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Autopsie d’une crise : la grande manipulation


Voici, résumé d’un document de la Banque de France, daté de Mai 2012, une description chronologique des évènements politiques et économiques qui ont jalonné l’émergence mondiale de la crise issue du comportement délictueux des banques, de l’avidité aveugle des marchés, et des décisions incompréhensibles des gouvernements.
On va découvrir qui sont les trois ennemis de la croissance et de la démocratie : le libéralisme, les banques et fonds de pensions et les gouvernements. Ces trois forces combinées, avec l’aide des agences de notations, ont mis en place des conditions politiques et économiques afin de rendre un peu plus exsangues les peuples et s’enrichir…et il ne s’agit pas la d’une stupide théorie complotiste, mais d’une analyse des faits et des conséquences, factuelles, froides et objectives.

Prologue :
En mai 2012, JPMorgan, banque considérée comme une des plus vertueuse aux Etats Unis, est touchée par un scandale spéculatif, dans lequel elle perd plusieurs milliards de dollars, malgré les garde-fous tendus par la Volker Rule qui devait définir les « risques excessifs » des opérations bancaires et boursières…mais tout est une question de sémantique, n’est-ce pas ?
En juin 2012 éclatait le scandale du Libor. Un accord secret entre grandes banques permettait à celles ci de sous évaluer le taux auquel elle pouvait prêter, afin de paraitre robuste, et ainsi flouer d’autres établissements de prêts. On y retrouve Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase, Credit Suisse Group, UBS, Deutsche Bank , Société Générale, Royal Bank of Scotland Group, HSBC Holdings, Lloyds Banking Group et Baclay’s. Soit des banques qui ont été sauvées par les Etats avec de l’argent public…
Sur les milliers de milliards qui ont été versés aux banques, deux tiers ont été injectés dans la recapitalisation, c’est à dire sur les marchés boursiers, les fonds d’investissement, donc la spéculation. Seul un petit tiers est revenu financer l’économie réelle, mais sous des conditions draconiennes qui n’ont pas facilité la croissance…
Récemment, nouveau scandale avec la banque suisse HSBC qui a favorisé l’évasion fiscale, et a fermé les yeux sur des pratiques criminelles. 60 000 comptes liés à sa filiale mexicaine ont trouvé l’hospitalité dans les îles Caïmans…
D’après Tax justice network, 25 500 milliards d’euros d’actifs financiers seraient cachés dans les paradis fiscaux. Mais – je cite - « Il s’agit juste de la richesse financière. Une bonne partie des actifs investis dans l’immobilier, les yachts, les écuries de courses et tant d’autres choses qui comptent pour les grandes fortunes sont détenues au travers des structures off shore qui rendent impossible l’identification de leurs propriétaires ».(mediapart)
Toujours selon la même source, « Une analyse détaillée des 50 premières banques privées internationales révèle qu’à la fin de 2010, elles géraient collectivement plus de 15 000 milliards d’euros d’investissements internationaux pour le compte de clients privés, y compris à travers des trusts et des fondations ».(mediapart)
Entre 1980 et 2010, les 90% les plus pauvres de la population, ont vu leur revenu baisser de 5%. Pendant ce temps, les 1% les plus riches ont vus leur fortune multipliée par 2,4, les 0,1% encore plus riches ont multiplié leur fortune par 3,4 et les 0,01% des plus riches, leur fortune multipliée par 4,3. Ce n’est pas la crise pour tout le monde quand on imagine les sommes en jeu pour cette part de la population.
En France, selon une information fournie par boursorama.com « Le Conseil d’Etat… a ouvert la voie à la restitution de bénéfices de contrats d’assurance-emprunteur aux consommateurs pour la période allant de 1996 à 2007, en déclarant illégale une ancienne disposition du code des assurances. Dans cette affaire, l’UFC-Que Choisir accuse les banques françaises d’avoir indûment perçu des assureurs 16 milliards d’euros, correspondant aux surprimes n’ayant pas servi à couvrir la réalisation des risques. »
Déclaration d’Eric Bocquet, de la commission d’enquête sénatoriale sur l’évasion fiscale : « Selon les estimations, ce sont entre 40 et 50 milliards qui manqueraient au budget de l’Etat du fait des phénomènes d’évasion et d’optimisation. Sur un budget total de 275 milliards d’euros, ce ne sont pas des sommes négligeables. »
Selon Tax Research, on « …estime la perte fiscale de l’ensemble des pays européens à 1000 milliards d’euros, soit environ cinq fois le budget total de l’UE ».
Selon James S. Henry « Les riches de la planète détiennent entre 21 000 et 32 000 milliards de dollars de fonds dans les paradis fiscaux ». Ces fonds cachés placés à l’étranger représentent chaque année 280 milliards de dollars de recettes fiscales perdues aux états de la planète. la Suisse se retrouve au premier rang des paradis fiscaux.

2007 : émergence de la crise des banques
Tout est mis au jour en 2OO7, quand Bear Stearns annonce la faillite de deux hedge funds spécialisés dans les dérivés de crédit. En Allemagne, on annonce un plan de sauvetage de 3,5 milliards d’euros pour éviter la faillite d’IKB. De plus, inquiète, BNP Paribas gèle la valorisation de certains de ses fonds. L’Eurosystème propose des liquidités en quantité illimitée au jour le jour puis le Système fédéral de réserve américain (Fed) étend la maturité maximale de sa facilité d’emprunt permanente de 1 jour à 30 jours, durée nécessaire pour transformer ses titres en liquidité. Suite à cela, la BCE lance une opération supplémentaire de refinancement en euro à 3 mois qui sera renouvelées par la suite. En septembre, l’annonce par la Banque d’Angleterre de l’octroi d’un prêt d’urgence, garanti par l’État, à la cinquième banque anglaise, Northern Rock, déclenche une panique sur les dépôts bancaires de cette banque.
La Fed abaisse son taux directeur de 5,25 %, à 4,25 %, ceci en plusieurs étapes. Puis UBS, première banque suisse, annonce des dépréciations d’actifs pour 2,4 milliards d’euros. Dans la foulée, Merrill Lynch annonce des dépréciations d’actifs pour 8,4 milliards de dollars.
En décembre enfin, se met en place une actions coordonnées de la Fed, de la BCE, de la Banque du Canada, de la Banque d’Angleterre et de la Banque nationale suisse afin de répondre aux besoins de financement à court terme en dollar. On observe ainsi la naissance du dispositif d’injection de dollar à terme : les TAF (term auction facilities) à 28 jours.

2008 : sauver les banques avec des fonds publics
En début d’année, Citigroup publie des pertes record de 9,83 milliards de dollar au quatrième trimestre 2007. Le groupe annonce des dépréciations d’actifs pour 18,1 milliards de dollar. En janvier, la Société générale dévoile « la fraude » commise par l’un de ses traders, Jérôme Kerviel dont les pertes se montent à 4,9 milliards d’euros. UBS annonce aussi qu’elle a perdu 7,8 milliards d’euros au quatrième trimestre 2007. Pour la sauver, le gouvernement britannique nationalise Northern Rock. La Fed lance une nouvelle facilité : la term securities lending facility, qui permet aux banques d’échanger des produits bancaires toxiques contre des produits bancaires de qualité, au frais du contribuable. Bear Stearns est repris par JP Morgan sous la protection de la Fed qui prête 30 milliards de dollars au repreneur. UBS s’enfonce encore un peu et annonce un doublement de ses dépréciations qui s’élèvent à cette date à 24 milliards d’euros.
Vers l’été, on apprend la dégradation de la note de trois grandes banques d’affaires américaines, Lehman Brothers, Merrill Lynch et Morgan Stanley, et de deux assureurs, MBIA et Ambac. Le Trésor américain met les agences Freddie Mac et Fannie Mae sous tutelle et s’engage à leur apporter 200 milliards de dollars de capital. Mais Lehman Brothers dépose son bilan et la Bank of America annonce le rachat de Merrill Lynch. La Fed et le gouvernement américain nationalisent l’assureur AIG, menacé de faillite, en lui apportant une aide de 85 milliards de dollars en échange de 79,9 % de son capital. La banque britannique Lloyds TSB rachète sa concurrente HBOS menacée de faillite. Les dépôts de Washington Mutual, en faillite, sont repris par JP Morgan.
Le cours de bourse de Fortis s’effondre en raison de doutes sur sa solvabilité. Fortis est renfloué le 29 septembre par les États belge, néerlandais et luxembourgeois. BNP Paribas en prend le contrôle en Belgique et au Luxembourg pour 14,5 milliards d’euros. L’État allemand et un consortium de banques apportent une garantie de crédit de 35 milliards d’euros à Hypo Real Estate, quatrième banque du pays. Les banques Bradford & Bingley (au Royaume-Uni) et Glitnir (en Islande) sont nationalisées.
Le gouvernement irlandais apporte une garantie générale de 2 ans aux six grandes banques du pays. Les États belge, français et luxembourgeois assurent le sauvetage de Dexia en souscrivant à une augmentation de capital de 6,4 milliards d’euros.
Aux Etats Unis, le plan de sauvetage des banques de Bush, le plan Paulson, est adopté par la Chambre des représentants.
En octobre, le G7 adopte un plan d’action international qui vise à assurer la viabilité du système financier, éviter la faillite des institutions financières importantes, garantir l’accès à la liquidité, recapitaliser les institutions financières publiques, restaurer la confiance des épargnants par des garanties publiques sur les dépôts. Adoption à Paris du plan anti-crise européen autour de l’action des États selon plusieurs axes : protéger les épargnants, assurer le financement de l’économie et éviter la faillite d’institutions financières systémiques.
Le gouvernement français annonce son « Plan pour assurer le financement de l’économie et restaurer la confiance ». Les dispositifs temporaires d’adjudication de la BCE sont désormais adjugées sans limite de montant et à taux fixe comme le fait aussi la Banque d’Angleterre et la Banque nationale suisse. Les contrats d’obtention de dollars octroyés par la Fed à ces banques centrales sont dès lors illimitées.
La BCE baisse la notation minimale pour l’éligibilité des titres à BBB- contre A- auparavant. La Banque nationale suisse et la BCE annoncent des mesures conjointes pour accroître les liquidités en francs suisses. Les autorités suisses annoncent un plan de sauvetage d’UBS, qui allie recapitalisation par l’État (à hauteur de 5 milliards de dollars) et création par la Banque nationale suisse d’une structure de défaisance des actifs toxiques. Le gouvernement français annonce qu’il est prêt à souscrire pour un montant de 10,5 milliards d’euros à des émissions de titres subordonnés émis par les six principaux groupes bancaires français : Banques populaires, BNP Paribas, Caisses d’Épargne, Crédit agricole, Crédit mutuel et Société générale.
Nicolas Sarkozy annonce la tenue de la réunion du G20, ainsi que la mise à disposition de 26 milliards d’euros de prêts pour assurer le financement des PME françaises, et la nomination de René Ricol au poste de médiateur national du crédit. La Fed modifie son taux directeur de 0,5 à 1 %.
Les autorités chinoises annoncent un plan de soutien de 470 milliards d’euros. Le président élu Barack Obama annonce un plan de relance américain qu’il s’engage à mettre en œuvre dès son investiture le 20 janvier. Le plan pourrait approcher les 1 000 milliards de dollars. Le gouvernement américain garantit 306 milliards de dollars de dettes de Citigroup et injecte 20 milliards de dollars dans son capital. La Fed lance un programme de prêts aux investisseurs, destiné à relancer le crédit à la consommation via la titrisation. Dénommé Term asset-backed securities loan facility (TALF), il est doté dans un premier temps, de 200 milliards de dollars, budget qui pourra au besoin être porté à 1 000 milliards de dollars.
En décembre, un plan de relance européen de 200 milliards d’euros (1,5 % du PIB) est approuvé par les chefs d’États européens. Nicolas Sarkozy annonce un plan de relance de l’économie française de 26 milliards d’euros. La BCE abaisse son taux directeur à 2,50 % et la Banque d’Angleterre abaisse le sien à 2 %.
Une fraude estimée à 50 milliards de dollars, montée par le fonds d’investissement de Bernard Madoff, est mise à jour. L’Autorité des marchés financiers (AMF) estime à environ 500 millions d’euros l’exposition des valeurs mobiliaires français ayant investi au Luxembourg et en Irlande. Après lui avoir accordé un prêt de 13,4 milliards de dollars sur 3 mois, le Trésor américain renfloue GMAC (branche financière de la General Motors) à hauteur de 5 milliards de dollars.

2009 : Les milliers de milliards des Etats pour sauver les banques
La France annonce une deuxième vague d’émissions de fonds propres pour les banques françaises, après la première levée de fonds effectuée en décembre pour un montant de 10,5 milliards d’euros. En Allemagne, le gouvernement annonce la nationalisation partielle de Commerzbank. Concrètement, le fonds public d’aide au secteur bancaire (SoFFin), créé en octobre, va mettre près de 10 milliards d’euros supplémentaires à disposition de Commerzbank. L’État va acheter 295 millions d’actions nouvelles ordinaires et injecter 8,2 milliards d’euros supplémentaires. Il en devient le premier actionnaire. Deuxième plan de soutien allemand à l’économie, de 50 milliards d’euros. Il comporte des mesures d’allègement de la fiscalité, de baisse des cotisations sociales, d’aides à l’investissement, de prime exceptionnelle de 100 euros par enfant et d’aide au secteur automobile. Mais Deutsche Bank annonce une perte de 4,8 milliards d’euros sur le quatrième trimestre, ce qui porte le résultat annuel 2008 à – 3,9 milliards.
Le gouvernement britannique annonce un plan de garanties de 20 milliards de livres de prêts à court terme contractés par des petites et moyennes entreprises afin d’encourager les banques à les financer. Il met en place une garantie spéciale de 1 milliard de livres pour les prêts à long terme contractés par des petites entreprises.
Citigroup publie une perte nette de 8,29 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008. Le gouvernement américain garantit 118 milliards de dollars de dette de Bank of America et injecte 20 milliards de dollars dans le capital de Bank of America. La Royal Bank of Scotland (RBS) annonce des pertes anticipées qui pourraient atteindre 28 milliards de livres. La participation publique dans cette banque passe de 58 % à 70 %. Le Premier ministre britannique annonce un nouveau train de mesures en direction des banques.
Dans le cadre des états généraux de l’automobile, le gouvernement français propose 5 à 6 milliards d’euros pour aider Renault et PSA. Hypo Real Estate, déjà sauvée de la faillite par l’État allemand, annonce qu’elle va recevoir une nouvelle garantie publique de 12 milliards d’euros portant au total l’aide de l’État à 42 milliards d’euros.
La Chambre des représentants adopte les mesures de relance proposées par le gouvernement américain de 819 milliards de dollars. UBS et Crédit suisse annoncent des pertes historiques pour 2008, de, respectivement, 13,3 milliards et 5,5 milliards d’euros. Pendant ce temps, en Belgique, KBC accuse une perte nette de 2,5 milliards d’euros pour l’exercice 2008.
Hypo Real Estate Holding fait savoir que le gouvernement allemand augmente de 10 milliards d’euros la garantie qu’il lui apporte. Ainsi, les garanties reçues par Hypo Real Estate de la part de l’État allemand atteignent 52 milliards. En France, Natixis annonce une perte de 2,8 milliards d’euros en 2008. La fusion Caisses d’Épargne et Banques populaires est officialisée. En Angleterre, RBS publie une perte de 24,1 milliards de livres en 2008, la plus élevée jamais subie par une entreprise britannique. Elle assure pour 325 milliards de livres d’actifs risqués auprès de l’État. Aux Etats Unis, Fannie Mae annonce une perte nette de 59 milliards de dollars pour 2008 et réclame au Trésor américain une aide de 15,2 milliards pour couvrir son déficit. De plus, AIG annonce une perte historique pour une entreprise américaine de 99,3 milliards de dollars pour l’exercice 2008. Le Trésor américain injecte 30 milliards de dollars. S’opère alors la nationalisation de Lloyds Banking à hauteur de 65 %. C’est la quatrième banque nationalisée au Royaume-Uni, après Northern Rock, Bradford & Bingley et RBS. Aux Etats Unis, Freddie Mac publie une perte nette annuelle de 50,1 milliards de dollars.
AIG rend publiques les contreparties bénéficiaires de versements, rendus possibles grâce au renflouement public entre le 16 septembre et le 31 décembre 2008 : Goldman Sachs (12,9 milliards de dollars), la Société générale (11,9), Deutsche Bank (11,8), Barclays (7), Merrill Lynch (6,8), BNPP (4,9), Calyon (2,3).
La Fed va acheter jusqu’à 300 milliards de dollars de bons du Trésor et également 750 milliards supplémentaires consacrés à l’acquisition d’obligations adossées à des crédits immobiliers – portant le total de ces rachats à 1 250 milliards. La banque centrale américaine entend enfin consacrer jusqu’à 100 milliards supplémentaires au rachat de la dette de Fannie Mae et Freddie Mac. La Banque du Japon dévoile un plan de soutien aux banques de 10 milliards de dollars qui prendra la forme de prêts subordonnés aux grandes banques commerciales.
Présentation d’un plan, le Public Private Investment Program, pour les créances douteuses des banques : une entité autonome recueillera l’intégralité des actifs toxiques et sera adossée à la Fed et au FDIC (organisme de garantie des déposants). Le dispositif est doté, dans un premier temps, de 500 milliards de dollars et pourra atteindre 1 000 milliards de dollars.
L’État allemand engage le processus de nationalisation d’Hypo Real Estate. La Banque d’Espagne et le gouvernement espagnol doivent sauver un établissement financier, la Caisse d’Épargne de Castille. En avril, la réunion du G20 se conclut par plusieurs dispositions sur la régulation et les moyens des organisations multilatérales : annonce d’un programme global de 1 100 milliards de dollars destiné à restaurer la croissance, les échanges et l’emploi à l’échelle mondiale ; le FMI voit ses ressources triplées.
Nouveau plan de relance japonais de 90 milliards de dollars. Aux États-Unis, Goldman Sachs engrange un bénéfice net de 1,81 milliard de dollars au premier trimestre. Wells Fargo publie par anticipation un résultat net de l’ordre de 3 milliards de dollars au premier trimestre 2009. En Belgique, BNP Paribas achète Fortis pour 8,25 milliards d’euros. D’après un rapport du FMI, les banques européennes (hors Royaume-Uni) devraient supporter un volume de dépréciations d’actifs de 1 100 milliards de dollars, supérieur à celui des banques américaines (1 050 milliards de dollars).
A partir de mai, la Société Générale déclare une perte nette de 278 millions d’euros au premier trimestre. La BCE décide d’allonger la durée des prêts accordés aux banques. Elle lance un programme d’achat de « bons sécurisés » pour un montant de 60 milliards d’euros (soit 4 % de l’encours, de l’ordre de 1 500 milliards) et crée une nouvelle facilité de refinancement à 1 an à un taux initial de 1 %. Augmentation de 50 milliards de livres du programme d’achats d’actifs de la Banque d’Angleterre, porté à 125 milliards de livres.
Le SoFFin (programme du gouvernement allemand dans le but de stabiliser et de restaurer la confiance dans le système financier) annonce que l’État va nationaliser Hypo Real Estate après avoir porté sa participation à 47,31 %, utilisant celle-ci pour imposer une augmentation de capital de la banque.
Le Trésor américain et la Fed publient les résultats des tests de résistance. Neuf banques ont été jugées suffisamment capitalisées pour traverser sans encombre la crise économique, même en cas de dégradation supplémentaire de la conjoncture. Les besoins en capitaux supplémentaires de dix des dix-neuf plus grandes banques du pays s’élèvent à 75 milliards de dollars. Sur la période 2009-2010, la Fed estime que les banques pourraient avoir à faire face à 600 milliards de dollars de pertes sur crédit, mais que ces pertes seraient en partie absorbées par la génération de résultats opérationnels positifs sur la période.
Commerzbank publie une perte nette de 861 millions d’euros au premier trimestre 2009. La Royal Bank of Scotland, propriété à 70 % de l’État, annonce une perte nette de 857 millions de livres au premier trimestre 2009. Toujours en mai, La faillite de Bank United FSB, en Floride, est la plus importante enregistrée aux États-Unis depuis le début de l’année et la 34e de l’année, contre 25 au total en 2008. La Commission européenne présente des propositions pour renforcer et regrouper la supervision financière en Europe, et tirer les leçons de la crise. Général Motors, après avoir reçu 19,4 milliards de dollars de financements publics depuis décembre, se voit accorder par le Trésor une rallonge de 30,1 milliards de dollars. Citigroup entame une opération de conversion d’actions en actions ordinaires pour 58 milliards de dollars, suivant une procédure au terme de laquelle l’État pourrait détenir 34 % du capital. Comment alors étatiser une dette privée..
En juin, Le Trésor américain autorise dix des plus grandes banques du pays à rembourser au total jusqu’à 68 milliards de dollars d’aides reçues de l’État depuis l’automne, dans le cadre de son plan de stabilisation du système financier.
JP Morgan et Morgan Stanley annoncent avoir remboursé au Trésor leurs aides publiques respectives de 25 milliards de dollars et 10 milliards de dollars. US Bancorp et BB&T ont pour leur part remboursé une partie des aides publiques. Sont attendus les remboursements d’American Express et de Goldman Sachs. Le président Barack Obama appelle à une « nouvelle fondation » de la réglementation financière américaine. La BCE alloue 442 milliards d’euros au taux de 1 % aux banques européennes via sa première opération de refinancement à plus long terme. 1 121 établissements ont participé à cette opération.
En août, La Banque d’Angleterre décide d’injecter 50 milliards de livres supplémentaires dans l’économie, dans le cadre de ses mesures non conventionnelles de quantitative easing, ce qui porte le montant engagé à 175 milliards de livres. Les taux directeurs sont en outre inchangés à 0,5 %. Au Royaume-Uni, la Financial Services Authority (FSA) va publier un code fixant les obligations des banques en matière de rémunération et de bonus.
Intervention de Nicolas Sarkozy pour inviter les banques à respecter les nouvelles règles internationales en matière de rémunération. Sommet du G20 à Pittsburgh. Les dirigeants se mettent d’accord sur de nouvelles règles destinées à limiter le risque de crise financière. Le G20 devient officiellement l’enceinte de discussion et de règlement des questions de finance internationale.
Dans son rapport consacré à la stabilité financière, le FMI indique que les banques et les institutions financières dans le monde devraient enregistrer 3 400 milliards de dollars de dépréciations au total, contre 4 000 milliards estimés en avril 2009 (pour les seules banques, 1 500 milliards de dépréciations sur les titres et prêts sont encore à passer, sachant qu’elles en ont déjà enregistré 1 300 milliards).
Plusieurs grandes banques françaises annoncent le remboursement des titres souscrits par la Société de prise de participation de l’État (SPPE) dans le cadre du plan de soutien au secteur bancaire. Publication des résultats du stress test européen portant sur vingt-deux grandes banques. La Fed a achevé son plan de rachat de 300 milliards de dollars d’emprunts d’État américains.
En novembre, publication de l’arrêté sur les bonus, en France : transmission chaque année d’un rapport à la Commission bancaire sur la politique de rémunération ; interdiction des rémunérations variables garanties sauf en cas d’embauche ; la part différée représentera au moins 50 % des rémunérations variables (et devra être payée à 50 % en titres).
Révélation par la Banque d’Angleterre qu’elle a secrètement fourni, au plus fort de la crise financière (mi-octobre 2008), des prêts d’urgence à RBS et HBOS pour un montant de 61,6 milliards de livres. Annonce de la restructuration de la dette de Dubaï World (principale entreprise d’État de Dubaï) qui déstabilise temporairement les marchés financiers. Un montant de 96,937 milliards d’euros a été alloué dans le cadre d’une opération de refinancement à très long terme, 224 banques ont soumissionné.

2010 : Rigueur, austérité, des milliards pour les banques et les agences de notations frappent fort
Le nouveau gouvernement grec de Georges Papandréou adopte des plans d’austérité comprenant des mesures contre la fonction publique (gel des embauches, réduction des primes…). Ce programme vise une réduction du déficit public à 2,8 % du PIB en 2012, une extension du gel des salaires dans la fonction publique aux agents gagnant moins de 2 000 euros par mois, une hausse de deux points de la TVA et une hausse de certaines taxes en particulier sur l’essence, le tabac et l’alcool. Des grèves générales sont organisées en Grèce contre les mesures d’austérité annoncées par le Gouvernement dans les secteurs privé et public.
Fitch dégrade la note de la dette portugaise (de AA à AA-), puis celle de la dette grecque (de BBB+ à BBB-). La BCE et le FMI décident d’un programme triennal de prêts bilatéraux à la Grèce pour un montant total de 80 milliards d’euros dont 40 pour l’année 2010. Eurostat révèle que le déficit public grec de 32,34 milliards d’euros est plus élevé que prévu (13,6 % du PIB au lieu de 12,7 %). Dans la foulée, Moody’s dégrade la note de la dette grecque (de A2 à A3).
La Grèce formule une demande officielle d’aide auprès de l’Union européenne et du FMI, cherchant ainsi à écarter tout risque de liquidité avant le 19 mai, date à laquelle elle doit rembourser une échéance obligataire de 8,5 milliards d’euros.
En avril, Standard & Poor’s dégrade la note de la dette grecque (de BBB+ à BB+), la note de la dette portugaise (de A+ à A-) et celle de la dette espagnole (de AA+ à AA). Le Portugal accélère ses mesures d’austérité.
Les ministres des Finances européens annoncent un plan d’aide au profit de la Grèce et allouent, en coordination avec le FMI une aide de 110 milliards d’euros sur trois ans pour soutenir le secteur bancaire grec : en échange, la Grèce s’est engagée à prendre des mesures d’austérité supplémentaires à celles déjà annoncées pour 2010 (à hauteur de 4,8 milliards d’euros) : le Premier ministre grec annonce un plan de réduction des dépenses publiques de 30 milliards d’euros d’ici à fin 2012, occasionnant, de son propre aveu, de « grands sacrifices ». Une troisième grève générale est organisée en Grèce depuis février.Le Conseil européen valide le plan d’aide à la Grèce d’un montant total de 110 milliards d’euros de prêts sur trois ans, dont 80 milliards incombant aux pays de la zone euro et 30 milliards au FMI.
Début mai, un plan de stabilisation à hauteur de 750 milliards d’euros est annoncé par l’Union européenne et le FMI. Les autorités européennes vont créer le Fonds européen de stabilité financière pour octroyer des prêts conditionnels à des États de la zone euro rencontrant des difficultés de financement, ce fond d’aide est noté AAA par les trois grandes agences de notation. Le FMI participe à ce plan sous la forme de prêts exceptionnels à hauteur de 250 milliards d’euros. Une facilité de 60 milliards d’euros est également mise en place. La BCE, face à la menace systémique, annonce qu’elle va racheter des obligations d’État sur les marchés (mise en place du Programme pour les marchés de titres ou Securities Markets Program — SMP).
En mai, José Luis Rodriguez Zapatero annonce plusieurs mesures d’austérité pour un montant total de 15 milliards d’euros, dont une baisse des salaires des fonctionnaires et des membres du gouvernement de respectivement 5 % et 15 %. L’objectif défendu par le gouvernement espagnol est de ramener le déficit à 3 % du PIB en 2013. Le gouvernement italien dévoile un plan d’austérité d’un montant total de 25 milliards d’euros avec l’objectif de réduire le déficit à 2,7 % du PIB en 2012 contre 5,3 % en 2009. Mais Fitch dégrade la note de la dette espagnole (de AAA à AA+). La loi de finances rectificative pour 2010 fixe à hauteur de 111 milliards d’euros la garantie maximale accordée par la France au fond d’aide européen.
En juin, lors du G20 Finances de Busan, en Corée du Sud, les ministres des Finances et les banques centrales du G20, décide les priorités suivantes : nécessité de mesures d’assainissement des finances publiques dans la durée, renforcement de la coordination des politiques économiques des pays du G20 et réforme du cadre prudentiel des banques.
Moody’s dégrade la note de la dette grecque (de A3 à Ba1) qui est donc déclarée spéculative. Un plan d’austérité est approuvé en conseil des ministres en Allemagne (80 milliards d’euros sur quatre ans). Une sixième grève générale est organisée en Grèce contre les mesures d’austérité. En juillet, Moody’s dégrade la note de la dette portugaise (de Aa2 à A1) et celle de la dette irlandaise (de Aa1 à AA-).
Toujours en juillet, résultats du stress test européen portant sur quatre-vingt-onze banques : sept banques ne satisfont pas à ce test dont cinq espagnoles. Standard & Poor’s dégrade la note de la dette irlandaise (de AA à AA-), Moody’s dégrade la note de la dette espagnole (de Aaa à Aa1) et Fitch dégrade la note de la dette irlandaise (de AA- à A+). Les ministres des Finances de l’Union européenne adoptent une réforme du Pacte de stabilité et de croissance.
En octobre, la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne a permis d’élaborer deux pistes distinctes concernant la crise de la dette souveraine en Europe :
• le traité de Lisbonne pourrait être modifié de manière « limitée » afin d’y inclure un « mécanisme permanent » de financement des États en cas de nouvelle crise. Le FESF n’existe en effet qu’à horizon mi-2013 et n’est conforme au traité que de par son caractère éphémère ;
• l’idée d’une participation des créanciers privés des États de la zone en cas de défaut ou de rééchelonnement de dettes d’un pays membre.
Eurostat publie de nouvelles statistiques sur l’Union européenne et estime, en particulier, que le déficit public de la Grèce s’élève à 15,4 % du PIB pour 2009.
Le gouvernement grec présente un budget 2011 d’austérité avec 17 milliards d’euros d’économies. L’Irlande évoque pour la première fois la possibilité d’une aide au secteur bancaire irlandais organisé avec l’Union européenne et le FMI et fait officiellement appel au soutien financier du mécanisme européen de sauvetage conjoint de l’Union européenne et du FMI. Un plan de 85 milliards d’euros est élaboré afin d’aider ce pays mis en difficulté du fait de son secteur bancaire. Le FMI y contribuera à hauteur de 22,5 milliards, l’Union européenne à hauteur de 45 milliards tandis que l’Irlande devra puiser à hauteur de 17,5 milliards dans un fonds de retraite national. Fitch dégrade la note de la dette irlandaise (de A+ à BBB+).
Les dirigeants de l’Union européenne adoptent un texte prévoyant la modification du traité de Lisbonne pour autoriser les pays de la zone euro à installer le Mécanisme européen de stabilité (MES) au-delà de 2013, date d’expiration du FESF.
Standard & Poor’s dégrade la note de la dette irlandaise (de Aa2 à Baa1), puis Fitch dégrade la note de la dette portugaise (de AA- à A+).

2011 : Banques et agences de notations, reines du monde…
Fitch dégrade la note de la dette grecque (de BBB- à BB+) et Standard & Poor’s dégrade la note de la dette irlandaise (de AA- à A-).
Pour la Grèce, les représentants de la zone euro et du FMI annoncent le lancement d’un plan massif de privatisations de 50 milliards d’euros d’ici à 2015. La Grèce connaît sa huitième journée de grève générale à l’appel des centrales syndicales des secteurs privé et public.
Moody’s dégrade la note de la dette grecque (de Ba1 à B1), celle de la dette espagnole (de Aa1 à Aa2) et celle de la dette portugaise (de A1 à A3).
Fitch dégrade la note de la dette portugaise (de A+ à A-) et Standard & Poor’s dégrade également la note de la dette portugaise (de A- à BBB).
Le sommet européen avalise l’allongement à sept ans et demi, contre trois ans et demi, du délai de remboursement du prêt de 110 milliards d’euros à la Grèce, qui obtient aussi une baisse des taux d’intérêt, de 5,2 % en moyenne à 4,2 %.
Standard & Poor’s dégrade la note de la dette grecque (de BB+ à BB-), celle de la dette portugaise (de BBB à BBB-) et celle de la dette irlandaise (de A- à BBB+). Fitch dégrade la note de la dette portugaise (de A- à BBB-). Moody’s dégrade la note de la dette portugaise (de A3 à Baa1).
En avril, Moody’s dégrade la note de la dette irlandaise (de Baa1 à Baa3) et assigne une perspective négative à la dette américaine. Standard & Poor’s dégrade la note de la dette grecque (de BB- à B).
Eurogroupe écarte l’idée d’un second programme d’aide pour la Grèce et les ministres des Finances de l’ensemble de l’Union européenne annoncent un plan d’aide de 78 milliards d’euros pour le Portugal.
Fitch dégrade la note de la dette grecque (de BB+ à B+) et Moody’s la dégrade de B1 à Caa1.
En juin, le gouvernement grec présente un nouveau plan de privatisations et un durcissement de la rigueur. Mais Standard & Poor’s dégrade la note de la dette grecque (de B à CCC).
Moody’s envisage d’abaisser d’un cran la note long terme des banques françaises (BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole) du fait de leur exposition à la Grèce.
Suite à un sommet de l’Eurogroupe, la décision formelle de verser la prochaine tranche d’aide à la Grèce est reportée à juillet et conditionnée à l’adoption de nouvelles mesures par le Parlement grec.
Le Parlement grec adopte un nouveau plan de rigueur. Ce plan contient notamment une hausse des prélèvements obligatoires, une réduction des dépenses publiques et des privatisations.
L’Eurogroup prend officiellement la décision de verser la cinquième tranche d’aide à la Grèce. La part européenne s’élève à 8,7 milliards d’euros tandis que la part débloquée par le FMI s’élèvera à 3,3 milliards d’euros.
Moody’s dégrade la note de la dette portugaise (de A3 à Baa1). La dette portugaise est donc considérée comme spéculative. Elle dégrade aussi celle de la dette irlandaise (de Baa1 à Baa3) qui est aussi considérée comme spéculative.
Fitch dégrade de trois crans la note souveraine de la Grèce (de B+ à CCC) à cause de l’absence d’un nouveau plan d’aide.
En juillet, l’autorité du contrôle bancaire (EBA) publie les résultats des nouveaux stress tests bancaires européens : des 90 banques ayant participé à ces tests de résistance, huit banques échouent, affichant un déficit en fonds propres de 2,5 milliards d’euros.
En Italie, un plan d’austérité de près de 48 milliards d’euros a été voté de manière définitive par la Chambre des députés. Sur la base de nouvelles règles les 8 300 banques européennes auront besoin d’augmenter leurs fonds propres de 460 milliards d’euros d’ici à 2019.
Les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro se sont mis d’accord sur un second plan d’aide à la Grèce. Il prévoit 109 milliards d’euros de fonds publics jusqu’à mi-2014, une participation du secteur privé, ainsi que des rachats de dettes publiques par le FESF. Par ailleurs, les outils de ce fonds sont renforcés. Mais Moody’s dégrade la note de la dette grecque (de Caa1 à Ca) et Standard & Poor’s la dégrade de CCC à CC.
En août, le président Barack Obama annonce être parvenu à un accord sur le plan budgétaire permettant le vote d’un nouveau plafond de la dette. Cet accord prévoit une hausse de 2 400 milliards de dollars (14 300 milliards actuellement) et une réduction des dépenses de 917 milliards en 10 ans, sans hausse d’impôt. Par ailleurs, une commission spéciale bipartite a été créée afin de trouver 1 500 milliards d’économie supplémentaires avant le 23 novembre. Mais l’agence de notation Standard & Poor’s dégrade d’un cran, à AA+, la note de la dette américaine pour la première fois de son histoire.
Les banques françaises connaissent une journée de forte baisse sur les marchés : la Société générale chute de 20 % en séance sur fond de fausses rumeurs de marché (notamment une émanant d’un journal anglais). Crédit agricole SA et BNP Paribas perdent respectivement 11,81 % et 9,47 % et l’Italie adopte un nouveau plan d’austérité.
Le couple franco-allemand confirme sa volonté d’une refonte du modèle économique et politique européen avec la création d’un gouvernement économique de la zone euro et l’adoption d’une règle d’or budgétaire pour l’ensemble des pays de la zone.
Le gouvernement espagnol présente de nouvelles mesures d’austérité à hauteur de 5 milliards d’euros : une hausse de la TVA sur l’achat de logements neufs et une réforme de l’impôt sur les sociétés. Moody’s dégrade la note de la dette japonaise. Le Japon se voit donc désormais attribuer la note Aa3, qui constitue le plus bas échelon des dettes jugées les plus solvables.
Lors de la conférence de Jackson Hole, Christine Lagarde, directeur du FMI, déclare que les banques européennes ont besoin d’une recapitalisation urgente et qu’elles pourraient avoir besoin de 200 milliards d’euros de fonds propres supplémentaires et le président américain Barack Obama annonce un programme de relance de 447 milliards de dollars qui devrait être accompagné par de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire de la Fed.
En septembre, la BCE annonce la réactivation des opérations de prêt en dollar à 3 mois pour faire face aux problèmes de refinancement en dollar de certaines banques européennes. Cette action est concertée avec la Fed, la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque du Japon (BoJ) et la Banque nationale suisse (BNS).
Standard & Poor’s dégrade la note de la dette italienne (de A+ à A), plus celle de sept banques italiennes (dont Mediobanca, Intesa et Banca IMI) dans la foulée et révise à la baisse ses perspectives pour huit autres banques du pays.
La Fed lance la vente de 400 milliards de dollars de titres de maturité de court terme et au rachat pour un montant équivalent de titre de maturité longue dans le but de faire baisser les taux d’intérêts à long terme.
Moody’s annonce la baisse de deux crans de la note des principales banques grecques, en raison de la perte de valeur récente des obligations de l’État grec détenues par ces établissements.
José Luis Rodriguez Zapatero annonce la convocation d’élections législatives anticipées en Espagne pour le 20 novembre et indique que l’État espagnol a décidé d’injecter 7,5 milliards d’euros de fonds publics dans quatre caisses d’épargne.
En octobre, Moody’s abaisse de trois crans la note de la dette italienne (de Aa2 à A2). La Banque d’Angleterre décide d’accroître le montant de ses achats de titres de 75 milliards de livres sterling portant ainsi son programme d’achat de 200 milliards de livres sterling à 275 milliards de livres sterling.
Fitch annonce la dégradation des notes des dettes de l’Italie (de AA- à A+) et de l’Espagne (de AA+ à AA-).
Standard & Poor’s annonce la dégradation de la note de la dette espagnole (de AA à AA-). Par ailleurs, Standard & Poor’s abaisse d’un cran la note de crédit de dix banques espagnoles – dont Santander et BBVA. Fitch dégrade la note de six banques espagnoles et de trois banques italiennes (dont Intesa Sanpaolo de AA- à A) dans la foulée de ses décisions du 7 octobre. Standard & Poor’s dégrade la note de long terme de BNP Paribas de AA à AA-. Les notations de BPCE, Crédit agricole, Crédit mutuel et Société générale sont confirmées. Moody’s dégrade la note de la dette espagnole (de Aa2 à A1).
Lors d’un sommet européen, les chefs d’État et de gouvernement annoncent que :
• un accord a été conclu sur l’optimisation des ressources disponibles du FESF, soit environ 1 000 milliards d’euros. Cet accord présente deux options de base : un mécanisme de réhaussement de crédit et une maximisation des mécanismes de financement du FESF avec la combinaison de ressources publiques et privées ;
• un accord a été conclu sur le principe d’une recapitalisation du secteur bancaire européen ;
• les créanciers privés de la Grèce acceptent une décote de moitié sur la valeur des titres d’États grecs dont ils disposent ;
• l’Italie est mise sous surveillance par les chefs d’État de la zone euro (mais pas l’Espagne).
Standard & Poor’s confirme la note « triple A » du FESF suite au sommet européen du 26 octobre 2011.
Sous présidence française, le G20 se réunit à Cannes. Les décisions les plus liées à la crise actuelle concernent :
• l’augmentation des contributions de certains pays au FMI (au final, le FMI pourrait disposer de 1 050 milliards de dollars de ressources fin 2012) ;
• la probable mise en place d’une nouvelle ligne de crédit de court terme, sans conditionnalité, dont le montant ne sera pas limité et adressée à des pays dont les fondamentaux sont sains mais qui sont frappés par un choc systémique ;
• la demande formulée au FMI pour une extension de sa surveillance aux flux de capitaux.
Par ailleurs, l’Italie a été au centre de toutes les attentions et placée sous la surveillance du FMI.
Dans un communiqué de presse, la troïka explique qu’une mise en œuvre énergique des mesures d’austérité en Grèce devrait suffire à atteindre les objectifs de déficit en 2012 mais que le pays va manquer ses objectifs pour 2011.
Dans une interview accordée à quelques journaux européens, Klaus Regling, directeur du FESF assure que le FESF pourra financer le nouveau plan pour la Grèce et aider l’Italie : « Sur nos 440 milliards d’euros de garanties, nous estimons qu’il nous restera après les programmes portugais, irlandais et grec, entre 250 et 300 milliards d’euros ».
En novembre, Mario Monti présente un programme d’austérité et de relance devant la Chambre haute du Parlement, qui lui donne son vote de confiance. Suite à ces annonces, le Parti populaire espagnol obtient une majorité absolue au Congrès des députés. Son leader, futur chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a laissé entendre que de nouvelles mesures d’austérité devraient être prises. Mais Standard & Poor’s confirme la note attribuée à la dette espagnole (AA-), indiquant qu’elle restait menacée d’un abaissement après le changement de majorité parlementaire dimanche.
La Commission européenne présente un Livre vert sur la faisabilité d’introduire des obligations de stabilité et ouvre de façon institutionnelle le débat sur les Eurobonds. À cette occasion, elle se propose de renforcer son contrôle sur les politiques budgétaires des États membres, le président José Manuel Barroso précisant que « la crise de la dette montre que sans gouvernance plus forte de la zone euro, il sera difficile de continuer d’avoir une monnaie commune ».
Selon Fitch, qui publie un rapport sur les finances publiques de la France, « le AAA de la France serait en danger ». Fitch annonce la dégradation de la note de la dette portugaise (de BBB- à BB+ accompagnée d’une perspective négative). La dette portugaise est donc considérée comme spéculative. Standard & Poor’s abaisse la note de la dette belge (AA+ à AA), mentionnant la fragilité du système bancaire belge et l’éventuel soutien supplémentaire que l’État belge devra lui apporter.
Selon Moody’s, aucun pays de la zone euro n’est à l’abri d’une dégradation de sa note de crédit : « l’aggravation ininterrompue de la crise de la dette publique et des banques de la zone euro menace la qualité de crédit de tous les pays européens. Alors que la zone euro dans son ensemble possède une force économique et financière énorme, la faiblesse de ses institutions continue d’entraver la résolution de la crise et de peser sur les notes. En l’absence de mesures politiques qui stabiliseraient la situation des marchés à court terme, ou de stabilisation de ces marchés pour toute autre raison, le risque de crédit va continuer de monter ».
Suite à l’échec de la commission bipartite aux États-Unis, Fitch annonce avoir placé la note de la dette américaine sous perspective négative, menaçant ainsi le pays d’une dégradation si aucun accord « crédible » n’était trouvé dans les deux ans.
L’Italie a dû accepter un rendement record depuis la création de la zone euro de près 8 % pour pouvoir émettre 7,5 milliards d’euros de titres à trois ans.
En décembre, La Commission européenne annonce la prolongation pour 2012 du cadre européen dédié à la régulation des aides publiques aux banques.
Dans un discours aux députés du Bundestag, la chancelière allemande Angela Merkel affirme que l’Europe est sur le point de mettre en place une union budgétaire. Il s’agira d’« union budgétaire avec des règles strictes, au moins pour la zone euro ». Elle reconnait également « que les hommes politiques européens ont perdu en crédibilité dans le contexte de la crise de la dette de la zone euro parce qu’ils n’ont pas appliqué les règles du pacte de stabilité » tout en soulignant que « la résolution de la crise de la dette souveraine est un processus qui prendra des années ».
Le président de la BCE, Mario Draghi déclare devant le Parlement européen que la BCE se tient prête à agir de manière plus agressive pour lutter contre la crise de la dette si les responsables politiques européens trouvent un accord, au prochain sommet européen, pour des contrôles budgétaires renforcés dans la zone euro.
Le nouveau gouvernement italien de Mario Monti annonce un troisième plan de rigueur pour l’Italie depuis juillet 2011. Les réformes structurelles (report de l’âge de la retraite, hausse de la TVA, coupes dans les dépenses publiques, hausse des impôts) s’accompagneront de dépenses en faveur de la croissance pour environ 10 milliards d’euros.
Le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont présenté les grands axes du nouveau traité souhaité par le couple franco-allemand, à la suite d’une réunion de travail bilatérale. Ce texte devrait prévoir :
• des sanctions automatiques en cas d’infraction de la règle des 3 % de déficit maximum par l’un des États membres ;
• une règle d’or renforcée et harmonisée pour que les budgets des États membres puissent être validés ou invalidés par les juges constitutionnels nationaux ;
• une mise en place accélérée du Mécanisme européen de stabilité pour mi-2012 ;
• des sommets européens mensuels.
En revanche, la création d’euro-obligations a été totalement exclue et le couple franco-allemand a affirmé que le secteur privé ne pourra plus être sollicité, comme c’est le cas en Grèce, pour alléger la charge de la dette d’un pays.
Le FMI approuve le versement de 2,2 milliards d’euros à la Grèce, la sixième tranche du prêt de 30 milliards d’euros accordé en mai 2010. Le déblocage de cette somme porte le total des versements du FMI à Athènes à 20,3 milliards d’euros.
Standard and Poor’s accentue ses menaces sur les pays de la zone euro : l’agence place la note de 15 pays de la zone euro sous surveillance avec perspective négative. L’agence menace de dégrader les six notes AAA de la zone (France, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande et Luxembourg). S’agissant de la note de la France, elle pourrait même être diminuée de deux crans. Elle annonce aussi la mise sous surveillance négative de la note long terme du FESF.
Le Premier ministre britannique David Cameron indique qu’il ne signera pas un traité contraire aux intérêts britanniques.
Standard & Poor’s annonce la mise sous surveillance avec implication négative de la note AAA de l’Union européenne. Par ailleurs, l’agence annonce qu’elle pourrait déclasser la note de plusieurs grands groupes bancaires de la zone euro (dont BNPP, BPCE, Natixis, Commerzbank…).
L’EBA estime à 114,7 milliards d’euros les besoins de recapitalisation des banques européennes suite aux stress tests complémentaires menés ces dernières semaines.
Les chefs d’État et de gouvernement, réunis en sommet les 8 et 9 décembre, sont tombés d’accord sur un certain nombre de mesures visant à renforcer les dispositifs de lutte contre la crise et à ramener la confiance sur les marchés (il faut noter que le Royaume-Uni n’a pas signé cet accord) :
• inscription d’une règle budgétaire dans les constitutions nationales (appelée « règle d’or » en France) avec un mécanisme de correction automatique ;
• ratification anticipée du traité sur le MES afin que le mécanisme entre en vigueur en juillet 2012 ;
• décision d’une éventuelle réévaluation du plafond global du FESF/MES lors du Conseil européen de mars 2012 ;
• confirmation dans un délai de 10 jours de la mobilisation de ressources supplémentaires pour le FMI d’un montant jusqu’à 200 milliards d’euros, sous la forme de prêts bilatéraux des États membres ;
• réaffirmation, s’agissant de l’implication du secteur privé, que les décisions prises le 21 juillet et les 26 et 27 octobre relatives à la dette grecque sont « uniques et exceptionnelles ».
Moody’s abaisse les notes de long terme des trois grandes banques françaises.
Dans un communiqué, Fitch Ratings souligne que l’absence de solution « globale », issue du sommet européen des 8 et 9 décembre, avait accru la pression à court terme sur les notes souveraines des pays de la zone euro.
Fitch Ratings annonce la dégradation de la note de six grandes banques mondiales : Barclays (désormais notée A), Crédit suisse (A) et Deutsche Bank (A) reculent de deux crans tandis que Bank of America (A), BNP Paribas (A+) et Goldman Sachs (A) descendent d’un cran. En revanche Morgan Stanley (A), Société générale (A+) et UBS (A) voient leur note confirmée. Standard & Poor’s annonce avoir abaissé les notes de dix établissements bancaires espagnols, ajoutant qu’elle continuait d’envisager de les dégrader à nouveau à court terme. D’après l’INSEE, la France rentrerait dans un épisode récessif à partir du quatrième trimestre 2011.
Moody’s abaisse la note attribuée à la dette de la Belgique de deux crans (à Aa3) et Fitch Ratings annonce un abaissement de « stable » à « négative » de la perspective de la note française à long terme.
Les ministres européens des Finances de l’UE se sont mis d’accord pour fournir 150 milliards d’euros au FMI.
Fitch Ratings annonce que le risque d’un abaissement de la note du FESF s’est accru : les notes AAA attribuées aux titres émis par le FESF « dépendent beaucoup du fait que la France et l’Allemagne conservent leurs notes AAA », explique l’agence dans un communiqué.
La première opération exceptionnelle et historique de refinancement à trois ans de la BCE (cf. décision du 8 décembre 2011) a été largement sollicitée par les banques. Ainsi, la BCE a alloué 489 milliards d’euros à 523 banques.
Fitch Ratings réaffirme que le niveau élevé de la dette de l’État fédéral américain n’est pas compatible avec le maintien d’une note AAA, ajoutant toutefois qu’un éventuel abaissement ne sera pas décidé avant 2013 (cf. décision du 28 novembre 2011).

2012 : Le massacre continue…
Après avoir placé la France, ainsi que l’ensemble des autres pays de la zone euro dont les 5 souverains notés AAA (Allemagne, Finlande, Pays-Bas, Autriche et Luxembourg), sous surveillance négative le 5 décembre 2011, Standard and Poor’s annonce la dégradation de la France et de 8 autres pays de la zone euro le 13 janvier 2012. Tandis que l’Allemagne, la Finlande et le Luxembourg gardent leur AAA, la France et l’Autriche voient leur note passer de AAA à AA+ (une dégradation d’un cran). Malte, la Slovaquie et la Slovénie sont également dégradés d’un cran tandis que Chypre, l’Italie, l’Espagne et le Portugal en perdent deux.
Standard and Poor’s abaisse d’un cran la note du FESF, de AAA à AA+. Elle n’exclut pas de la relever si des garanties supplémentaires lui sont accordées, d’après un communiqué. Cette dégradation est une conséquence directe de l’abaissement des notes française et autrichienne.

Epilogue :
Non, il n’y a pas de crise. Il existe seulement un « contrat » entre les gouvernements avides de pouvoir, et les plus riches avides d’argent. Les uns mettent en place les outils et les dispositions nécessaires à la réussite des autres, qui leur réservent des pantouflages dans des placards dorés (voir l’article sur le visage des marchés).
A voir la soit-disant incapacité des gouvernants à réguler et moraliser les marchés, les banques, on se demande jusqu’à quel point ils seront capables d’aller avant que les peuples ne se déchaînent…
On se souvient de l’incapacité des pouvoirs publics français, juges et fisc, à remonter la trace des avoirs de Ziad Takieddine, dont la fortune dans les paradis fiscaux était masquée par des sociétés anonymes et des hommes de paille. Pourtant, la banque Barclay’s a réussi facilement à remonter toute la filière lors d’une opération de prêt demandée. Tirons les conclusions qui s’imposent…
Selon Thomas Piketty, « si l’évasion fiscale et l’opacité financière ne minaient pas le système, la zone euro serait créancière nette à l’égard du reste du monde. Et les dettes jugées insupportables des pays comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie, diminueraient de façon spectaculaire si l’argent exilé en Suisse, au Luxembourg ou à Londres revenait dans les pays d’origine et payait normalement l’impôt. »
Les grandes fortunes, les banques, les fonds de pensions pilotent le système à leur unique profit, avec l’appui inconditionnel des gouvernements, de droite comme de « gauche ». Le libéralisme montre son visage, les plus riches ne participent pas à la croissance et à l’enrichissement des plus pauvres ni de leur propre pays, le libéralisme financier non régulé ne sert en rien l’économie réelle et ne fait qu’enrichir encore plus la même caste, en utilisant des procédés illicites, illégaux dans la plus totale opacité et impunité. Ce sont toujours de petits fusibles qui sautent dans le pire des cas. Ceux là même qui ont maquillé les comptes de pays comme la Grèce, l’Espagne et d’autres encore, s’abattent maintenant comme des charognards sur ces pays en spéculant sur leur perte pour en tirer encore quelques milliards d’euros à leur profit.
A l’heure où la culture, la santé, l’éducation sont considérées comme variables d’ajustement, des dépenses abusives à modérer, où les services publics sont considérés comme des poids financiers, où la solidarité nationale et considérée comme un luxe et un gouffre financier, il devient urgent de réguler ce monde de la finance, de dénoncer cette soit-disant dette, d’agir contre la fraude et l’évasion fiscale, de nationaliser les banques, de punir pénalement tout manquement à la vocation des banques qui est de fournir des fonds à l’économie réelle… cherchez l’erreur !