Manifestation en hommage à Djamal : violences policières à l’encontre des manifestants
Environ 200 personnes se sont réunies pacifiquement à Nantes ce samedi en hommage à Djamal. Le rassemblement s’est visiblement terminé sous des violences policières peu après l’arrivée bruyante d’un cortège de manifestants anti mariage homosexuel. Plusieurs témoignages publiés ce soir sont concordant, Actualutte en publie quelques uns. Si vous étiez sur place, n’hésitez pas à vous aussi ajouter votre témoignage en laissant un commentaire.
Par Jack Palmer via Indymedia Nantes
En réaction au geste de désespoir de Djamal mercredi 13 février devant un Pôle Emploi nantais, une manifestation spontanée part samedi après midi du centre ville, en solidarité avec ses proches et contre la précarité.
Ce drame, provoqué par le système capitaliste et la guerre aux pauvres a une teneur politique. La manif a revêtu la forme d’une marche quasi-silencieuse en hommage à Djamal, sa famille ouvrant le cortège. Les manifestant-e-s, militant-e-s ou non, proches ou non de la famille, ont respecté ce choix. 200 personnes ont donc défilé sans slogan ni drapeau, avec une tristesse et une rage digne et contenue.
Devant le monument aux 50 Otages a lieu un moment de recueillement et de prise de parole des proches de Djamal.
C’est ce moment que choisissent les homophobes de la « manif pour tous » opposée au mariage des homosexuels pour venir défiler bruyamment en vélo, avec leurs drapeaux roses et bleus, leurs ballons, et leur sonnettes insupportables.
Quelques manifestant-e-s viennent leur demander de respecter l’hommage et de déguerpir en silence : les fachos répondent par des propos insultants et par un redoublement de leurs sonnettes. Certains manifestants homophobes se font menaçants, veulent en venir aux mains.
Deux cars de police arrivent en trombe, des flics descendent, visiblement survoltés : il s’agit de la sinistre Compagnie Départementale d’Intervention, coutumière des violences policières à Nantes.
La scène est alors indécente, surréaliste.
Tout va très vite. D’entrée, ils se casquent et bousculent brutalement les manifestant-e-s de la manif en hommage à Djamal (pourtant familiale, calme), puis sortent une gazeuse qu’ils braquent à quelques centimètres des yeux de certains. Un flic pousse une camarade à terre violemment alors qu’une homophobe la nargue bien à l’abri derrière les casqués.
Les esprits s’échauffent, on s’indigne de la brutalité des flics. La réponse est immédiate : un porc gaze copieusement les manifestant-e-s alors qu’un autre frappe à coup de matraque de toute sa force en plein dans le visage d’un camarade qui se met à saigner abondamment. Plusieurs personnes sont sonnées par le gaz ou les coups.
Évidemment, les journalistes, vautours avides de sensationnalisme émotionnel, présents en nombre Place Royale au début du rassemblement, sont absent quand il s’agit de filmer des violences policières.
Le défilé des homophobe se poursuit: dès que leur cortège a fini de passer devant nous, les flics remontent dans leur fourgons et repartent comme si de rien n’était.
Non seulement la police nantaise a couvert les fachos qui dérangeaient et provoquaient l’hommage, mais elle a une nouvelle fois agressé gratuitement et violemment des manifestant-e-s.
Jusqu’à quand ?
Ni oubli, ni pardon.
Témoignage d’une participante sur l’évènement facebook :
Une femme a été violemment jetée à terre, jeans déchiré et genou écorché. Plusieurs personnes ont été gazées et un jeune homme s’est, en effet, prit un coup de tonfa au visage (emmené au chu par les pompiers)… Des enfants étaient présents.
Il était au départ juste demandé aux intégristes catho de respecter le silence tenu en lors du discours de la veuve de Djamal.
Lorsque des mots ont été échangés… Bizarrement, ce ne sont pas les intégristes qui ont été gazés !
Témoignage retranscrit par valk sur Indymedia Nantes :
Cette manif a commencé sous forme d’un hommage, digne, plein d’émotion, sorte de marche blanche. Lorsqu’elle est arrivée au monument aux mort, un femme a témoigné sur la vie de Djamal, le recueillement était complet. Puis il y a eut des sonnettes de vélo qui se sont approchées, de plus en plus. L’exaspération est montée. En plus de l’émotion.
[je lui signale qu'il y avait une LO(VE)LORUTION par Vélorution Nantes à 16h30 à la cathédrale]
C’était pas ça, ils étaient habillés en rose et bleu, genre anti mariage-homo ou sos tout-petits… En tout cas les militants présent auraient pu reconnaitre et là, il a commencé à fuser des cris contre les fascos, etc. Les flics qui se sont approchés pour protéger les intégristes (ce qui a terminé d’en énerver plusieurs, normal) Et en même pas 5 minutes, les lacrymos étaient sorties et ils ont gazés les manifestant qui étaient là pour l’hommage à Djamal.
Il y a eut un blessé qui a eut des points de suture.
Une horreur. Tout le monde est choqué.
Deux grosses questions :
- comment les flics ont-ils laissé se croiser ces deux manifestations (pas la peine de se poser la question de la sortie des lacrymos, c’est devenu systématique)
- les intégristes continuent leur travail de pastiche des autres mouvements et sèment de plus en plus la confusion sur leur identité
(je n’étais pas sur place et je transcris de mémoire : j’ai pu mal comprendre certaines choses. Mais pas son émotion et la colère dont elle m’a fait part)