Accueil DEMAGOCRATIE Bonnet bleu et bonnet rose…

Bonnet bleu et bonnet rose…

Hollande  nous avait prévenu : finis les cumulards, finies les rémunérations  gargantuesques pour les entreprises dont l’Etat est actionnaire, place à  la transparence et à l’exemplarité.
Oui,  ministres, secrétaires d’Etat et autres hauts fonctionnaires devront  faire preuve d’exemplarité, avoir un parcours sans tâche, et participer à  l’effort collectif de serrage de ceinture en ces temps de crises. En  est pour preuve la baisse des salaires des ministres de 30%.
Oui,  fini les abus, finie l’injustice, la finance n’a qu’à bien se tenir,  les dirigeants d’entreprises n’ont pas intérêt à brutaliser leurs  employés, on va voir ce qu’on va voir !
Le message est-il passé ? l’application à la lettre est-elle respectée ?
Le petit manuel du contournement de Valls :
Monsieur  le ministre Valls, comme convenu, a abandonné son poste de maire  d’Evry. Ministère oblige…Il reste juste cependant conseiller municipal  délégué de sa ville. Ne mégotons pas, ce poste secondaire ne représente  pas une entorse au non cumul de mandat tant exigé par notre nouveau  président normal.
Dans  un bel élan de solidarité, l’ex-équipe de l’ex-maire a voté malgrè tout  un émoluement à notre ministre : 1700€/mensuels. Cela représente 57% de  l’indemnité versée pour le poste de maire. Cependant, le nouveau  ministre de l’intérieur pourra-t-il mériter cette indemnité par sa  participation régulière et effective aux conseils municipaux d’Evry ? Le  premier adjoint, qui lui est présent et actif sur le terrain se voit  verser la même somme. On voit mal comment Monsieur Valls pourra, au  regard des fonctions qui sont les siennes et du temps qu’il doit leur  consacrer, justifier sur le terrain et dans la ville ces versements.  D’autant qu’il n’est pas premier adjoint mais seulement conseiller  municipal délégué…
De  plus, les 15 autres adjoints présents tous les jours sur Evry ne  perçoivent que 36% de l’indemnité du maire. Quant aux 25 conseillers  municipaux, qui sont pratiquement tous les jours dans leurs permanences,  actifs dans les réunions, au contact des citoyens, ils ne perçoivent  qu’entre 4% à 23,5% de l’indemnité octroyée au maire.
Sans  doute, en ces temps de crise, le salaire à hauteur de 9940€/mensuel au  titre de son ministère, ne lui permet pas de joindre les deux bouts.
 
Qu’il est Doux de respecter ses employés :
Monsieur  Doux, grand producteur de poulets bas de gamme, a coulé son entreprise  pour ne pas en perdre le contrôle. 800 éleveurs-smicards, 4000 emplois  directs et des dizaines de milliers d’emplois indirects jetés aux  horties. Cet industriel, qui paye plus de 80% de ses employés au smic,  ceux des abattoirs et usines du groupe, qui est le plus gros  bénéficiaire des subventions de la PAC (1 milliard € depuis 1995), qui a  refusé l’aide proposée par les pouvoirs publics au travers d’une  injection de capitaux de la part de la banque Barclay, met Montebourg  devant le fait accompli.
Monsieur  Doux, 146ème fortune de France, n’est pas dans le besoin. Sa  déconfiture est le résultat d’une gestion calamiteuse de délocalisation  au Brésil qui a mal tourné : 430 millions € de dettes qui plombent le  groupe. Pour ne pas perdre le contrôle de son groupe résultant de la  prise de parts de la Banque Barcley suite à sa mise de capitaux qui le  sauverait pourtant, il préfère laisser tout son monde sur la paille,  avec toutes les dettes contractées par des investissements faits pour  s’installer.
Que  fait l’exemplaire gouvernement socialiste pour mettre fin à cet  incroyable mépris, pour mettre la main sur cette entreprise mal gérée,  pour exiger le remboursement des subventions européennes, ou pour  obliger monsieur Doux à collaborer avec la banque Barclay, quitte à  perdre sa main-mise royale sur cet entreprise. Ce qui permettrait sans  doute d’améliorer la qualité de vie des poulets, des consommateurs, et  des travailleurs qu’il employait.
 
Proglio est bien au courant :
Dans  le cadre de la réforme des rémunérations des dirigeants d’entreprises  publiques, Ayrault a bien précisé que les mesures seront prises de  suite, et non au renouvellement des mandats.
Ce  dont M Proglio, patron d’EDF, a pris bonne note. En effet, afin  d’éviter le sort des chefs de la police aux ordres de sarkozy et  vivement remerciés, il a fait savoir qu’il accepterait de voir baisser  son salaire jusqu’à la barre des 20 fois le salaire minimum à EDF.
Mais  cette baisse de 69% de ses revenus, ne le laissant pas de marbre, il  envisage d’arrondir ses fins de mois par une multiplication de présences  au sein de divers conseils d’administration. Le 4 juin dernier, il est  ainsi devenu président d’Edison, groupe d’énergie italien, contrôlé par  EDF depuis peu.
Les  jetons de présence à ces divers conseils d’administration compenseront  sans doute une partie de cette perte de revenu en temps de crise.
Travailler plus pour gagner plus, il ne l’a pas oublié.
 
C’est pas Graff, je suis à la retraite :
Le  président des aéroports de Paris, Pierre Graff, va aussi être touché  par cette mesure restrictive sur les salaires des chefs d’entreprises  publiques. Il devra déduire 330 000 € des ses 736 000 € de salaire sur  2011, au titre de cette nouvelle mesure.
Cependant,  un peu avant l’élection présidentielle, à l’annonce de cette possible  mesure en cas de victoire de la gauche, il a tout prévu…
Il a en effet fait valoir ses droits à la retraite pour sa carrière d’inspecteur général des Eaux et Forêts, à compter d’Avril.
Toucher  une grosse retraite en sus d’un salaire non négligeable, c’est un gage  de solidarité explicite à tout le peuple, face à un gouvernement  intraitable quand aux inégalités sociales et aux dérives du capitalisme.
 
Des morts qui votent dans le Nord ? :
En  matière de transparence et d’exemplarité, le PS fait fort : Carvin,  dans le Pas de Calais, est le théâtre d’une lutte fratricide entre trois  élus PS pour la course à la députation.
Outre  qu’aux dernières législatives, une coalition PS-UMP a dézingué la  candidate communiste, aujourd’hui, ce fief socialiste a adopté des  méthodes dignes des pires autocraties.
En  lice, Kemel maire de Carvin face au sortant Facon, et Corbizet, dans un  scrutin interne au parti pour désigner le futur représentant du PS aux  législatives.
Quelques  jours avant ce scrutin, dans la ville de Kemel, le nombre d’adhérents  du PS a brutalement bondi. Il est passé de 140 à 293. Dans ce subit  stock d’adhérents, figuraient des doublons, des militants de villes  voisines, des militants appartenant à la droite, et étrangement des  militants communistes, qui n’étaient pas au courant de leur brutal  changement de courant politique. Et bien sûr, des défunts, qu’on avait  sans doute inscrits sans leur accord.
Cerise  sur le gâteau, le vote s’est déroulé sans isoloir, sans enveloppe  garantissant l’anonymat du choix du candidat, et les bulletins étaient  déposés tels quels sur une table, sous le regard scrutateur de Kemel.
Victorieux  à 65 voix près, ce proche de Aubry bat donc le pro-Hollande dans des  conditions qui amusent les militants du Front de Gauche et du Front  National.
On  attend toujours la réaction en exemplarité des instances dirigeantes du  parti face à cette mascarade, à défaut d’en avoir du gouvernement qui devrait mettre ses promesses en pratique.
 
Du haut de ces pyramides,  Delanoë vous contemple :
Un projet pharaonique sur Paris va coûter cher aux contribuables : la tour Triangle.
Connaissant  le goût immodéré de Delanoë pour les constuctions modernes, le groupe  Unibail-Rodamco a proposé au maire de construire un immeuble de bureaux,  par l’intermédiaire de son négociateur Poitrinal.
180  mètres de hauteur, en forme de triangle, ce projet voit le jour en  septembre 2008. Mais le terrain de 190 000m² qui doit accueillir  l’immeuble appartient à la ville de Paris, et il faut donc expertiser  son coût de location. Deux cabinets d’expertise, Atisreal (BNP) et Vif  Expertise donnent cependant des loyers très différents. Le premier  chiffre le loyer annuel entre 9 et 13 millions d’€, le second lui le  voit plutôt entre 3 à 6 millions d’€.
Mais  Unibail trouve la note trop salée, et la mairie de Paris demande une  troisième expertise en 2010 à Vif Expertise, dont l’évalutation est plus  favorable à Unibail. Après bidouillages, le loyer est revu à la baisse,  et se situe autour de 2,2 millions d’€.
En  2011, Poitrinal signe le contrat sur la base de ces derniers chiffres,  avec une clause très juteuse. La part variable de la location ne sera  versée que si Unibail réussit à louer tous les bureaux, à bon prix, sans  jamais dépasser 6,3 millions d’€, avec un plafond indexé pendant 80 ans  que sur la moitié de la hausse des prix. En clair, en cas d’inflation,  la mairie perdra une bonne partie de son loyer…
Ne  confions pas de responsabilités politiques à ce curieux maire qui confond folie des grandeurs avec l’argent du contribuable, cadeaux au  privé au lieu du bien public, et s’assied sur le bien commun du moment  que ce n’est pas lui qui paye : on ne lui confiera pas le ministère du  budget sans inquiétude, face au silence assourdissant du parti et du  gouvernement.
 
Chien de garde pour niches fiscales :
Il  paraît que le gouvernement va lutter contre les niches fiscales. Enfin,  c’est ce qu’il a promis. Il devrait raboter, aplanir, pour instaurer de  la justice sociale dans le système des impôts.
A  ce titre, il s’apprête à doubler le plafond du livret A de 15 000€ à 30  000€. Officiellement, cette mesure servirait à doper la construction de  logements sociaux, c’est du moins l’argument de Duflot. Mais deux  problèmes se posent.
Le premier, c’est le coût d’une telle mesure. Le montant de l’intérêt à 2,25%, qui risque en plus d’être réévalué, est exonéré d’impôts. Coût annuel d’une telle mesure, 150 millions d’€ pour les finances publiques. Mais les sommes qui sont allouées au logement social, aujourd’hui, représentent 200 milliards d’€, et ne couvrent que 70% des sommes inscrites au titre du livret A.
Cette réévaluation du plafond n’apportera rien de plus en terme de financement, qui a encore de la marge au vu des dépôts utilisables.  Ce qui manque, ce sont les terrains, et la bonne mesure aurait été de libérer de suite des terrains publics, ou de racheter des terrains privés.
Le second problème, se situe au niveau des populations touchées par cette mesure. Seuls 8,5% des bénéficiaires de livret A ont atteint le seuil de remplissage. Cela représente donc une centaine de milliards d’€, la moitié des sommes épargnées. Ces contribuables, dont les capitaux sont placés dans des banques ou assurances à un taux voisin de 2% imposable, vont donc combler le trou de leur livret A dont le taux de rendement est plus intéressant, et non imposable pour sa part. Ce qui représente une opération d’optimisation fiscale pour les contribuables qui ont les moyens de placer plus de 15 000€, jusqu’à 30 000€, et représentent une portion plutôt aisée de la population.On attend une vingtaine de milliards d’€ de transferts, d’où un manque à gagner pour l’État d’environ 150 millions d’€.
Ces fonds seront perdus pour le financement des entreprises, pour le rachat de la dette de l’Etat, soit en tout une dizaine de milliards d’€.
Choix politique clairvoyant ? réflexion profonde sur le bien fondé d’ajustements qui tiennent plus d’enfumage électoraux que de mesures réelles pour rétablir plus de justice sociale, accroître l’habitat social, et relancer le crédit aux entreprises…
 
Andrieux,  la reine de Marseille :
Madame Andrieux, députée sortante de Marseille, risque fort de conserver son mandat : elle se présente sous les couleurs officielles du PS, en tout cas, c’est ce que montrent ses tracts et affiches.
Pourtant, derrière cette candidature, se cache une affaire relevant des tribunaux, et ce depuis quelques années…
Cette députée, fille de Antoine Andrieux, ancien député de Marseille, à l’époque patron des taxis marseillais et grand copain de Gaston Defferre, traîne depuis 2009 (révélations du Canard Enchaîné cette année là) une jolie batterie de casseroles accrochées à son jogging  blanc.
Le 30 Mai dernier elle a été renvoyée en correctionnelle et dans la foulée, le PS lui a retiré, trop tard le  31 mai, son investiture à la députation. Elle l’avait reçu de la part de Martine Aubry, en octobre 2011, alors que le parlement lui avait retiré son immunité parlementaire en mars 2010. En juillet 2010, elle était mise en examen par le juge Landou pour « complicité de tentative d’escroquerie et complicité de détournement de fonds publics ». En fevrier 2012, le procureur de la république déclarait que Mme Andrieux « était intervenue très concrètement » pour attribuer 700 000 € à des associations fantômes, dans le but d’une « fidélisation de l’électorat » et dans un processus « d’intérêts politiques » entre 2005 et 2007.
Comme justification, les 3 et 4 juin, Madame Aubry se justifiait dans « le Monde », en expliquant qu’au PS « nous sanctionnons lorsque les faits sont graves et avérés »…
Depuis 2009, date de sortie de l’affaire, puis en 2010, date de la première mise en examen, puis en  fevrier et mai 2012, dates des déclarations officielles et renvois en correctionnelle, les faits n’étaient ni graves et avérés ? C’est que Mme Andrieux appartient à un système clanique politique clientéliste, installé depuis très longtemps dans les moeurs de la région, et sa politique populiste auprès des électeurs permet de cacher ses malversations financières. Ces activités ne pouvaient pas ne pas être connues par les instances du parti !
Une ère exemplaire, promise par le nouveau président est-elle vraiment en train de voir le jour, ou reste-t-on dans la même mascarade politique de clan, de caste et d’intérêts privés au détriment des fonds publics ?
 
 
Epilogue :
Voilà, le quinquennat vient juste de commencer, et déjà la déception est grande. Des mesurettes, du camouflage en attendant les législatives. Rien de fondamental, aucun signe fort en direction des grandes entreprises, pour leur signifier que la gauche est au pouvoir, que ça va changer.
Rien en direction du peuple, pas de mesures fortes, la retraite, les salaires, la protection sociale…on ne touche à rien, on va calfeutrer, plâtrer, raccommoder.
Pas de mesures, même symboliques, en direction du monde de la finance, des banques, pour les prévenir que le gavage, la gabegie vont prendre fin.
On retrouve les mêmes pathétiques combats pour des postes, des sièges, des responsabilités…le pouvoir. Les mêmes malversations, manipulations politiques, se reproduisent, les responsables politiques mis en cause dans des affaires dans la région PACA, dans le Pas de Calais sont toujours éligibles, membres du PS.
Attendez, attendez, Grèce, Espagne, Italie, Portugal…la rue gronde…