Accueil DEMAGOCRATIE Retraites : pourquoi nous mentirait-on ?

Retraites : pourquoi nous mentirait-on ?


A longueur de journaux télévisés et d’émissions-débats, des ténors de l’UMP viennent nous démontrer que « la réforme des retraites est juste et nécessaire« , si bien qu’une évidence en faveur de la réforme s’est imposée dans la plupart des esprits : « Nous vivons plus vieux, donc il faut travailler plus longtemps et cotiser plus longtemps« . Toute pensée s’écartant de cette ligne est ainsi taxée d’irréaliste, d’irresponsable voire de réactionnaire …

Comment cela est-il possible alors que, non seulement cet argumentaire est fallacieux, mais qu’en plus les solutions proposées par le gouvernement ne feront qu’accentuer les déficits des caisses de retraite et d’assurance maladie…?
« Ils l’ont dit à la télé » ? L’excellent travail de désinformation, ou de contre-information, martelé à longueur de journée par des publicitaires et des journalistes complaisants, le tout baignant dans des millions d’euros dont on connaît un peu mieux la provenance aujourd’hui au détour de l’affaire Woerth.

Pourtant, de plus en plus d’économistes, d’analystes, de politiques, de syndicats, d’observateurs, arrivent à des conclusions divergentes voire opposées en utilisant des outils d’analyse de la situation des caisses de retraite et de sécurité sociale différents de ceux du gouvernement.
Le problème ne serait ni démographique, ni inéluctable, mais politique. Quel type de société voulons-nous ? Sur quelle notion de l’humanité, de la démocratie, de l’éco-citoyenneté, du partage et du respect de « l’Autre » voulons nous bâtir notre monde ?

Les cotisations sociales basées sur le principe de répartition créent un réseau de solidarité entre les générations, permettant à ceux qui ont fait leur temps de pouvoir toucher un salaire après leur temps de vie active, et de laisser la place aux générations suivantes qui peuvent ainsi cotiser et construire leur vie. Mais tout cet argent qui circule n’est pas rentabilisé par les assurances ou les banques. Donc en détruisant le système par répartition, et en mettant en place un système par capitalisation comme les fonds de pension dans les pays anglos-saxons, les cotisations ne sont pas reversées aux retraités, mais investies pour soi, pour plus tard, dans les mains de financiers…. qui peuvent faire fructifier à leur profit cette manne financière.

Avec les risques que cela comporte, comme vu lors de crises majeures par exemple aux États-Unis, menant à la ruine des milliers de retraités, et mettant à la rue des milliers d’accédants à la propriété. Oui, le monde de la finance a depuis toujours cette ambivalence opaque de capitaliser les gains et collectiviser les pertes : quand de l’argent est gagné, le happy few s’enrichit, mais si la crise survient, c’est le capital de milliers de petits investisseurs qui disparaît, le gros actionnaire s’étant mis légitimement à l’abri dès les premiers signes de déstabilisation économique, voir illégalement dans le cas de délit d’initié.

D’ailleurs, Sarkozy, fanfaronnant aux États-Unis devant des étudiants de Columbia, disait que ce qui avait sauvé la France, c’était justement son système social, qui tournait depuis plus de 80 ans… cherchez l’erreur.

Alors pour décortiquer cette réforme, voici, suivies de leurs sources, des assertions vérifiables qui proposent d’autres solutions plus justes, plus équitables, en utilisant une entrée politique plus humaniste, et restant dans cet esprit de solidarité qui fait la richesse de notre système social.

Il faut reculer l’age de départ à la retraite à 62 ou 63 ans selon le gouvernement : cela est faux.
- Déjà, l’âge moyen de cessation d’activité est de 58,8 ans (58 ans dans le public, 61 ans de le privé. Mais 6 salariés sur dix sont hors emploi (chômage, invalidité, inactivité ou dispense de recherche d’emploi) au moment de liquider leur retraite. Donc comment les obliger à trouver du travail alors qu’il n’y en a plus, ou qu’on ne veut pas d’eux?
- D’autre part, allonger la durée de travail empêchera les jeunes d’entrer sur le marché du travail avec un salaire pour cotiser au chômage et à la retraite, prenant la relève de leurs aînés. A voir aussi que L’âge moyen d’entrée sur le marché du travail d’un jeune est de 28 ans. S’il doit cotiser 42 ans, il aura un taux plein de retraite à 70 ans!!!
- Il faut savoir aussi que l’espérance de vie augmente, mais pas l’espérance de vie «en bonne santé» (63 ans). Tout départ en retraite tardif raccourcit le temps dont les salariés disposent pour jouir de leur retraite.

Il faut combattre le chômage :
- 100 000 chômeurs en moins, c’est 1,3 milliard d’euros de cotisations en plus.
- Du travail pour les 5 millions de chômeurs apporterait 25 milliards d’euros à la protection sociale.
- Interdire les fermetures d’entreprises sur motif boursier/actionnariat, protègerait les emplois.
- Interdire les licenciements si l’entreprise fait des bénéfices, juste pour augmenter les valeurs en bourse de l’entreprise.
- Reprendre les subventions régionales, nationales ou européennes aux entreprises qui délocalisent ou ferment.

Il faut augmenter le SMIG :
- Un salaire meilleur permettrait de cotiser plus, et relancerait aussi la consommation des ménages.
- Répartir mieux la plus-value. La « Règle des 3/3″ préconisée d’ailleurs par Sarkozy, était de répartir la plus value sur le travail entre les actionnaires, les profits et les salaires à part égale. Mais le montant des dividendes versés aux actionnaires représente 167 milliards d’euros par an, et représente 75% des plus-values. Ce montant a augmenté de plus de 100 milliards d’euros depuis 1982. Donc cette règle des 3/3 n’est pas respectée. Il faut savoir que 33% de la plus value allait aux salaires, cela représenterait 55,6 milliards d’€.

Il faut supprimer les niches fiscales :
- Il existe 456 niches fiscales qui représentent un manque à gagner de 110 Milliards €. Toutes ne sont pas inutiles ou au service des plus riches, mais un bon nombre servent surtout à éviter l’impôt aux entreprises et aux grosses fortunes. Celles là devraient être rabotées pour participer à l’effort national.
- L’exemption de charges aux entreprises et à certains particuliers coûte 4 milliards d’€ par ans aux impôts.
- Le montant des réductions d’impôts accordés aux ménages les plus riches depuis 2000 se monte également à 30 milliards par an. Il faut donc en finir avec le « bouclier fiscal » qui s’est montré onéreux et inefficace pour retenir ou faire revenir les investisseurs.
- La perte des recettes fiscales en fin 2008 est estimée par Bercy à une somme se situant entre 20 et 30 milliards d’€. Il suffit que les entreprises et l’Etat payent ce qu’ils doivent aux impôts.

Faire cotiser le patronat, les plus riches et les revenus exceptionnels :
- Les 40 plus grosses sociétés côtés en bourse ont fait 47 Milliards € de bénéfice en 2009. 35 Milliard sont directement allés aux actionnaires. Qu’ils participent aussi aux retraites en cotisant comme les autres.
- Il faut faire participer les revenus (intéressement, stocks options, participations et valeurs mobilières)
- Une taxe de 0.1% sur les transactions financières pourrait amener 920 Milliards de dollars à l’échelle de la planète
- Faire participer les plus hauts salaires, en supprimant le « bouclier fiscal », ajoutant des tranches d’imposition pour les très hauts salaires ou revenus.
- Lutter efficacement contre l’évasion et la fraude fiscale : Déclarer ses impôts et cotisations sociales en France si les opérations commerciales s’effectuent en France, et non dans un paradis fiscal, siège fictif des entreprises fraudeuses.

En 2010, le déficit de notre système de retraite sera de 32 milliards d’euros, nous avons donc de quoi le couvrir plusieurs fois, pour de longues années si on change nos choix politiques et de société.

Voici les sources de ces différentes informations :
Site du Sénat et du COR
Fondation Copernic
Site d’ « Exigences citoyennes »
Organisation Attac
France Attac
Syndicat SNUI
Sud Solidaires
Economiste Bernard Friot
Site de la CGT
Site de la CFDT
Médiapart
Site de Marianne