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Faim au Sahel: pourquoi rien ne change

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Crédit photo: Cédric G sous licence CC

Le Sahel s’apprête à vivre, une nouvelle fois, une grave crise alimentaire. Pourquoi cette région est-elle si souvent victime de la faim? Réponse en quatre points.

Après les crises alimentaires de 2005, de 2008 et de 2010, faudra-t-il bientôt placer 2012 dans la liste des années noires pour les habitants du Sahel? Selon les Nations Unies, 23 millions d’entre eux pourraient souffrir de la faim dans les semaines à venir, si la communauté internationale n’intervient pas très vite.

Les ONG avaient pourtant lancé l’alerte dès le mois d’octobre. En vain. Et pourtant, on le sait, la région du Sahel est particulièrement fragile. Même en temps « normal », 300.000 enfants succombent des maladies liées à la malnutrition, selon l’Unicef. L’insécurité alimentaire est chronique et il suffit d’un rien pour que la zone replonge dans la crise.

Pourquoi cette région, qui comprend le Burkina Faso, le Mali, le Tchad, la Mauritanie, le Sénégal et le Niger, est-elle si souvent victime de la faim? Explications.

Un climat de moins en moins prévisible

Sécheresse, inondation, sécheresse, inondation… Le Sahel est en proie à des phénomènes climatiques extrêmes, imprévisibles, ce qui pourrait empirer à l’avenir en raison du changement climatique.

Cette année, le manque de pluie a entraîné de mauvaises récoltes. Les prix des denrées alimentaires ont flambé: ils sont de 25% à 50% plus élevés que ces cinq dernières années. Un phénomène aggravé par les spéculateurs qui, très tôt, ont acheté les récoltes en masse, afin de les revendre quelques semaines plus tard au prix fort.

Ce schéma se répète à chaque fois que les récoltes s’annoncent décevantes. Le moindre élément perturbateur peut donc, très rapidement, prendre des proportions démesurées pour les populations.

Des conflits compliquent l’approvisionnement

La zone est régulièrement en proie à des conflits armés qui déstabilisent l’approvisionnement de la nourriture. Cette année, l’insécurité vient surtout du nord du Mali, depuis le coup d’Etat des touaregs.

Les ONG ne peuvent plus acheminer l’aide alimentaire comme elles le souhaitent. Plus de 200.000 personnes ont été déplacées à cause de ce conflit et accentuent la pression sur les pays où elles se réfugient. Ce qui rend encore plus difficile l’organisation des travailleurs humanitaires.

Enfin, les conflits en Libye et en Côte-d’Ivoire ont fait revenir dans le Sahel de nombreux migrants, qui représentaient pour leurs familles une précieuse rentrée d’argent. Depuis, ils sont une bouche supplémentaire à nourrir.

Surpopulation + Surendettement = sous-alimentation

Si les habitants du Sahel sont aussi difficiles à nourrir, c’est qu’ils sont chaque année de plus en plus nombreux. La croissance démographique de la région est une des plus élevées au monde et sa population double tous les 25 ans. Ce qui n’est pas le cas des récoltes…

De plus, le surendettement touche de nombreux habitants, et les agriculteurs, qui disposent de nourriture, sont obligés de la vendre pour rembourser leurs dettes.

La communauté internationale traîne des pieds

Oxfam, Save the children, Action contre la faim et World Vision ont beau alerter les grands donateurs depuis six mois sur la crise à venir, elles n’ont réussi à récolter que 52 millions de dollars, sur les 250 millions nécessaires pour venir en aide au Sahel. La situation se répète à chaque fois: la communauté internationale ne se décide à donner qu’une fois que la crise est bel et bien là. Mais il est généralement trop tard pour agir efficacement, et l’aide apportée est la plupart du temps insuffisante.

Mais surtout, les crises à répétition qui touchent le Sahel ne prendront fin qu’en s’attaquant aux causes structurelles du problème. Or, la communauté internationale ne vient en aide à la région qu’en cas de crise grave. Les programmes de développement à long terme sont insuffisants, et peu d’efforts sont faits pour intégrer les risques et prévenir les crises. Ce débat fait rage dans le milieu de l’aide humanitaire.

Les autorités ferment les yeux

Les gouvernements des pays du Sahel manquent aussi d’ambition –et de moyens– pour faire évoluer les choses. Beaucoup refusent d’admettre les situations de crise, et il n’existe quasiment pas de politique agricole et alimentaire, encore moins de protection sociale, pour pallier les besoins lors des périodes de crises.

S’il semble difficile de croire aujourd’hui que le Sahel échappera à la crise qui s’annonce, on est tout de même en droit d’espérer que 2012 marquera la fin de la série noire. ONG, gouvernements et communauté internationale réfléchissent déjà à changer la donne, et ces questions seront au cœur du débat lors du sommet Rio+20, qui ouvrira ses portes le mois prochain.

Ecrit par  sur youphil.com

[information]Crédit photo: Cédric G sous licence CC
Crédit carte: Felix Koenig sous licence GNU
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