de trouver d’autres responsables à la montée du terrorisme, tels les obscurantistes talibans, ou les salafistes. Mais de fait, notre part de responsabilité est de fait bien plus importante que la leur.

Quand nous sommes touchés par des actes terroristes, ce ne sont pas des innocents qui meurent. Nous sommes coupables de laisser au pouvoir des politiques qui font perdurer ces agissements et qui les cautionnent, nous sommes coupables d’être des moutons qui bêlons les mêmes lieux communs sur la montée de l’intégrisme distillés par les médias officiels, nous sommes coupables de ne rien vouloir voir ni comprendre. Il n’est pas ici question de cautionner ni justifier ces actes, mais de comprendre comment des hommes poussés au désespoir essaient d’exprimer au monde qu’ils ne veulent plus de ce type d’exploitation.

Nos agissements politiques et économiques, les famines engendrées, les maladies non soignées ni étudiées, la pauvreté non prise en compte, notre pollution industrielle sciemment non contrôlée en prenant ces pays pour les poubelles du monde, ont faits bien plus de morts que les kamikazes explosés. Sans parler des missionnaires Européens, de notre colonialisme, de nos guerres de religions, intra et extra européennes…


Sources :

Survie.org

Françafrique

La voix du peuple Gabonais