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Sortir de l’ornière !

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Cette mi-mai 2016 signe l’ornière politique, policière, juridique, médiatique, sociale et militante dans laquelle nous sommes actuellement.

Dans la continuité du précédent quinquennat, nous avons un gouvernement autoritaire, impopulaire et malhonnête qui passe en force sur une loi purement patronale allant contre l'intérêt général à moins d'un an des élections.
Ce plan en 52 articles est limpide : précarisation sauce MEDEF des travailleurs et travailleuses dans leur ensemble par inversion des protections légales, soit la négation d’un siècle d’acquis de dure lutte et d’héritage de la gauche trahi par un parti qui ose garder le mot « socialiste » dans son nom. Même le républicanisme parlementariste y passe qui, pourtant très élitiste et donc peu représentatif du peuple constitué, a tout de même été contourné par un 49.3 hier encore hypocritement contesté par le président lui-même ou son 1er ministre – lorsqu’ils n’étaient pas au pouvoir, bien sûr. Et ce qui reste de fronde à gauche tout comme la soi-disante opposition de droite sont incapables, même ainsi désavoués, d’adopter une motion de censure qui justifierait enfin leur émoluments – somptuaires au regard du niveau de vie de la majorité des habitants du pays ou du monde.
En renfort de cette sous-politique lamentable, on trouve une police haineuse entâchée d'assassinats impunis par une 'justice' aussi laxiste à leur endroit qu'inflexible envers les pauvres qui survivent et les syndicalistes qui luttent.
Un paquet de pâtes volé ? 2 mois fermes ! Une chemise arrâchée, 24 heures de rétention de cadres voyous ? Poursuites et prison en vue (mais pas pour les voleurs) ! Vous ne rêvez pas, ce n’est pas la Corée du Nord, c’est bien la France où pendant ce temps les privilégiés, de Cahuzac à Péninque, crient haro à 1% de fraude sociale tout en planquant des centaines de milliards au Panama ou ailleurs en toute impunité avec complicité de l’essentiel du secteur bancaire. Quant à notre milice du capital, puisqu’il faut bien objectivement la nommer ainsi, elle pousse sa violence armée dite « non-létale » (les familles de Rémi F. et Romain D. apprécieront) jusqu’à organiser un raout lancé par sa frange la plus réactionnaire (Alliance), ceci sur la place même des rassemblements populaires de Nuit Debout (dégagés dès le matin pour l’occasion) exactement à la date anniversaire de l’acquittement des policiers qui ont causé la mort de Zyed et Bouna. Qui attise le ressentiment ici ?
A côté de tout ceci, nous avons des syndicats qui, certes, savent organiser des blocages et grèves à bon escient mais qui, par ailleurs, adoptent en manifestation un double jeu de nature à briser l'élan du mouvement social en niant la multiplicité des stratégies possibles.
Pourtant fer de lance des admirables blocages organisés récemment contre la loi notamment dans l’ouest de la France (raffineries, docks, transports, énergies, etc), les directions CGT et FO n’arrivent pas à désavouer publiquement leurs « services d’ordres » aux méthodes de bacqueux qui, parce qu’ils sont en friction avec des autonomes remontés par la tiédeur omniprésente en défilé diurne des centrales syndicales, jouent le jeu d’escalade de violence fratricide en collaborant avec (voire en remplaçant !) la police sur sa guerrilla urbaine. Et oubliant bien sûr par là que les « casseurs », quelquepart plus proches qu’eux de leurs racines révolutionnaires, s’attaquent surtout aux objets et symboles (publicité, banque, etc), contrairement aux flics qui blessent et tuent des personnes – sur le modèle des activistes lambda d’extrême droite néonaze ou du « djihad » nihiliste, d’ailleurs.
Pour couronner le tout, la propagande des médias mainstream tout comme de la fachosphère nous abreuve du spectacle quotidien et abrutissant d'émeutes présentées comme sans objet et découplées de tout contenu politique.
Ces médias aux ordres ou faussement « antisystèmes » sortent les crocs contre toute forme de rébellion, qu’elle soit autonome ou syndicale. Ceci masque la violence politique initiale, qui normalise l’agression policière en l’opposant aux actes symboliques des « casseurs » et qui légitime l’air de rien l’action autoritaire du gouvernement, pas plus démocratique que son opposition de droite réactionnaire. Et ceci cache par ailleurs les motivations profondément politiques des autonomes qui n’agissent pas pour le plaisir de casser car leurs cibles sont claires : principalement les enseignes spéculatrices et les multinationales vampirisant la collectivité à coup de « partenariats » public-privé qui socialisent les dépenses et privatisent les bénéfices, grévant des inégalités artificielles mais présentées comme « naturelles » (sinon « divines ») et inéluctables. Les rôles sont ainsi enfumés, nos défenseurs paraîssent dictateurs (et inversement).
Comment trouver une sortie de cette ornière ? Il faut remettre les choses à leur place : les syndicats, le gouvernement, la police ... mais aussi l'origine de la violence et des inégalités, et ce sans avoir la mémoire courte ou sélective.
Remettons les syndicats dans leur unique rôle de coordination effective des grèves et non plus de flicaille pour inutile défilé urbain à jeu de comptage stérile ! Rappellons que le gouvernement décide à 10 personnes le sort de millions sans référendum, que le capital exploite sans mandat ni compte à rendre et que la police assassine impunément (pour citer Renaud, celui de 1975, le vrai) ! Ignorons tous ces médias bidons qui inversent les charges en faisant passer les blocages et l’action directe pour une agression alors qu’il s’agit d’une défense face à un diktat gouvernemental ! N’oublions pas que la violence première et extrême vient du pouvoir et de l’argent qui détruisent des vies et des familles (délocalisations, chômage, plans dit « sociaux », etc), poussent des agriculteurs et travailleurs au suicide, baissent inexorablement les revenus des classes moyennes et pauvres vers le bas, augmentant donc le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté d’un côté et la richesse de la minorité plus nantie de l’autre.
Surtout, cessons d’opposer bêtement les « casseurs » ou autres zadistes et les « pacifistes » ou deboutistes nocturnes. Redevenons nos propres informateurs et penseurs, loin des médias aseptisés comme des officines néofascistes. Il ne tient qu’à nous de ne pas accepter leurs impasses afin de penser et construire notre alternative sans aucune concession, et pour l’heure d’atteindre cet objectif à notre portée : RETRAIT PUR ET SIMPLE DE LA LOI TRAVAIL !

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Crédit photo : RTL/Europe1/CGT
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