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La vérité si je mens : Analyse électorale

Nous entendons lors des résutats d’élections présidentielles et européennes, les médias et les hommes politiques commenter de manière excessive ou catastrophée les résultats obtenus en victoire écrasante pour les uns, ou la montée « tsunamique », « déferlante » d’autres…

C’est avec des chiffres partiels qu’ils truquent les résultats, maquillent la réalité électorale, en utilisant des analyses inadéquates pour appuyer leur argumentaire orienté afin de valider leur analyse. Ils ont pour objectif de tirer des conclusions qui les arrangent et qui desservent leurs adversaires. L’utilisation tronquée ou partielle des chiffres permet surtout de s’approprier des victoires, de déclarer des défaites des opposants, ou de faire porter à d’autres le chapeau d’un résultat présenté comme une montée brutale d’un parti. Le FN, par exemple, pour ne pas le nommer.

C’est pourquoi, en utilisant les chiffres officiels des résultats de ces types d’élections et en mettant en perspective ce qui peut être comparé, on s’aperçoit que la réalité est toute autre et donc qu’elle ne leur convient pas dans leur stratégie de conquête de l’électorat.
Il leur suffit alors de sélectionner des valeurs en les mettant en rapport avec d’autres qui ne sont pas représentatives de la même unité de calcul…Bref, de distordre ce que disent les réalités des résultats.

Les critères d’analyse sélectionnés :
Dans un premier temps ne seront synthétisés que les résultats électoraux de trois partis du panel politique : le PS, la droite classique (RPR et UMP) et le FN. C’est sur cette base que s’explique le mieux la façon dont les résultats sont distordus lors des analyses des politiques ou des médias.

Pour avoir un rapport juste du nombre de voix effectivement portées sur un candidat ou une liste, il faut dégager des outils fiables et objectifs d’analyse.

Voici donc les principes adoptés pour effectuer cette synthèse :
- Relever le nombre d’inscrits sur les listes électorales
- Déterminer le nombre de Français en âge de voter à la date de l’élection
- Relever l’abstention et l’ajouter aux bulletins nuls ou blancs. En effet, ces trois façons de ne pas exprimer son choix peuvent se regrouper en une seule idée : je ne veux choisir personne qui me soit proposé, donc, ou je ne me déplace pas, ou je vote blanc ou nul pour quand même effectuer l’acte de vote. Le résultat est le même, les voix non exprimées n’entrent pas dans le calcul du pourcentage acquis par les candidats. C’est l’option qui est appelée ici « non choix ».
- Les pourcentages du nombre de voix acquis par chaque liste ou nom seront calculés au nombre d’inscrits. En effet, les personnes qui se sont inscrites sur les listes électorales ont toutes le droit de peser par leur existence citoyenne sur la représentativité qu’elles portent par le seul fait de leur inscription sur les listes électorales. C’est une façon démocratique de prendre en compte l’abstention, le vote nul et le vote blanc dans l’expression de la représentativité d’un candidat.
- Comme un certain nombre de citoyens ne s’inscrivent plus sur les listes électorales par dégoût, lassitude de n’être pas reconnus, écoutés, représentés, il est intéressant de calculer le pourcentage que représente le nombre de voix acquises par un candidat par rapport à la population en âge de voter, en comptant ainsi aussi ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, pour donner aussi un poids citoyen à leur voix dans l’expression démocratique.
Cette mise en perspective bien plus démocratique, car prenant en compte ceux dont la voix est gommée par les techniques de calcul de pourcentage, nous donne une représentation plus juste en valeur absolue du poids réel de la représentativité quantitative de nos élus par rapport à la population en âge de voter, ou qui s’est inscrite au vote.

Les élections présidentielles et les chiffres …..

Elections présidentielles de 1995:
en âge de voter : 44 160 000
inscrits : 39 992 912
pourcentage de non-inscrits : 9,43%
votants : 31 345 794 soit 78,38 % des inscrits
abstention : 8 647 118 soit 21,62 % des inscrits
blanc ou nuls : 883 161 soit 2,20% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 9 530 279 soit 23,82% des inscrits

Premier tour
pour Jospin : 7 098 191 soit 17,74% des inscrits (16,07% en âge de voter)
pour Chirac : 6 348 696 soit 15,87% des inscrits (14,37% en âge de voter)
pour Le Pen : 4 571 138 soit 11,42% des inscrits (10,35% en âge de voter)
pour les autres partis

Second tour :
x pour Chirac : 15 763 027 soit 39,43% des inscrits (35,69%en âge de voter)
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 9 530 279 soit 25,09% des inscrits

Elections présidentielle de 2002 :
en âge de voter : 46 150 000
inscrits : 41 194 689
pourcentage de non-inscrits : 10,73%
votants : 29 495 733 soit 71,60 % des inscrits
abstention : 11 698 956 soit 28,40 % des inscrits
blancs ou nuls : 997 262 soit 2,42% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 11 798 218 soit 28,64% des inscrits

Premier tour :
pour Chirac : 5 665 855 soit 13,75 % des inscrits (12,27% en âge de voter)
pour Le Pen : 4 804 713 soit 11,66 % des inscrits (10,41% en âge de voter)
pour Jospin : 4 610 113 soit 11,19 % des inscrits (9,98% en âge de voter)
pour les autres partis

Second tour :
x pour Chirac : 25 537 956 soit 61,99 % des inscrits (55,33% âge de voter)
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 10 128 181 soit 24,58% des inscrits

Elections présidentielles de 2007 :
en âge de voter : 48 090 000
inscrits : 44 472 834
pourcentage de non-inscrits : 7,52%
votants : 37 254 242 donc 83,77 % des inscrits
abstention : 7 218 592 soit 16,23% des inscrits
blancs ou nuls : 534 846 soit 1,20% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 7 753 438 soit 17,43% des inscrits

Premier tour :
pour Sarkozy: 11 448 663 soit 25,74% des inscrits (23,80% en âge de voter)
pour Royal : 9 500 112 soit 21,36% des inscrits (19,75% en âge de voter)
pour Le Pen : 3 834 530 soit 8,62% des inscrits (7,97% en âge de voter)
pour les autres partis

Second tour :
x pour Sarkozy : 18 983 138 soit 42,68% des inscrits (39,47% en âge de voter)
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 8 699 155 soit 19,56% des inscrits

Elections présidentielles de 2012 :
en âge de voter : 49 430 000
inscrits : 46 028 542
pourcentage de non-inscrits : 6,88%
votants : 36 584 399 donc 79,48% des inscrits
abstention : 9 444 143 soit 20,52 % des inscrits
blancs ou nuls : 701 190 soit 1,52 % des inscrits
x non choix (abstention+blancs+nuls) : 10 145 333 soit 22,04 des inscrits

Premier tour :
pour Hollande 10 272 705 soit 22,31% des inscrits (20,78% en âge de voter)
pour Sarkozy : 9 753 629 soit 21,19 % des inscrits (18,73% en âge de voter)
pour Le Pen : 6 421 426 soit 13,95 % des inscrits (12,99% en âge de voter)
pour les autres partis

Second tour :
x pour Hollande : 18 000 668 soit 39,07% des inscrits (36,41% en âge de voter)
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 11 204 954 soit 24,32% des inscrits

Synthèses des chiffres des présidentielles :
On remarque dans un premier temps que le pourcentage de non inscrits sur la population de plus de 18 ans est en baisse régulière mais légère. Des jeunes qui arrivent à l’âge de s’inscrire et des décès moins nombreux chez les plus âgés avec l’allongement de la vie agissent aux deux bornes de la population. Ce pourcentage est descendu d’environ 11% en 1999 à environ 6,5% en 2014.
D’autre part, les inscrits « sans choix » (abstentionnistes, blancs ou nuls) représentent à une exeption près (17%) quasiment le quart de ceux qui se sont inscrits sur les listes et n’ont pas trouvé chaussure à leur pied.
On voit que le FN, par exemple, tourne toujours autour des 10% des français en âge de voter, avec un pic à 12,99% en 2012. Est-ce une vague bleue Marine ? Quand on sait que le vote FN est, en partie non négligeable, un vote de rejet des partis institutionnels qui pratiquent l’alternance depuis 1981, un vote de colère, de dépit et de découragement envers la confiance dans le monde politique, finalement, on réalise que le populisme n’a pas encore ancré ses racines dans l’inconscient collectif.

Autre aspect intéressant sur la démocratie représentative, c’est que les présidents élus au « suffrage universel », sont élus en fait avec une moyenne de 35% des citoyens en âge de voter (à part l’épisode Chirac/LePen avec 55,53% exceptionnellement). Ce qui veut dire qu’on nous fait croire que plus de la moitié des français ont choisi le candidat gagnant, mais ce n’est en fait qu’un « gros tiers’’ des citoyens en âge de voter, un peu plus si on ne compte que les inscrits, mais jamais cela n’a dépassé 42,68% des inscrits et donc loin de la moitié des citoyens inscrits, et encore moins des Français ou de Français en âge de voter.

Le meilleur score du FN, en résultat relatif aux français en âge de voter, est de 13% soit 14% en rapport au nombre d’inscrits. Même lors de l’épisode Chirac/LePen, où face à Chirac, son score a été de 13,41% des inscrits. Ses 5 525 032 voix ne représentaient que 11,97% des Français en âge de voter.

Donc, aux présidentielles, le FN, dont le nombre de voix remis en perspective avec le total des voix non inscrites, ou inscrites et non intégrées, ne représente que 10% à 12% d’une population qui n’adhère pas forcément à un programme que l’immense majorité n’a même pas lu, mais qui accroche, par sa colère, sa lassitude, sa peur de l’avenir, aux sons des sirènes populistes faciles à digérer et dont l’empaquetage est aguichant.

Il n’y a pas de danger FN lors des élections présidentielles au vu des chiffres mis en perspective.

Les élections Européennes et les chiffres :

Elections Européennes 1999 :
en âge de voter : 45 060 000
inscrits : 40 132 517
pourcentage de non-inscrits : 10,93%
votants : 18 766 155 soit 46,76% des inscrits
abstention : 21 366 362 soit 53,23% des inscrits
blancs ou nuls : 1 118 983 soit 2,78% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 22 485 345 soit 56,02% des inscrits

pour le PS : 3 874 231 soit 9,65% des inscrits (8,59% en âge de voter)
pour le RPR : 2 263 201 soit 5,64% des inscrits (5,2% en âge de voter)
pour le FN : 1 005 285 soit 2,50% des inscrits (2,23% en âge de voter)
pour les autres partis

Elections Européennes 2004 :
en âge de voter : 46 890 000
inscrits : 41 518 595
pourcentage de non-inscrits : 11,45%
votants : 17 752 603 soit 42,75% des inscrits
abstention : 23 765 992 soit 57,24 des inscrits
blancs ou nuls : 585 245 soit 3,30% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 24 351 237 soit 58,65% des inscrits

pour le PS : 4 960 756 soit 11,95 des inscrits (10,57% en âge de voter)
pour l’UMP : 2 856 368 soit 6,88% des inscrits (6,09% en âge de voter)
pour le FN : 1 684 947 soit 4,06% des inscrits (3,59% en âge de voter)
pour les autres partis

Elections Européennes 2009 :
en âge de voter : 48 710 000
inscrits : 44 282 823
pourcentage de non-inscrits : 9,08%
votants : 17 992 161 soit 40,63% des inscrits
abstention : 26 290 662 soit 59,37% des inscrits
blancs ou nuls : 773 547 soit 4,30% des inscrits
x non choix (abstention+blancs+nuls) : 27 064 209 soit 61,11% des inscrits

pour l’UMP : 4.799.908 soit 10,84% des inscrits (9,85% en âge de voter)
pour le PS : 2 838 160 soit 6,41% des inscrits (5,82% en âge de voter)
pour le FN : 1 091 691 soit 2,47% des inscrits (2,24% en âge de voter)
pour les autres partis

Elections Européennes 2014 :
en âge de voter : 49 850 000
inscrits : 46 555 253
pourcentage de non inscrits : 6,60%
votants : 19 753 140 soit 42,42% des inscrits
abstention : 26 802 113 soit 57,77% des inscrits
blancs ou nuls : 797 504 soit 1,71%% des inscrits
x non-choix (abstention+blancs+nuls) : 27 599 617 soit 59,28% des inscrits

pour le FN : 4 711 339 soit 10,11% des inscrits (9,45% en âge de voter)
pour l’UMP : 3 942 766 soit 8,46% des inscrits (7,90% en âge de voter)
pour le PS : 2 649 202 soit 5,69% des inscrits (5,31% en âge de voter)
pour les autres partis

L’analyse des résultats des européennes :

Première remarque qui saute aux yeux, le « non choix » a évolué d’à peine moins de 50% pour monter à 59,28% des inscrits sur les listes. C’est donc un vote qui ne concerne que moins de la moitié des français inscrits. Détail à ne pas oublier quand on analysera les pourcentages obtenus en vote « exprimés »

L’UMP, d’une part, qui perd 800 000 voix entre 2009 et 2014 alors que le PS n’en perdait que 200 000 est fier, à l’étonnement général, de se retrouver second bien qu’ayant perdu plus de voix que le PS.
Le FN, qui perd lui 1 710 087 voix par rapport aux présidentielles de 2012, ne représente plus que 9,45% des citoyens en âge de voter, ou 10,11% des inscrits sur les listes électorales.
Le grand vainqueur de ces élections, c’est l’électeur qui n’a pas choisi de candidat, soit parce qu’il n’est pas inscrit sur les listes, soit parce qu’il s’est abstenu, soit parce qu’il a voté blanc ou nul.

En clair :
- 59,28% des inscrits sur les listes ne se sont pas prononcés.
- 6,60% de citoyens n’ont même pas fait le geste de s’inscrire sur ces listes.
- 30 894 364, soit 62% des citoyens en âge de voter, ont refusés de participer à cette démocratie représentative qui ne les représente plus.

Que penser alors de la joie de Le Pen qui exhibe ses « 25% des Français qui la soutiennent » alors qu’ils ne sont en réalité que 9,45% dans le panel des Français qui pourraient voter, ou 10,11% des citoyens inscrits sur les listes ?
En fait, 89,89% des français inscrits sur les listes, n’ont pas voté pour Le Pen.
Où est la victoire ? Où est le raz de marée ? Où est le tsunami ?

Tous ces superlatifs qui ont couvert la « victoire » du FN sur tous les médias de France et Navarre ….
Les regards de chiens battus des « journalistes » télévisés, employant à qui mieux mieux les superlatifs de séries catastrophes pour annoncer la « nouvelle », éditions spéciales tournant en boucle sur des titres de fin du monde de la démocratie….

Les doléances, les larmes aux yeux des politiques « choqués », « assommés » , « abasourdis »…. Manuel Valls, les yeux exhorbités, employant un ton d’éloge funèbre pour annoncer l’horreur…

Mais quelle est cette tentative de manipulation ? Veulent-ils se dédouaner, faire porter leur échec aux électeurs inconscients ?
Ils ont tous surjoué, face aux caméras, des prestations d’acteurs pathétiques et pitoyables de menterie et de mauvaise foi …. Enfin, il faut l’espérer, car s’ils sont persuadés de ce qu’ils avancent, on ne s’étonnera plus guère d’être dans cette galère.

A vous de jouer… :
Voilà donc, vous disposez des sources officielles en lien sous l’article, des résultats officiels, des calculs, d’une analyse que vous pouvez compléter. A vous de diffuser l’information afin de démasquer l’imposture explicite de médias et des politiques pour manipuler de futures élections en brandissant un « péril rouge-brun » qu’ils espèrent utiliser pour que les votes se reportent encore et toujours sur les deux formations qui phagocytent le pouvoir en pratiquant la même politique libérale au service des banques et des multinationales.

La réalité qui s’impose par les chiffres bruts est que la majorité des Français (62% à la dernière élection) en âge de voter ne croit plus en la démocratie représentative de la Ve République. Le vrai courage politique serait de proposer un autre logiciel de gouvernance, de changer de paradigme afin que la démocratie puisse enfin exprimer ce que désire vraiment le peuple Français.

Sources :
Démagocratie http://www.demagocratie.fr/index.php/politique/la-verite-si-je-mens-analyse-electorale.html
Elections Européennes http://www.france-politique.fr/elections-europeennes.htm
Elections Présidentielles http://www.france-politique.fr/elections-presidentielles.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Élection_présidentielle_française_de_XXXX (changer XXXX par l’année)
Population http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/donnees-detaillees/bilan-demo/pyramide/pyramide.htm