La Dame de Fer est décédée le 8 Avril 2013, l’Ultralibéralisme lui survit (OFFERT !)
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N°36 – Bidonvilles : quelle solution pour les enfants ?
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Margaret Thatcher politique de son pays, et de le placer au premier plan économique à l’échelle internationale. Cela s’est fait au détriment d’une grande partie du peuple qui a dû en payer le prix et qui le paie toujours.
Faire un bilan de la politique qu’exerça Margaret Thatcher en tant que Premier Ministre britannique pendant dix ans revient à faire le bilan d’un ultralibéralisme dont elle a su montrer l’exemple au monde entier avec son grand ami Ronald Reagan, président des Etats-Unis à la même période. Tous les successeurs de ces deux dirigeants ont poursuivit d’une façon plus ou moins dissimulée l’application de cette politique néolibérale. La conséquence majeure, est que l’égalité a trop souvent été sacrifiée pour plus de liberté à quelques uns. Les progrès sociaux acquis dans une lutte perpétuelle depuis le tout début du XXème siècle ont commencé à être détruits un à un dès son arrivée au pouvoir.
Dès les trois premières années de son mandat, Margaret Thatcher a dû faire face à des grèves très fortes qui menaçaient l’application de son programme. Elle a su jouer un coup de poker extraordinaire en ralliant tout le peuple derrière elle. Elle leur insuffla un élan de patriotisme : il fallait défendre un archipel dont la plupart des britanniques n’avaient jamais entendu parler, une colonie de la Couronne qui venait d’être envahie par les argentins : les îles Malouines.
Ce coup de théâtre inespéré fit réélire Miss Maggie pour un deuxième mandat en 1983.
Un des objectifs de la Dame de Fer était le désengagement de l’Etat dans le secteur de l’industrie. Elle annonça la fermeture de vingt mines de charbon déficitaires. Le principal syndicat ayant de l’influence à cette époque, l’Union Nationale des Mineurs, entama une grève en mars 1984. Mais la stratégie de Miss Maggie était bien huilée. Afin d’éviter une pénurie de charbon, elle avait demandé à ce que l’on constitue d’important stocks près des centrales électriques, elle avait établi des partenariats avec d’autres pays pour une importation de cette matière, engagea des transporteurs non syndiqués… Mais la colère des grévistes fit de l’écho dans le pays, et des milliers de sympathisants rejoignirent le mouvement. La réaction de la ministre fut à la hauteur, elle fit voter une loi interdisant les non mineurs de participer à la grève, rendant leurs manifestations illégales. L’utilisation des forces de l’ordre devenant légitimes, il eu de très graves confrontations. Bilan : trois morts, 20 000 blessés, 11 300 arrestations, 200 traduits en justice. Par ailleurs, les aides sociales aux familles des grévistes ont été limitées. Après une année entière de grève, en mars 1985, les mineurs retournèrent au travail sans rien avoir obtenu.
Dans la continuité de son programme électoral, il y eu de grandes campagnes de publicité annonçant des privatisations massives : compagnie d’eau, de téléphone, de gaz, d’électricité, les industries de l’acier et les compagnies aériennes. Les HLM furent vendus, les services municipaux soumis à adjudication, c’est-à-dire vendus aux enchères. Sur le moment, cela sembla être une bonne idée. Moins de dépenses pour l’Etat, fin d’un monopôle laissant libre place à de la concurrence, baisse des prix dans ces secteurs. Margaret Thatcher a ainsi relancé la croissance économique de son pays.
En 1986, les systèmes bancaires et financiers furent dérégulés, laissant libre cours à la spéculation. Les prix n’étaient alors plus fixés en fonction de l’offre et de la demande, encore moins par l’Etat, mais en fonction des traders et autres spéculateurs, ils ne faisaient désormais que grimper, sans jamais redescendre. Prenons l’exemple des compagnies d’eau. Juste après la privatisation, les prix ont diminués. Depuis, d’année en année, les prix n’ont fait qu’augmenter jusqu’à dépasser de loin, ceux qui étaient fixés par le Royaume Uni avant la privatisation.
Concernant la politique fiscale, Margaret Thatcher a baissé l’impôt sur le revenu pour les plus riches. Pour compenser le manque à gagner, elle augmenta la TVA qui était de 8%, à 15%. Les plus démunis sont les premiers à souffrir d’une hausse de la TVA, tandis que les plus aisés ne s’en soucis guère, et qu’en bonus, ils payent moins d’impôts sur le revenu.
La politique de Ronald Reagan menée en parallèle de l’autre côté de l’Atlantique suit le même modèle économique. Dérégulation, privatisation… Ces dix années de règne ultralibéral ont enclenché une acceptation globale de ce modèle. (ndlr : Les peuples du monde auraient-ils oublié à ce moment là, que le seul pays ayant développé cette politique était alors le Chili avec la dictature de Pinochet ? Un seul mot peut résumer son totalitarisme : échec.) Dans la Grande Bretagne d’avant Thatcher un PDG gagnait 10 fois plus qu’un ouvrier, en 2007 il gagnait plus de 100 fois plus. Aux USA avant Reagan, un PDG gagnait 43 fois plus qu’un salarié moyen, en 2005 c’était 400 fois plus.
Margaret Thatcher nous a quittés le 8 avril dernier en nous laissant un héritage dont beaucoup se seraient bien passé. Répartition des richesses de plus en plus inégales, des marchés financiers dérégulés laissant place nette aux lobbyistes et autres spéculateurs. Elle ne fut pas Premier Ministre du Royaume-Uni, mais Premier Ministre de l’élite du Royaume-Uni. Sachant écouter les puissants ayant une influence, mais sourde devant les « petites gens », et une « main de fer » avec ses opposants. Jusqu’à oublier que c’est la démocratie, et donc le peuple qui l’a conduite à la tête du pays. On dit souvent que ce sont les meilleurs qui partent les premiers. Margaret Thatcher, décédée à l’âge de 87 ans, n’aura pas fait exception.
Pour ceux qui s’interrogent sur une si grande réussite du néolibéralisme malgré une apparente défaveur pour le peuple, demandez-vous pourquoi son gourou intellectuel, Friedrich Von Hayek, fût prix Nobel d’économie en 1972 alors qu’il déclarait à propos de la démocratie : « Que dans le monde occidental, le suffrage universel des adultes soit considéré comme le meilleur arrangement, ne prouve pas que ce soit requis par un principe fondamental » ou encore « tout gouvernement, et spécialement un gouvernement démocratique, devrait être doté de pouvoirs limités ».
[alert type="blue"]Article paru dans Actualutte n°36[/alert]